Hymnes orphiques (traduction Leconte de Lisle)
Entends-moi, ô vénérable Déesse, Daimôn aux mille
noms, qui viens en aide aux douleurs de l’enfantement,
qui te plais aux unions nuptiales, protectrice des femmes,
qui aimes les enfants, douce et agréable, qui veilles aux
accouchements, Prothyraia ! toujours présente aux
hommes, gardienne des portes, amie des nourrissons,
qui habites les demeures de tous et te réjouis des festins.
Invisible, tu dénoues les ceintures de celles qui accouchent,
tu viens en aide aux douleurs de l’enfantement et
tu es joyeuse de la fécondité. Eileithyia ! qui facilites le
travail douloureux, c’est toi seule, ô repos de l’âme, qu’invoquent celles qui accouchent, quand leurs souffrances
sont intolérables. Artémis Eileithyia, vénérable
Prothyraia, entends-moi, Bienheureuse ! Donne-moi des
enfants et conserve-les, puisque tu es la conservatrice de
tous.
Je célébrerai par mes chants Nyx, génératrice des Dieux et des hommes, Nyx, source de toutes choses, celle que nous nommons Kypris.
Entends-moi, Déesse bienheureuse, qui as une noire splendeur, brillante d’astres, qui te réjouis du repos et du profond sommeil, joyeuse, charmante, qui aimes les longues veilles, mère des songes, oubli des peines, propice, qui reposes des travaux, inspiratrice des hymnes, amie de tous, traînée par des chevaux, qui luis dans l’obscurité, à moitié accomplie, terrestre et ouranienne tour à tour, qui circules et te joues, glissant par les fuites de l’air, qui chasses la lumière vers Aidès ou retournes vers lui, car la lourde nécessité dompte toutes choses !
Maintenant, Bienheureuse Nyx, très-riche et désirable
pour tous, sois présente et entends la voix suppliante de
ceux qui te prient ! Viens, pleine de bienveillance, et
dissipe les terreurs en luisant dans les ténèbres.
parfum d’ouranos
Ouranos, générateur de toutes choses, partie toujours
infatigable du Kosmos, antique source et fin de tout, ô
Père universel, qui fais rouler la terre en cercle, demeure
des Dieux heureux, qui marches dans les vertiges d’un
tourbillon, ouranien et terrestre, qui enveloppes et gardes
tout, qui contiens dans ta poitrine l’inéluctable nécessité
de ce qui est, bleu, indompté, changeant, de forme variée,
voyant tout, père de Kronos, bienheureux et très-puissant
Daimôn, entends-moi, et donne une pieuse vie au
Néophante qui sert les mystères.
parfum de l’aithèe
Ô toi qui possèdes la haute demeure de Zeus, partie infatigable
et dominatrice de Hèlios et de Sélènaiè, dompteur
de toutes choses, qui respires le feu, flambeau de tous les vivants, qui règnes dans-les hauteurs, Aithèr ! ô
le meilleur élément du Kosmos, ô fleur illustre, qui portes
la lumière et donnes la splendeur aux astres, je t’invoque
et te supplie d’être doux et tempéré.
parfum de prôtogonos
J’invoque Prôtogonos aux deux sexes, grand, qui
vagabonde dans l’Aithèr, sorti de l’Œuf, aux ailes d’or,
ayant le mugissement du taureau, source des Bienheureux
et des hommes mortels, mémorable, aux nombreuses
orgies, inénarrable, caché, sonore, qui chassa de tous les
yeux la noire nuée primitive, qui vole par le Kosmos sur
des ailes propices, qui amène la brillante lumière, et que,
pour cela, je nomme Phanès.
Bienheureux, très-sage, aux diverses semences, descends,
joyeux, vers les sacrifices des Orgiophantes !
parfum des astres
J’invoque d’abord la lumière sacrée des Astres Ouraniens, appelant par de saintes paroles les Daimôns conducteurs.
Astres Ouraniens, chère race de la noire Nyx, qui
tourbillonnez autour de son trône, resplendissants,
semblables au feu, qui engendrez tout ce qui est soumis
aux Moires, Révélteurs de toutes les destinées, qui montrez
la voie divine aux hommes mortels, qui avez sept
rayons, qui éclairez toutes les zones, qui errez dans l’air
et courez dans le feu, ouraniens et terrestres, illuminant
toujours le noir péplos de Nyx, revêtus de splendeurs,
aimables et nocturnes, venez ! venez aux mystères sacrés,
et donnez un heureux cours aux illustres sacrifices.
parfum de hèlios
Entends-moi, Bienheureux, qui vois éternellement
toutes choses, Titan resplendissant d’or, Hypériôn, lumière ouranienne, force naturelle, miroir infatigable
et doux des vivants, à droite engendrant le matin, et, à
gauche, la nuit ; modérateur des temps, qui conduis
quatre chevaux aux pieds sonores, qui te précipites, strident,
en feu, avec une face claire, et qui fais ta route
dans les tourbillons d’un mouvement sans fin ! Conducteur
des hommes pieux dans la bonne voie, ennemi des
impies, qui portes une lyre d’or, qui diriges le cours harmonieux
du Kosmos, maître des ouvrages excellents, qui
mènes le Kosmos, joueur de syrinx, qui cours dans le feu,
qui roules en cercle, Porte-lumière éclairant les choses
changeantes, qui apportes la vie, ardent et pur, terme du
temps, immortel, tranquille, partout visible, lumière
circulaire du Kosmos, qui étincelles de beaux rayons,
instituteur de justice, aimant les fontaines, maître du
Kosmos, gardien de la foi jurée, le plus puissant des protecteurs,
œil de justice, lumière de la vie, traîné par des
chevaux, et qui pousses ton quadrige avec le fouet sifflant,
entends les paroles qui t’implorent, et donne une
vie pieuse et douce à ceux qui sont initiés aux mystères.
parfum de sélènè
Entends-moi, Déesse, Reine, qui apportes la lumière,
divine Sélènè ! Sélènè, qui as les cornes du taureau, nocturne, qui marches dans l’air, vierge qui portes des torches,
environnée d’étoiles, qui augmentes et diminues, mâle et
femelle, brillante, aimant les chevaux, mère du temps,
qui produis les fruits, resplendissante, pleine de tristesse,
illuminatrice nocturne, qui vois tout, qui aimes les veilles,
fleurie de beaux astres, qui te réjouis du repos et de la
joie, enflammée, aimable, productrice, droite, au long
péplos, marchant en cercle, vierge sage, viens, Bienheureuse,
splendide, rayonnante, protége tes suppliants
dans les sacrifices.
parfum de la nature
Nature, Reine mère de toutes choses, mère inépuisable,
vénérable, créatrice, Daimôn reine, qui domptes
tout, invincible, resplendissante, qui diriges tout, honorée,
très-puissante, incorruptible, née la première, antique,
féconde en héros, nocturne, qui détruis tout, qui apportes
la lumière, qui contiens tout avec force et qui marches
en ne laissant qu’une trace légère, reine chaste des
Dieux, fin qui n’as point de fin ! commune à tous, mais
seule incommunicable ! née de toi-même, te réjouissant
de ta vertu suprême, florissante, machinatrice, mêlée à
tout et sachant tout ! maîtresse puissante, donnant la vie,
vierge qui nourris tout, juste, persuasive, aithéréenne,
terrestre et marine, amère aux mauvais, douce aux hommes pieux, très-sage, dispensatrice, nourricière,
Reine universelle ! Bienheureuse, qui fais croître et qui
dissous, père et mère de toutes choses, qui engendres
spontanément, qui abondes en semence, qui mûris, Ouvrière
universelle, vénérable Daimôn, éternelle, qui
meus tout, aux mille formes, prudente, roulant dans un
tourbillon sans fin, conservatrice, qui t’entretiens par
d’éternelles transformations, assise sur un thrône, rendant
la justice, excellente dominatrice des Porte-sceptres, intrépide, toute-puissante, destinée inévitable, qui
respires le feu, Vie éternelle, immortelle providence, à qui
tout appartient, et qui, seule, fais toutes choses ! je te
supplie, ô Déesse, toi et les Saisons heureuses, de me
donner la paix, la santé, et de tout accroître !
parfum de pan
J’invoque le robuste Pan, substance du Kosmos, de
l’Ouranos, de la mer, de la terre reine de toutes choses
et de la flamme immortelle, car ce sont les membres de
Pan. Viens, Bienheureux, vagabond, circulaire, ayant pour
thrône les Saisons, aux pieds de chèvre, qui es frénétique,
qui aimes à jouer, conducteur des astres, dirigeant
l’harmonie du Kosmos, et qui te plais au chant ! Effroi
des vivants, maître des visions, qui te réjouis des pasteurs de chèvres, des bouviers et des fontaines, chasseur, ami
du son et des Nymphes, générateur de toutes choses,
Créateur universel, Daimôn aux mille noms, qui règles le
Kosmos, qui apportes la lumière, qui aimes les antres, qui te
souviens des injures, vrai Zeus cornu ! c’est sur toi que reposent
et la surface de la terre immense et l’onde de la mer
infatigable et Okéanos qui roule ses flots autour de la terre,
et une partie de l’air et l’éclat du feu très-subtil, ô toi qui
fomentes la vie ! Tous ces éléments divins te sont soumis
et tu changes selon ta volonté la nature des choses, et tu
conduis la race des hommes par l’immense Kosmos. Ô
bienheureux Orgiaste, descends sur ces libations sacrées
et donne une heureuse fin à ma vie, en éloignant des limites
de la terre l’épouvante Panique.
parfum de hèraklès
Hèraklès, qui as un cœur inébranlable, robuste, aux
mains vigoureuses, ô Titan, indompté, florissant dans les
combats terribles, aux formes changeantes, père du temps,
éternel, vénérable, ineffable, farouche, désirable, tout-puissant,
magnanime et divinateur, qui dévores et crées
toutes choses, suprême allié des hommes, qui poursuis
les races sauvages et nourris la jeunesse illustre, né de toi-même, infatigable, excellent germe de la terre, resplendissant
des flammes primitives, qui soutiens le matin
et la noire nuit, qui as accompli douze travaux, de ta naissance
à ta mort, puissant contre les Immortels, grand et
invaincu, viens, Bienheureux ! Apporte tous les remèdes
des maladies, chasse les maux cruels en agitant un rameau
dans tes mains, et à l’aide de tes flèches ailées.
parfum de kronos
Ô lllustre ! Père des Dieux heureux et des hommes, aux
nombreuses ruses, sans souillure, robuste et courageux.
ô Titan, qui détruis toutes choses et les reproduis, chargé
de chaînes ineffables dans l’immense Kosmos, éternel
Kronos, générateur universel, Kronos aux ruses sans
nombre, fils de Gaia et d’Ouranos étoilé, Origine première,
vénérable Titan, qui habites à la fois toutes les
parties du Kosmos, circulaire et très-excellent, entends
ma voix suppliante et donne à ma vie une fin heureuse et
irréprochable.
parfum de rhéa
Vénérable Rhéa, fille du changeant Prôtogonos, qui es
traînée par des taureaux sur un char sacré, qui fais retentir
les tympanons, Vierge furieuse, qui aimes le bruit
des cymbales, honorée en tous lieux, très-belle, bienheureuse,
qui partages le lit de Kronos, qui te réjouis des
montagnes et des hurlements horribles des hommes !
Rhéa, Reine universelle, qui excites au combat, au cœur
inébranlable, protectrice, conservatrice, née à l’origine,
mère des Dieux et des hommes mortels ! De toi sont
sortis Gaia, et Ouranos, et Pontos, et le souffle des Vents
qui ont la forme de l’air. Viens, Déesse bienheureuse,
propice, donne-moi la paix et de grandes richesses, et
chasse jusqu’aux limites de la terre les fléaux et les Kères.
parfum de zeus
Zeus très-vénérable, Zeus incorruptible, nous t’offrons
notre témoignage, nos expiations et nos prières. Ô Roi, tu commandes à Gaia, mère des montagnes, et aux montagnes
hautes et sonores, et à Pontos, et à toutes les
choses qu’enveloppe Ouranos. Zeus Kroniôn ! Porte-sceptre,
au grand cœur, Générateur universel, source et
fin de toutes choses, qui meus la terre, qui ébranles tout,
étincelant, tonnant, foudroyant, Zeus créateur, entends-moi,
Dieu changeant, donne-moi la santé, la paix et
l’irréprochable gloire des richesses.
parfum de hèra
Couverte de vêtements bleus, ayant une forme aérienne,
Hèra, Reine universelle, Hèra, Épouse bienheureuse de
Zeus, nourrissant de douces haleines les âmes des mortels,
génératrice des pluies et des vents, qui, seule, permets
de vivre, qui te communiques à tout, qui règnes
sur tout et animes tout par les sifflements de l’air, viens
avec bienveillance, Déesse bienheureuse, illustre, Reine
universelle, joyeuse et pleine de beauté.
parfum de poséidaôn
Entends-moi, Poseidaôn, qui ébranles la terre, aux cheveux
bleus, Cavalier qui tiens en main le trident d’airain,
qui habites le sein profond de la mer, Roi de la
mer, retentissant, qui ébranles la terre, couronné d’écume,
qui as un beau visage, qui pousses ton char à
quatre chevaux à travers l’eau salée et retentissante, à
qui les Moires ont accordé l’eau profonde de la mer, qui
te réjouis des flots, Daimôn de la mer et des bêtes marines !
Protége les assises de la terre et la course des nefs
rapides, donne-moi la paix, la santé et les richesses
irréprochables.
Ploutôn, au cœur courageux, qui habites, sous terre,
le Tartaros ténébreux et toujours privé de lumière, Ploutôn
porte-sceptre, accueille mes dons sacrés, toi qui environnes
les assises de la terre, qui accordes aux vivants
les richesses des années, à qui les Moires ont donné
l’empire souterrain, demeure des Immortels et support inébranlable des mortels, qui as assis ton thrône dans les
ténèbres, sur le noir Akhérôn, lointain, infatigable, qui
étreint les racines de la terre, toi qui commandes aux
hommes par la volonté de Thanatos, Daimôn aux mille
noms, qui ravis autrefois, pour l’épouser, la fille de Dèmètèr,
d’une prairie, à travers la mer, sur ton char attelé
de quatre chevaux, et la conduisis dans l’antre d’Athis,
au Dème d’Éleusis où sont les portes du Hadès !
Seul maître des choses connues et cachées, Dieu qui
gouvernes tout, très-sacré, très-honoré, qui te réjouis
des belles louanges et du culte pieux, je te supplie d’être
propice à ceux qui te sacrifient.
parfum de zeus tonnant
Père Zeus, qui cours flamboyant dans les hauteurs,
qui agites le Kosmos enflammé, brûlant de la splendeur
éclatante de l’Aithèr, qui ébranles de tes tonnerres divins
toute la demeure des Bienheureux, qui marches répandant
d’épais torrents de feu, qui roules les nuages, les
pluies, la flamme ouranienne, les foudres terribles qui
incendient tout, ailées, aux crinières hérissées, arme invincible
qui jaillit du tonnerre, qui dévore tout dans les
tourbillons impétueux d’un bruit immense, arme sûre,
croyable et inexorable, flèche ouranienne et rapide de Zeus qui brûle, qui épouvante la terre et la mer, et qui
terrifie les bêtes féroces quand elles l’entendent ; car,
alors, tout resplendit, le tonnerre gronde dans les profondeurs de l’Aithèr, et tu lances la foudre qui déchire la
voûte ouranienne ! Ô Bienheureux, ne frappe que les
flots de la mer et le faîte des montagnes, car nous connaissons
ta puissance. Reçois favorablement nos libations,
accorde des dons heureux à nos esprits, des jours
propices, la santé et une vie toujours joyeuse et telle que
nous la souhaitons.
parfum de zeus foudroyant
J’invoque Zeus, grand, sacré, retentissant, illustre,
aérien, brûlant, qui court dans le feu, qui éclate dans
l’air, foudroyant, qui élève sa voix terrible dans le vol
des nuages, effrayant, se souvenant des injures, indomptable,
sacré, Zeus foudroyant, Générateur universel, Roi
très-puissant, et je le supplie de donner à ma vie une
heureuse fin.
parfum des nuages
Nuages aériens, qui faites germer les fruits, qui errez
dans l’Ouranos, générateurs des pluies, que le vent roule
par le Kosmos, nuages rugissants, enflammés, sonores,
qui amenez les eaux, qui éveillez dans les profondeurs
de l’air des frémissements terribles, qui luttez contre les
vents qui sifflent, ie vous supplie maintenant, vous qui
nous donnez les rosées, de souffler doucement et de nous
accorder sur la terre maternelle les pluies qui font germer
les fruits.
parfum de la mer
J’invoque la Nymphe, fille d’Okéanos, Téthys aux yeux
clairs, au péplos bleu, Reine des eaux écumeuses, qui
exhale de douces baleines autour de la terre en poussant
les longs flots sur les rivages pierreux, qui se réjouit des
nefs, qui nourrit les bêtes marines et qui a des chemins
humides. Mère de Kypris, mère des nuées obscures et de toutes les sources qui font filtrer leurs eaux, entends moi,
ô Vénérable ! sois-moi favorable ! Envoie, ô Bienheureuse,
un vent propice aux nefs rapides.
parfum de nèreus
Ô toi qui enveloppes les racines de la mer, siégeant
dans ta demeure bleue et te réjouissant, sous l’écume, des
quatre-vingts belles vierges tes filles, Nèreus, Daimôn au
nom illustre, fondement de la mer, limite de la terre,
principe de toutes choses, qui ébranles la demeure sacrée
de Dèmètèr quand tu engouffres dans tes secrètes profondeurs
les flots agités, ô Bienheureux, ne secoue point
la terre et envoie à ceux qui te font des sacrifices le bonheur,
la paix, la santé et la richesse.
parfum des nèréides
Nymphes de Nèreus, aux beaux visages, chastes, pleines
de santé, qui aimez les eaux profondes et suivez les
chemins humides, et qui, quatre-vingts vierges que vous
êtes, vous réjouissez à la surface des eaux, joyeuses
autour des Tritônes et des Dieux aux formes de bêtes que
nourrit la mer, et des autres habitants de l’onde Tritônienne
qui sautent et roulent dans l’eau, et des dauphins
vagabonds de couleur bleue, je vous supplie de donner le
bonheur à ceux qui vous font des sacrifices, car, les premières,
vous avez institué les fêtes sacrées de Bakkhos,
de la Vierge Perséphonéiè, avec la Mère Kalliopè et le roi
Apollôn.
parfum de prôteus
J’invoque Prôteus qui tient les clefs de la mer, né le
premier, qui affirma les principes des choses, qui varia les forces de la matière sacrée, qui est partout honoré,
qui sait les choses présentes, et celles qui ont été et celles
qui seront dans l’avenir, car la Nature primitive a tout
confié à Prôteus. Ô Père, accorde tes saints oracles à
ceux qui te font des sacrifices et donne une fin heureuse
à notre vie.
parfum de gaia
Ô Déesse Gaia, mère des Bienheureux et des hommes
mortels, qui nourris et donnes toutes choses, qui produis
les fruits et qui détruis tout, toujours verdoyante, féconde,
qui fleuris dans les belles saisons, Vierge changeante,
fondement du Kosmos immortel, qui enfantes la multitude
des fruits variés, éternelle, très-vénérable, qui as
une large et riche poitrine, qui te réjouis des plantes aux
douces haleines, ornée de fleurs sans nombre, Daimôn
qui te réjouis des pluies, autour de qui roulent le monde
changeant des astres et la Nature éternelle, ô Déesse bienheureuse,
multiplie les fruits joyeux et sois-nous favorable
avec les Saisons heureuses.
parfum de la mère des dieux
Mère des Immortels, honorée des Dieux, Nourrice universelle,
vénérable Déesse, toute-puissante, viens à nos
prières, attelle à ton char rapide les lions tueurs de taureaux,
Reine du Pôle illustre, aux mille noms, vénérable,
qui te tiens sur ton thrône au centre du Kosmos, parce
que tu commandes à la terre et que tu offres de doux aliments
aux mortels ! C’est de toi qu’est sortie la race des
Immortels et des mortels. Les fleuves te sont soumis et
toute la mer est à toi, Histia ! et on te nomme la dispensatrice
des richesses, parce que tu prodigues tous les biens
aux mortels. Viens à nos sacrifices, ô Vénérable, qui te
réjouis des tympanons, qui domptes toutes choses, protectrice
de la Phrygiè, Épouse de Kronos, Reine de l’Ouranos,
ô Vénérable, source de la vie, amie de la fureur
sacrée, viens, et sois-nous propice.
parfum de herméias
Entends-moi, Herméias, messager de Zeus, fils de
Maia, qui as un grand cœur, qui présides aux dissensions,
maître des hommes, joyeux, plein de ruses, intermédiaire,
tueur d’Argos, qui as des talons ailés, ami des
hommes, inspirateur de l’éloquence, qui te réjouis des
dissensions et des mensonges rusés, Interprète universel,
qui aimes le gain, qui dissipes les inquiétudes, qui tiens
dans tes mains le signe irréprochable de la paix, Bienheureux
ouvrier, très-utile, à l’esprit changeant, qui viens en
aide aux hommes dans leurs travaux et leurs nécessités,
et qui les protéges quand ils parlent. Entends-moi,
donne une heureuse fin à ma vie, les travaux, l’éloquence
et la mémoire.
Perséphonè, fille du grand Zeus, viens, ô Bienheureuse !
Déesse née unique, accueille favorablement ce sacrifice,
Épouse vénérable de Ploutôn, illustre dispensatrice de la vie, qui commandes aux Portes d’Aidès dans les profondeurs
de la terre, aux belles tresses, illustre race de Zeus,
mère des Érinnyes, reine des lieux souterrains, que Zeus
engendra de semences ineffables, mère de Éribrémétos,
qui as mille formes, pleine de sagesse, qui commandes
aux Saisons, lumineuse, belle, vénérable, invincible,
Vierge qui fais germer les fruits, cornue, seule désirable
pour les mortels, printanière, te réjouissant du souffle
des prairies, manifestant ton corps sacré ou te cachant,
vie et mort des hommes, Perséphonéia ! qui fais naître et
mourir toutes choses, entends-moi, Déesse bienheureuse,
fais germer les plantes hors de terre, donne-nous la paix
florissante, la douce santé, la vie heureuse et une vieillesse
abondante, jusqu’à ce que nous parvenions là où vous
régnez, toi, ô Reine, et le terrible Ploutôn.
parfum de dionysos
J’invoque le rugissant Dionysos, premier-né, aux deux
sexes, trois fois revenu, le roi Bakkhos, farouche,
ineffable, caché, aux deux cornes, aux deux formes, couronné
de lierre, ayant la face du taureau, guerrier, prophétique,
vénérable, qui mange de la chair crue, triennal,
qui porte des raisins, ayant un vêtement de feuillage,
plein de sagesse, conseiller de Zeus et de Perséphonéiè, Daimôn immortel né sur d’ineffables lits. Entends ma
voix, ô Bienheureux, et sois-nous favorable, et sois bienveillant
pour tes belles nourrices.
Kourètes bondissants, qui marchez armés, fiers de vos
pieds, qui tourbillonnez, sauvages et prophétiques, joueurs
de lyre, porteurs d’armes, vigilants, princes illustres,
compagnons de la Mère sur les montagnes, Orgiophantes !
Venez, soyez favorables à nos supplications et toujours
propices au bouvier.
Pallas, née unique, vénérable fille du grand Zeus,
Déesse bienheureuse, au grand cœur, qui excites au
combat, au nom illustre, qui habites les antres, qui traverses
les hauts sommets et les montagnes ombragées, et
te réjouis des bois, amie des armes, qui troubles et terrifies les esprits des hommes, qui exerces aux yeux gymniques,
tueuse de Gorgô, venant en aide aux hommes
pieux, terrible aux impies, impétueuse et furieuse, qui
suscites les guerres, destructrice des Phlégraiens, qui
poursuis les cavaliers, Tritogénéia, qui guéris les maux,
Daîmon qui donnes la victoire ! Entends-moi, et, pendant
les jours et les nuits, jusqu’à la fin, accorde-moi la paix,
la richesse, la santé et d’heureux jours, Déesse aux yeux
clairs, toi qui as inventé les arts, Reine très-désirable !
parfum de nikè
J’invoque la puissante Nikè, désirable pour les mortels,
qui, seule, rompt l’incertitude du combat et donne la
très-douce victoire à ceux qu’elle favorise. En effet, tu
triomphes de tous, ô glorieuse Nikè, prix illustre du
combat et couronnée de palmes ! Viens, Bienheureuse et
désirable, et accorde toujours la gloire illustre à nos travaux !
parfum d’apollôn
Viens, bienheureux Paian, tueur de Tityos, Phoibos
Lykoréen, vénérable Dieu de Memphis, dispensateur des
richesses, qui as une lyre d’or, ensemenceur, laboureur,
Pythien, Titan antique, Smintheus, tueur de Pythôn,
prophète Delphien, agreste, Porte-Lumière, Daimôn propice,
glorieux jeune homme, conducteur des Muses, qui
mènes les chœurs, Archer qui lances des flèches, Roi
Dèlien dont l’œil étincelant distribue la lumière aux
hommes, Dieu aux cheveux d’or, qui manifestes les
saintes leçons et les oracles, entends-moi favorablement
tandis que je te prie pour les peuples. Tu vois, en effet,
tout l’immense Aithèr et la riche terre au-dessous de toi,
et, pendant la nuit tranquille, tu voiles ta face de la nuée
des Astres. Tes racines sont au delà, et tu possèdes les
limites du Kosmos, et tu es le principe et la fin de toutes
choses. Tu fais tout fleurir ; ta kithare sonore emplit l’espace
et s’entend jusqu’aux dernières extrémités ; mais
quand tu chantes sur le mode Dorien, tu règles tout l’espace,
tu varies harmonieusement les races des hommes,
mêlant les hivers et les étés, ceux-là à l’aide des cordes
graves, ceux-ci à l’aide des cordes aiguës, et les printemps
fleuris, par le mode Dorien. Et c’est pour cela qu’on te
nomme le roi Pan, aux deux cornes, qui envoie les sifflements
des vents. Puisque tu tiens les sceaux du Kosmos, entends-moi, Bienheureux ! Écoute les voix suppliantes
de tes sacrificateurs.
parfum de lètô
Lètô ! qui as un péplos bleu, vénérable Déesse qui as
enfanté deux jumeaux, très-désirable Reine au grand
cœur, dont la destinée a été d’être fécondée par Zeus, qui
as enfanté Phoibos et Artémis qui se réjouit de ses flèches,
celle-ci dans Ortygiè, celui-là dans l’âpre Dèlos, entends-moi,
Déesse maîtresse, avec un esprit favorable ;
descends sur ce divin sacrifice et termine-le heureusement.
parfum d’artémis
Entends-moi, ô Reine, illustre fille-vierge de Zeus, Titanienne,
retentissante, Archer au grand cœur, vénérable, visible pour tous, qui portes une torche, Déesse
Dictynienne, qui protéges celles qui accouchent, qui
viens en aide aux douleurs de l’enfantement et qui ne les
as jamais ressenties, qui dénoues ta ceinture, furieuse,
chasseresse, qui apaises les inquiétudes, qui cours rapidement,
qui te réjouis de tes flèches, qui aimes les champs,
qui marches pendant la nuit, qui veilles aux portes, dangereuse,
virile, équitable, nourrice des jeunes hommes,
Daimôn immortel, terrestre, qui tues les bêtes fauves, qui
hantes les forêts des montagnes, qui perces les cerfs, incorruptible,
vénérable, reine de tous, toujours douée de
jeunesse et de beauté, sauvage, te réjouissant des chiens,
illustre et changeante ! Viens, Déesse tutélaire, qui aimes
les initiés aux mystères, donne-nous les beaux fruits de
la terre, la paix désirable, la belle santé aux beaux cheveux,
et renvoie sur la cime des montagnes les maladies
et les douleurs.
parfum des titans
Titans, illustre race de Gaia et d’Ouranos, Aïeux de nos
aïeux, qui habitez sous la terre des demeures Tartaréennes,
sources et principes de tous les vivants accablés
de maux, de ceux qui habitent la mer, l’air et la terre,
ear tout ce qui existe dans le Kosmos vient de vous, je vous invoque ! Détournez de nous la colère dangereuse,
si un ennemi terrestre approchait des demeures de nos
aïeux.
parfum des kourètes
Kourètes retentissants du bruit de l’airain, vêtus des
armes d’Arès, Dieux Ouraniens, terrestres, marins et
très-riches, générateurs du souffle, conservateurs du
splendide Kosmos, qui habitez la terre sacrée de Samothrakè,
qui écartez les dangers loin de ceux qui parcourent
la mer, qui, les premiers, avez enseigné les sacrifices
aux hommes, immortels Kourètes vêtus des armes d’Arès,
qui ébranlez Okéanos et la mer et les chênes, qui
accourez sur la terre de vos pieds retentissants et rapides,
qui resplendissez sous vos armes, toutes les bêtes féroces
sont épouvantées à votre approche, et le tumulte et les
clameurs montent dans l’Ouranos, et la poussière de leur
fuite atteint les nuées, et toutes les fleurs se flétrissent
sous leurs pieds. Daimôns immortels, qui faites vivre et
qui détruisez, quand les Dieux irrités se ruent contre les
hommes, vous enlevez à ceux-ci les richesses et la vie elle-même ;
le grand Pontos aux goufïres profonds s’emplit
de gémissements, les chênes aux cimes élevées tombent
déracinés, et l’Ekhô ouranien retentit du bruit de leur
chute. Kourètes, Korybantes, rois puissants, qui commandez dans la Samothrakè, propres fils de Zeus, souffles
immortels, qui nourrissez les âmes, aériens, qui êtes
nommés Gémeaux dans l’Olympos, qui exhalez une douce
haleine, tranquilles, doux et tutélaires, qui alimentez les
Saisons et faites germer les fruits, salut, ô Rois inspirateurs !
parfum de dèmètèr éleusinienne
Dèmètèr, mère de toutes choses, Daimôn aux mille
noms parmi les Dieux, vénérable Dèmètèr, qui nourris
les jeunes hommes, dispensatrice des biens, Déesse qui
donnes les richesses, qui fais germer les épis, qui te réjouis
de la paix et des travaux agrestes, qui ensemences
et multiplies les moissons, qui habites les saintes profondeurs
d’Éleusis, désirable, aimable, nourrice de tous les
vivants, qui, la première, soumis au joug le cou des
bœufs laboureurs, et donnas ainsi une vie heureuse et de
nombreuses richesses aux hommes, qui fais croître la végétation,
compagne de Dionysos, vénérable, splendide,
chaste, qui te réjouis des faucilles en été, terrestre, qui
apparais à tous les hommes et qui leur es bienveillante,
féconde, vénérable, Vierge aimant les jeunes vierges, donnant
à ton char des couleuvres pour rênes, hurlant et
errant par cercles immenses, née unique, Déesse féconde,
très-vénérée des mortels, et dont les nombreuses images sacrées sont toujours fleuries, viens, Bienheureuse,
chaste, chargée des fruits de l’été ! Donne-nous la paix, la
douce concorde, les richesses, et la santé, qui l’emporte
sur tout.
parfum de misè
J’invoque Dionysos Thesmophore, qui porte une férule, qui se souvient excellemment, sage conseiller, mâle et femelle, doué d’une double nature, reine chaste, sacrée, frénétique, Iakkhos !
Soit que tu te réjouisses du temple parfumé d’Éleusis,
soit que, dans Kypros, tu sois charmée de Kythéréia à la
belle couronne, soit que tu hantes les plaines fertiles avec
la Déesse, ta mère Isis, vêtue de noir, et ses prêtresses
sur les bords de l’Aigyptos, viens, ô Bienveillante, et
accorde-nous les récompenses sacrées.
parfum des saisons
Saisons, filles de Thémis et du roi Zeus, équité, justice,
paix abondante en richesses, printanières, prairiales,
fleuries, chastes, aux mille couleurs, aux mille odeurs,
dans les herbes en fleur, Saisons toujours verdoyantes,
circulaires, qui avez de suaves haleines et des péplos
trempés de rosée, qui vous réjouissez des fleurs, compagnes
de Perséphonè quand les Moires et les Kharites
la ramènent à la lumière en des danses circulaires, rendant
grâces à Zeus et à sa mère Dèmètèr qui fait germer
les fruits, venez aux pieux sacrifices des Néophantes, et,
de vos mains irréprochables, apportez-nous les récoltes
abondantes !
parfum de sémélè
J’invoque la Vierge Kadmèide, reine de tous, la belle
Sémélè qui a une riche chevelure et un sein profond,
mère de Dionysos aux mille couronnes, Celle que la foudre fit concevoir de l’immortel Zeus Kroniôn. Perséphonè
elle-même te fit cet honneur de prendre sa part aux fêtes
triennales qui célèbrent l’enfantement de Bakkhos, à la
table sacrée et aux illustres mystères. Maintenant, je te
supplie, Déesse, vierge Kadmèide, d’être favorable à ceux
qui initient aux mystères.
Viens, bienheureux Dionysos, né par la foudre, au front
de taureau, Bassaréen, Bakkhos, aux mille noms, qui
domptes tout, qui te réjouis des épées et du sang et des
chastes Mainades, qui gémis sur l’Olympos, qui rugis
avec force, Bakkhos furieux, porteur de thyrse, qui te
souviens des injures, vénérable à tous les Dieux et à tous
les hommes mortels qui habitent la terre ! Viens, Dieu
bondissant, et donne à tous le bonheur.
parfum de liknitès
J’invoque par ces prières Dionysos Liknitès, le Nysien
florissant, le désirable et joyeux Bakkhos, nourrisson des
Nymphes et d’Aphroditè à la belle couronne, qui bondit
à travers les bois avec les Nymphes et les femmes furieuses,
et qui, par les conseils de Zeus, et instruit par
Perséphonéia, est devenu la terreur des Dieux immortels.
Viens, Bienheureux, et reçois nos sacrifices avec
bienveillance.
parfum de bakkhos
J’invoque Bakkhos qui donne le vin, qui, tournant autour
des demeures Kadméiennes, arrêta les tremblements
de terre. Quand la splendeur du feu envahit toute la
terre, il enchaîna seul les tourbillons stridents de la
flamme. Viens, bienheureux Bakkhos au cœur bienveillant.
parfum de sabazios
Entends-moi, Père Sabazios, fils de Kronos, illustre
Daimôn, qui renfermas dans ta cuisse le rugissant
Bakkhos Dionysos, pour qu’il se rendît plus tard sur le
Tmôlos sacré, auprès de Hippa aux belles joues. Ô Bienheureux
maître de la Phrygiè, le plus puissant de tous
les Dieux, sois favorable à ceux qui initient aux mystères.
parfum de hippa
J’invoque Hippa, nourrice de Bakkhos, qui célèbre les
mystères sacrés de l’illustre Sabos par des danses nocturnes,
aux lueurs du feu, et par des hurlements horribles.
Entends mes prières, Mère terrestre, ô Reine ! Soit
que tu hantes, en Phrygiè, la sainte montagne de l’lda,
soit que tu te réjouisses sur le Tmôlos, lieu cher aux
danses Lydiennes, viens, joyeuse, aux mystères sacrés.
parfum de lysios lènaios
Entends-moi, bienheureux fils, de Zeus, qu’on chante
autour du pressoir, Bakkhos aux deux mères, Semence
vénérable, illustre Daîmon libérateur, caché par tes parents,
Germe sacré des Dieux, Euios, Bakkhos, fructueux,
qui multiplies les moissons, retentissant Lènaios, vigoureux,
aux formes variées, qui reposes du travail, remède
visible aux mortels, fleur sacrée, ami de la joie, qui as une
belle chevelure, Lysios, rugissant Euios, agréable à tous,
soit que tu brilles pour les Immortels ou pour les mortels,
je te supplie maintenant d’être propice à ceux qui initient
à tes mystères.
parfum des nymphes
Nymphes, filles magnanimes d’Okéanos, qui avez vos
demeures dans les profondeurs liquides de la terre, au
cours caché, nourrices terrestres et joyeuses de Bakkhos,
qui alimentez les fruits, prairiales, courant obliquement,
chastes, vous réjouissant des autres, joyeuses des cavernes,
qui volez dans l’air, Déesses des sources, rapides, qui versez les rosées, aux traces légères, visibles et cachées,
qui hantez les vallées, couronnées de fleurs, qui dansez
sur les montagnes avec les Aigipans, qui fluez des rochers,
harmonieuses, couvertes de feuillages, qui errez
dans les bois, Vierges parfumées, blanches, aux douces
haleines, amies des chevriers et des bergers, riches en
beaux fruits, qui aimez la fraîcheur, amies des troupeaux,
qui nourrissez tout, Vierges Hamadryades, qui aimez les
geux, qui marchez par des chemins liquides, Nysiennes
furieuses, Paiônides joyeuses, qui, avec Bakkhos et
Dèmètèr, êtes propices aux mortels, venez, bienveillantes,
aux mystères sacrés, et augmentez nos biens en
toutes saisons.
parfum de bakkhos triennal
Je t’invoque, ô Bienheureux, aux mille noms, frénétique
Bakkhos, au front de taureau, Lènaios, qui répands
le feu, Nysien furieux, qui portes une férule, Liknitès,
prince des mystères, nocturne, prudent, coiffé d’une mitre,
armé du thyrse, Orgiaste sacré, triple, germe caché de
Zeus, né le premier, père et fils des Dieux, mangeur de
chair crue, Porte-sceptre, danseur furieux, conducteur
des Orgies, qui te mêles aux Triennales, qui entrouvres
la terre, flamboyant, qui as eu deux mères, qui cours sur
les montagnes vêtu de peaux de cerfs. célébré d’année en année, Paian, qui as une lance d’or, couronné de raisins,
Bassaréen, qui aimes les lierres, Dieu vierge ! Viens,
Bienheureux, et sois toujours propice à ceux qui enseignent
les mystères.
parfum d’amphiétès
J’invoque Bakkhos Amphiétès, le terrestre Dionysos,
ainsi que les Nymphes, vierges aux belles chevelures, qui,
autour des demeures sacrées de Perséphonè, célèbrent le
chaste Bakkhos de trois années en trois années. Et,
quand revient le temps triennal, il chante l’hymne sacrée
avec ses belles nourrices, menant leurs danses pendant
les heures circulaires. Viens, Bienheureux, plein de vigueur,
au front cornu, sois favorable aux sacrifices et fais
mûrir pour les initiés les fruits excellents.
parfum du satyre silénos
Entends-moi, ô vénérable nourricier de Bakkhos, excellent
Silènos, honoré de tous les Dieux et des hommes
mortels pendant les fêtes triennales, chaste et vénérable,
prince des mystères sacrés, ami des veilles, vêtu de peaux
de boucs, conducteur des Baklthantes couronnées de lierre !
Viens au divin sacrifice avec tous les Satyres aux corps de
bêtes sauvages, chantant le roi Bakkhos, et avec les Bakkhantes
aussi, et sois présent aux divins sacrifices pendant
les Orgies nocturnes, et chante, toi qui portes un thyrse,
et préside aux Thyades.
Ouranienne, célébrée par mille hymnes, Aphroditè qui
aimes les sourires, née de l’écume, Déesse génératrice,
qui te plais dans la nuit noire, vénérable, nocturne, qui
unis, pleine de ruses, mère de la nécessité, toutes les
choses sortent de toi, car tu as soumis le Kosmos et tout ce qui est dans l’Ouranos et dans la mer profonde et
sur la terre fertile, ô Vénérable ! Conseillère de Bakkhos,
qui te réjouis des couronnes et des noces, mère des Érôs,
qui aimes les lits nuptiaux, qui accordés en secret la
grâce, visible et invisible, aux beaux cheveux, Louve
porte-sceptre des Dieux, génératrice, qui aimes les
hommes, très-désirable dispensatrice de la vie, qui unis
les vivants par des nécessités invincibles et qui saisis, à
l’aide de tes charmes, d’un désir furieux, la race innombrable
des bêtes sauvages, viens, Déesse née dans Kypros,
sois-nous favorable, belle Reine, soit que tu souries
dans l’Olympos, soit que tu parcoures tes demeures
dans la Syriè qui abonde en encens, soit que, sur tes chars
ornés d’or, tu visites les rives fertiles du fleuve Aigyptos ;
soit que, sur les hauteurs qui dominent l’onde marine,
tu te réjouisses des danses circulaires des hommes, ou
que tu te plaises, sur la terre divine et dans ton char rapide,
au milieu des Nymphes aux yeux bleus, le long des
sables du rivage ; soit que, dans la royale Kypros qui t’a
nourrie, les belles vierges et les nouvelles mariées, ô Bienheureuse,
te célèbrent par leurs hymnes, toi et l’ambrosien
Adônis, viens, ô belle et très-désirable Déesse ! Je
t’invoque avec un cœur innocent et par des paroles sacrées
parfum d’adônis
Entends ma prière, très-excellent Daimôn aux mille
noms, orné de beaux cheveux, qui aimes la solitude, célébré
par des chants très-désirables, Nourriture universelle,
vierge et jeune homme, Adônis toujours florissant,
qui es mort et qui resplendis de nouveau au retour des
belles saisons, toujours jeune, aux deux cornes, désirable
et pleuré, beau, qui aimes la chasse, qui as une abondante
chevelure, cher au cœur de Kypris, douce fleur,
germe d’amour, né dans le lit de Perséphonè aux cheveux
charmants, toi qui habites maintenant les ténèbres
Tartaréennes, reviens de nouveau dans l’Olympos et mûris
les fruits ! Viens, ô Bienheureux, et apporte les fruits
de la terre à ceux qui initient à tes mystères.
parfum de hermès souterrain
Toi qui hantes le chemin du Kokytos inévitable d’où
nul ne revient, et qui conduis sous terre les âmes des morts, Hermès, fils de Bakkhos-Dionysos et de la Vierge
Paphienne, Aphroditè aux sourcils arqués ; toi qui parcours
les demeures sacrées de Perséphonè, éternel Messager
qui mènes sous terre les Âmes lugubres quand le
temps fatal est arrivé, dont la baguette sacrée endort et
apaise les maux, et qui, de nouveau, éveilles les morts,
car Perséphonè t’a accordé cet honneur de conduire jusqu’au
large Tartaros les âmes des morts, ô Bienheureux,
donne un heureux accomplissement aux travaux de tes
sacrificateurs.
parfum d’éros
J’invoque Érôs, grand, chaste, aimable et charmant,
puissant par sa lance, ailé, courant dans le feu, impétueux,
qui se joue des Dieux et des hommes mortels, habile,
rusé, qui tient toutes les clefs de l’Aithèr, de l’Ouranos,
de la mer et de la terre. La Déesse génératrice de
toutes choses, souffle des vivants et qui fait germer les
fruits, et Pontos qui retentit dans la mer, et le large Tartaros,
reconnaissent Érôs pour seul roi. Viens, ô Bienheureux,
approche ceux qui initient à tes mystères par
des paroles sacrées, et chasse loin d’eux les pensées et les
desseins mauvais.
parfum des moires
Moires infinies, chères filles de la noire Nyx, entendez
ma prière, ô Moires aux mille noms, qui, autour du marais
Ouranien, où l’Eau claire flue des rochers sous une
épaisse nuée, hantez l’immense Abîme où sont les âmes
des morts ; vous qui allez vers la race des vivants, accompagnées
de la douce Espérance et cachées sous des voiles
de pourpre, à travers la Prairie fatidique, là où la Sagesse
dirige votre char qui embrasse tout dans sa course, aux
limites de la Justice, de l’Espoir et des Inquiétudes, et de
la Loi antique, et de l’Empire régi par des lois puissantes,
car la Nécessité sait seule ce que réserve la vie, et aucun
autre des Immortels qui sont sur le faîte neigeux de
l’Olympos ne le sait, si ce n’est Zeus ; et la Nécessité et
l’esprit de Zeus savent seuls tout ce qui nous arrivera.
Mais, ô Nocturnes, soyez-moi bienveillantes, Atropos,
Lakhésis, Klothô ! Venez, ô Illustres, aériennes, invisibles,
inexorables, toujours indomptées, dispensatrices
universelles, Déesses rapaces, nécessairement infligées
aux mortels ! Ô Moires, accueillez mes libations sacrées
et mes prières, soyez propices à vos sacrificateurs et au
chant suprême qu’Orpheus a composé pour vous.
parfum des kharites
Entendez-moi, ô vénérables Kharites aux noms illustres,
filles de Zeus et d’Eunomiè au sein profond, Aglaiè,
Thaliè et Euphrosynè, mères de la joie, aimables, charmantes,
chastes, changeantes et toujours florissantes, désirées
des mortels et désirables, Kyklades aux joues roses !
Venez, dispensatrices des richesses, et soyez toujours
propices à ceux qui célèbrent vos mystères.
Ô Némésis, je t’invoque, Déesse, très-grande Reine, qui
vois tout, qui regardes la vie des mortels aux diverses
pensées. Éternelle et vénérable, te réjouissant des Justes,
tu changes selon ta volonté les résolutions des hommes,
qui redoutent tous le joug que tu fais peser sur leur cou ;
car tu connais la pensée de tous, et rien ne t’est caché de
l’âme qui méprise audacieusement tes paroles. Tu vois
tout, tu entends tout et tu disposes de tout. Les droits des hommes sont en toi, ô très-puissant Daimôn ! Viens,
ô Bienheureuse, chaste, et sois toujours favorable à ceux
qui célèbrent tes mystères, donne-nous de bonnes inspirations
et chasse loin de nous les pensées mauvaises, injustes
et orgueilleuses
parfum de dikè
J’invoque la belle Dikè qui voit la multitude des choses
et qui siége sur le thrône du roi Zeus, surveillant du haut
de l’Ouranos la vie des hommes aux nombreuses races,
punissant l’iniquité et mettant à l’écart tout ce qui est
différent de la vérité. Elle juge les mauvaises actions
inspirées aux hommes par l’iniquité, quand ils veulent
accomplir des desseins injustes. Elle est l’ennemie des
pervers et l’amie des bons. Ô Déesse, viens à nos pieuses
invocations, jusqu’au terme fatidique de notre vie.
parfum de dikaiosunè
Ô très-équitable pour les hommes, ô très-riche et très-désirable,
qui te réjouis des Justes, honorée, heureuse,
magnanime Dikaiosunè, ô invulnérable Conscience, tu
dispenses la justice aux bons en vertu de jugements
sacrés, mais tu frappes tous ceux qui, ne voulant pas
porter ton joug, évitent indomptablement tes fouets vigoureux.
Ennemie des dissensions, bienveillante pour
tous, amie des hymnes, te réjouissant de la paix, tu aimes
les âmes inébranlables, tu poursuis de ta haine ce qui
ment, tu te plais à ce qui est équitable, et la fin de toute
sagesse et de toute vertu est en toi. Entends-moi, Déesse.
qui combats la méchanceté des hommes, afin que tous
marchent dans la voie de la Justice, les hommes mortels
qui mangent les fruits de la terre, et tous les vivants que
la Reine mère Gaia nourrit dans son sein, et ceux que
contient le Zeus de la mer.
J’invoque le Roi sacré des Immortels et des mortels,
l’Ouranien Nomos, conducteur des Astres, signe de justice,
ferme appui de la nature, de la terre et de la mer,
qui est ennemi du trouble et qui conserve les lois par lesquelles
roule le grand Ouranos ; Nomos, qui donne une
fin heureuse à la vie des mortels et qui gouverne
tous les vivants et toutes choses par des jugements très-équitables.
Ô antique et très-habile, qui habites avec les
Justes et châties rudement les mauvais, viens, Bienheureux,
partout honoré, désirable, et qui apportes les richesses !
Sois bienveillant, et garde de nous un souvenir
excellent.
parfum de arès
Ô Indomptable, au grand cœur, robuste et terrible
Daimôn, qui te réjouis des armes, invincible tueur
d’hommes, qui renverses les murailles, roi Arès, qui
aimes le meurtre, toujours souillé de sang humain, effrayant, qui excites au combat, qui te plais au choc des
épées et des lances, cesse la furieuse bataille et son travail
désastreux, sois plein du désir de Kypris et de Lyaios,
échange la force des armes contre les travaux de Dèmètèr,
et amène la paix qui nourrit les enfants et donne les
richesses.
parfum de hèphaistos
Hèphaistos, qui as un cœur ferme, ô Robuste, flamme
infatigable, toi qui apportes la lumière aux hommes, aux
mains vigoureuses, éternel Ouvrier, maître des arts, partie
du Kosmos, Élément irréprochable, qui dévores tout,
qui domptes tout, puissant maître de tout, car l’Aithèr,
Hèlios, Sélènè, la pure lumière des astres qui luisent
pour les hommes, sont les membres de Hèphaistos ; toi
qui hantes toutes les demeures, toutes les villes, toutes
les races et les corps de tous les mortels, très-riche,
très-robuste, entends-moi, ô Bienheureux ! Je t’invoque par
les libations sacrées, afin que tu viennes en aide à nos
travaux. Apaise la fureur du feu infatigable, tout en nous
conservant la lumière naturelle.
parfum d’asklèpios
Guérisseur de tous les hommes, Asklèpios, qui éloignes
de tous les maladies douloureuses, qui fais de doux présents,
qui viens amenant la santé, qui chasses loin des
malades les Kères de la mort, heureux Jeune Homme,
illustre et vénérable fils de Phoibos Apollôn, ennemi des
maladies, qui as pour épouse la Santé irréprochable,
viens, ô bienheureux sauveur, et donne une heureuse fin
à notre vie.
parfum de hygiéia
Ô Désirable, aimable, Reine des innombrables demeures
et de tous les hommes, entends-moi, bienheureuse
Hygiéia, Mère universelle, qui apportes les richesses, car
les maladies des hommes sont chassées par toi, et toutes
les demeures se réjouissent grâce à toi. Le Kosmos te
désire pour reine, et Aidès seul te poursuit de sa haine, ô
Éternelle, qui nourris les âmes, toujours florissante, repos désirable des mortels ; car, sans toi, en effet, tous leurs
travaux sont inutiles, il n’y a pour eux ni richesses, ni
douces unions, et l’homme laborieux n’arrive point à la
vieillesse. Seule tu gouvernes toutes choses et tu commandes
à tous. Viens, ô Déesse ! sois toujours bienveillante
à ceux qui enseignent tes mystères, et délivre-nous
des tristes douleurs de la maladie.
parfum des euménides
Entendez-moi, Déesses rugissantes et partout honorées,
Tisiphonè, Allèktô, et toi divine Mégaira, ô Nocturnes
et cachées, qui habitez dans les profondeurs de la
terre, au fond d’un antre obscur, auprès de l’Eau sacrée
de Styx, et qui n’approchez point des hommes avec de
bons desseins, furieuses, insolentes, inévitables, vêtues
de peaux de bêtes fauves, vengeresses, filles d’Aidès,
Vierges terribles et terrestres, aux mille formes, aériennes,
invisibles, rapides comme la pensée. Ni les flammes de
Hèlios, ni la clarté de Sélènè, ni la puissance de la sagesse,
ni la vertu d’une longue vie laborieuse, ni les charmes
de la belle puberté ne peuvent exciter la joie contre votre
volonté ; mais vous avez toujours les yeux tendus sur les
innombrables générations des hommes, et vous en êtes les juges éternels. Ô Déesses fatidiques, aux chevelures
de serpents, aux mille formes, apaisez-vous et soyez clémentes.
parfum des euménides
Entendez-moi, Euménides aux illustres noms, sages et
chastes, filles du grand Zeus souterrain et de l’aimable
Perséphonè aux beaux cheveux, vous qui jugez la vie des
mortels impies et qui les châtiez inévitablement, Déesses
bleues, Reines aux yeux resplendissants, dont l’éclat terrible
consume ! Éternelles, aux regards effroyables, qui
agissez de vous-mêmes, qui dissolvez les corps, furieuses
dans la nuit, qui réglez toutes les destinées, Vierges des
ténèbres, aux cheveux de serpents, terribles à voir, je
vous invoque et vous supplie d’être favorables à mes
pieuses prières.
parfum de mèlinoè
J’invoque la Nymphe Mèlinoè, souterraine, au péplos
couleur de safran, qu’enfanta, auprès des sources du Kokytos,
la vénérable Perséphonè, dans le lit de Zeus Kroniôn,
à laquelle le subtil Ploutôn s’unit aussi par ruse ;
et alors Mèlinoè prit un double corps de couleurs différentes
dans le sein de Perséphonè : Mèlinoè, qui par des
apparitions aériennes, monstrueuses images d’elle-même,
épouvante les mortels, qui tantôt est transparente, et
tantôt brille dans la nuit en circulant à travers les ténèbres.
Je te supplie, ô Déesse, reine des souterrains, qui
mènes les âmes aux limites de la terre, de montrer un
visage favorable à ceux qui initient à tes mystères.
parfum de tykhè
Ô Tykhè, je t’invoque dans mes prières, bonne dispensatrice,
debout dans le chemin, gardienne des grandes richesses, illustre Artémis, née du sang de Ploutôn,
très-prudente, invisible et mobile, célébrée par les hommes
et qui changes perpétuellement leur vie. En effet, aux
uns tu offres l’abondance des richesses, et aux autres, dans
ta colère, la mauvaise pauvreté. Mais, ô Déesse, je te
supplie de venir à moi, bienveillante et les mains pleines
de biens.
parfum de daimôn
J’invoque Daimôn, magnanime, vénérable, Zeus bienveillant,
générateur universel, qui dispense la vie aux
mortels, grand Zeus présent partout, vengeur, roi de
toutes choses, qui donne les biens. Qu’il entre joyeux
dans ma demeure ! Tu alléges la vie des hommes laborieux ;
en toi sont les tristesses et les joies. C’est pourquoi,
ô Bienheureux et chaste, écarte de moi tous les
chagrins qui abondent sur la terre et donne une heureuse
fin à ma vie.
parfum de leukothéa
J’invoque la Kadmèide Leukothéa, Daimôn vénérable
et puissant, nourrice de Dionysos aux belles couronnes.
Entends-moi, ô Déesse, qui commandes dans le sein
profond de la mer, qui te réjouis des eaux, très-grande
protectrice des mortels ! C’est en toi qu’espèrent les nefs
dans la tourmente des flots, et tu viens à l’aide des marins,
et, seule, tu écartes loin d’eux la destinée lamentable.
Mais, ô Déesse puissante, sois notre salut, sois
propice dans le danger aux nefs solides, et accorde un
vent favorable à celles qui portent tes sacrificateurs sur
la mer.
parfum de palaimôn
Ô toi, nourri avec le joyeux Bakkhos Dionysos, qui
habites les profondeurs orageuses ou calmes de la mer,
je t’appelle, ô Palaimôn, aux divins sacrifices, et te supplie de montrer un visage bienveillant à ceux qui initient
à tes mystères, sur la terre et sur la mer. En effet, tu
marches sur la mer, apparaissant aux nefs dans la tempête,
et, seul, tu éloignes des mortels la colère terrible de
l’onde marine.
parfum des muses
Filles de Mnèmosynè et de Zeus retentissant, Muses
Piérides, aux noms illustres, très-glorieuses, très-désirables,
aux mille formes, qui êtes présentes aux mortels,
génératrices de l’irréprochable vertu dans la jeunesse,
nourrices de l’esprit, qui inspirez de droites pensées,
Reines, maîtresses des âmes, qui avez enseigné les
mystères sacrés aux mortels, Kléiô, Euterpè, Thaléia,
Melpoménè, Terpsikhorè, Ératô, Polymnia, Ourania et
Kalliopè, venez, ô chastes Déesses, avec votre mère
puissante, venez à ceux qui initient à vos mystères, et
donnez-nous, ô Déesses, l’amour et la gloire des hymnes
sans nombre.
parfum de mnèmosynè
J’invoque la Reine Mnèmosynè, épouse de Zeus, qui
enfanta les Muses sacrées, pieuses et aux voix harmonieuses,
Mnèmosynè qui guérit les esprits égarés, qui
inspire tous les hommes, qui hante toutes les âmes,
Déesse puissante, qui affermit la raison des mortels, très-douce,
vigilante, qui fait qu’on se souvient de toutes
choses, qui excite la pensée des mortels et leur donne la
volonté d’agir. Ô Bienheureuse Déesse, accorde la mémoire
à ceux qui enseignent tes mystères, et chasse l’oubli
loin d’eux
parfum d’éôs
Entends-moi, Déesse qui amènes le jour et qui apportes
la lumière aux mortels, splendide Éôs, qui rayonnes sur
le Kosmos, messagère de l’illustre et grand Dieu Titan,
qui, à ton lever, chasses dans les profondeurs de la terre le cours noir et ténébreux de la nuit, conductrice de la
vie, qui réjouis la race entière des hommes, car nul ne
fuit ton divin aspect ; et, quand tu éloignes le doux sommeil
des paupières, tout se réjouit, les hommes, les reptiles,
les quadrupèdes, les oiseaux, et toutes les races qui
habitent la mer, car tu apportes la vie et l’action à tous
les vivants. Ô Bienheureuse et chaste, prodigue la lumière
sacrée à ceux qui initient à tes mystères.
parfum de thémis
J’invoque Thémis, la chaste fille d’Ouranos, née de
parents illustres, Germe de Gaia, Vierge aux beaux yeux,
qui, la première, révéla aux hommes les prophéties sacrées
et les oracles des Dieux dans le temple Delphien,
et qui régna aussi sur Pythô et les Pythiens, et qui donna
au Roi Phoibos la puissance de rendre des oracles. Ô
Illustre, honorée de tous, qui erres dans la nuit, la première
tu as enseigné les cérémonies sacrées aux hommes
et les fêtes nocturnes de Bakkhos. C’est de toi que
viennent les mystères des Bienheureux et les honneurs
qui leur sont rendus. Viens, ô Bienheureuse, et sois
propice, ô Vierge, à ceux qui initient à tes mystères.
parfum de boréas
Boréas glacé, qui, de tes souffles Keimériens, bouleverses
l’air immense du Kosmos, viens de la Thrakè neigeuse,
chasse les nuées immobiles de l’air pluvieux, rassérène
toutes choses et dégage l’Aithèr éblouissant.
parfum de zéphyros
Souffles Zéphyréens, nés de la mer, qui errez dans l’air,
harmonieux et doux et qui reposez de la fatigue, prairials
et printaniers, aimés des ports, qui faites aux nefs
une route facile, venez, bienveillants, respirant doucement,
irréprochables, aériens, invisibles, légers et ayant
la forme de l’air.
Vent rapide, qui cours dans l’air humide, porté sur de
promptes ailes, çà et là, viens avec les grandes nuées, générateur
de la pluie ! Car cette puissance t’a été donnée
par Zeus de courir dans l’air et d’abaisser sur la terre les
nuées qui engendrent la pluie. C’est pourquoi nous te
supplions, ô Bienheureux, d’être propice à nos sacrifices
et de prodiguer à la terre notre mère les pluies fécondâmes.
parfum d’okéanos
J’invoque le Père Okéanos, éternel et incorruptible,
Générateur des Dieux immortels et des hommes mortels,
qui enveloppe circulairement les limites de la terre, et de
qui viennent tous les fleuves, et toute la mer, et toutes
les sources terrestres, et les eaux des fontaines. Entends-moi,
ô riche Bienheureux, purificateur des Dieux, fin de
la terre, limite du Kosmos, qui suis un chemin liquide !
Viens avec bienveillance, et sois toujours propice à tes
sacrificateurs.
parfum de hestia
Hestia, Reine, fille du puissant Kronos, qui gardes au
milieu de ta demeure le très-grand Feu éternel, fais que
ceux qui initient à tes mystères soient toujours forts,
riches, joyeux et chastes ! Toi qui es le fondement inébranlable
des Dieux heureux et des mortels, éternelle,
aux mille formes, très-désirable, au corps élancé, viens,
Bienheureuse ! Reçois favorablement nos sacrifices,
donne-nous les richesses et la douce santé.
parfum de hypnos
Hypnos, Roi de tous les Bienheureux et des hommes
mortels et de tous les vivants que nourrit la terre large,
seul tu commandes à tous et tu enveloppes les corps de
doux liens. Tu dissipes les inquiétudes, tu reposes heureusement
des travaux, tu consoles de toutes les douleurs, tu éloignes la crainte de la mort et tu apaises les
âmes, car tu es le frère de Lèthè et de Thanatos. Viens,
Bienheureux ! Je te supplie de venir, doux et profond, et
d’être propice à ceux qui t’offrent de pieux sacrifices.
parfum de thanatos
Entends-moi, Reine de tous les hommes mortels, toi
qui es d’autant plus proche d’eux que tu leur donnes un
plus long temps à vivre. Ton sommeil tue l’âme et le corps,
et, quand tu as rompu les liens de la nature, tu apportes
le repos éternel aux hommes ; car tu es commune à tous,
et, injuste pour quelques-uns, tu mets une fin rapide au
cours de la jeunesse. En toi seule tout s’accomplit ; ni
les prières, ni les libations n’apaisent ta colère. Mais, ô
Bienheureuse, je te supplie, par mes sacrifices et par mes
prières, d’éloigner au moins les bornes de ma vie, et
d’accorder aux mortels une heureuse vieillesse !