Wikisource:Extraits/2021/3

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Hans Christian Andersen, Les Fleurs de la petite Ida dans Contes d’Andersen

1835

Traduction David Soldi 1856


LES FLEURS DE LA PETITE IDA.


« Mes pauvres fleurs sont toutes mortes, dit la petite Ida. Hier soir elles étaient encore si belles ! et maintenant toutes leurs feuilles pendent desséchées. D’où cela vient-il ? » demanda-t-elle à l’étudiant qui était assis sur le canapé et qu’elle aimait beaucoup.

Il savait raconter les histoires les plus jolies, et découper des images si amusantes, des cœurs avec de petites femmes qui dansaient, des fleurs et de grands châteaux dont on pouvait ouvrir la porte. Oh ! c’était un joyeux étudiant.

« Pourquoi mes fleurs ont-elles aujourd’hui une mine si triste ? demanda-t-elle une seconde fois en lui montrant un bouquet tout desséché.

— Je vais te dire ce qu’elles ont, dit l’étudiant. Tes fleurs ont été cette nuit au bal, et voilà pourquoi leurs têtes sont ainsi penchées.

— Cependant les fleurs ne savent pas danser, dit la petite Ida.

— Si vraiment, répondit l’étudiant. Lorsqu’il fait noir et que nous dormons nous autres, elles sautent et s’en donnent à cœur joie, presque toutes les nuits.

— Et les enfants ne peuvent-ils pas aller à leur bal ?

— Si, répondit l’étudiant ; les enfants du jardin, les petites marguerites et les petits muguets.

— Où dansent-elles, les belles fleurs ? demanda la petite Ida.

— N’es-tu jamais sortie de la ville, du côté du grand château où le roi fait sa résidence l’été, et où il y a un jardin magnifique rempli de fleurs ? Tu as bien vu les cygnes qui nagent vers toi, quand tu leur donnes des miettes de pain ? Crois-moi, c’est là que se donnent les grands bals.

— Mais je suis allée hier avec maman au jardin, répliqua la jeune fille ; il n’y avait plus de feuilles aux arbres, et pas une seule fleur. Où sont-elles donc ? J’en ai tant vu pendant l’été !

— Elles sont dans l’intérieur du château, dit l’étudiant. Dès que le roi et les courtisans retournent à la ville, les fleurs quittent promptement le jardin, entrent dans le château et mènent joyeuse vie. Oh ! si tu voyais cela ! Les deux plus belles roses s’asseyent sur le trône, et elles sont roi et reine. Les crêtes-de-coq écarlates se rangent des deux côtés et s’inclinent : ce sont les officiers de la maison royale. Ensuite viennent les