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Page:About - Rome contemporaine.djvu/115

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de plus près si vous me faites l’honneur d’y venir dîner avec moi.

Ne craignez rien ; nous ne mangerons pas trop mal, et l’on ne nous mangera pas. Il se donnera plus d’un coup de couteau dans la soirée, attendu que c’est aujourd’hui dimanche ; mais nous jouirons du spectacle sans courir aucun danger. Vous allez voir des hommes robustes comme des taureaux et non moins irascibles, qui allongent un coup de poing comme nous buvons un verre d’eau, et qui ne le donnent jamais sans avoir une lame dans la main. La police ne sera pas autour de nous pour nous protéger ; elle est toujours absente. D’ailleurs, si vous offensiez un de ces gaillards-là, il vous tuerait entre les bras des gendarmes. Mais vous pouvez aller et venir au milieu d’eux, dépenser beaucoup, payer en or, faire sonner votre bourse et sortir après minuit dans les rues les mieux éteintes, sans que l’idée vienne à personne de s’attaquer à votre argent. Il y a mieux : ils nous accueilleront poliment et se serreront pour nous faire place. Ils ne nous regarderont pas comme des bêtes curieuses ; ils se prêteront même obligeamment à notre curiosité, si elle n’est pas impertinente. Nous n’avons pas à redouter que le vin les excite à nous chercher querelle, mais gare à nous si nous avons le malheur de les provoquer ! Ils n’ont pas le vin agressif, mais ils l’ont susceptible. Leur amour-propre de cabaret ne pardonne pas une offense même involontaire, si elle a pu les exposer aux railleries de leurs compagnons. Quand vous verrez une femme avec son mari ou une fille avec son père, tenez vos yeux en bride ! Il est souvent malsain de regarder les Transtévérines sous le nez, et je pourrais citer plus d’un curieux qui en