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Wikisource:Extraits/2024/28

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Iwan Gilkin, Le Preneur de rats tiré de La Nuit. 1897


Écoutez la flûte d’ivoire !
C’est un murmure, c’est la voix
De la source où l’oiseau vient boire
Parmi les fleurs, au fond des bois.

Ce sont les brises amoureuses
Dans la beauté des clairs jardins,
Caressant les roses heureuses
D’un souffle de baisers lointains.

Dans l’air bleu des colombes blanches,
Sur les lys des papillons d’or !
Dans l’herbe et sur les hautes branches
Des fleurs, des fleurs, des fleurs encor !

C’est la chanson de la jeunesse
Et de son beau rire vermeil
Et de son éternelle ivresse
D’amour, de joie et de soleil.

Aux sons divins, les jeunes hommes
Redeviennent pareils aux dieux ;
Leur joue a la fraîcheur des pommes,
Leurs yeux, la lumière des cieux.

Leur front rayonne de génie,
Leur cœur se gonfle de bonté
Et dans une mâle harmonie
Croissent leur force et leur beauté.

Et les vierges au clair sourire
Tendent vers eux leurs bras charmants,
Quand leur gorge où l’amour respire
Frémit sous leurs longs vêtements.

Ainsi, la puissante musique
Dans la chair coule avec le sang
Et telle qu’un vin héroïque
Exalte un peuple renaissant.

Cité, qui me devras ta gloire,
Honore-moi ! Couronne-moi !
Tu seras reine dans l’Histoire
Si tu prends mon verbe pour roi !