Publiée pour la première fois en 1945
La pièce À la Feuille de rose, maison turque fut représentée le 13 avril 1875, pour la première fois, chez les peintres Becker et Leloir, dans leur atelier de la rue de Fleurus.
- Miché, maquereau
- Crête de Coq, garçon de bordel
- Monsieur Beauflanquet, Maire de Conville
- Madame Beauflanquet, Mairesse de Conville
- Léon, amoureux de Madame Beauflanquet
- Raphaële – Fatma – Blondinette, Employées du bordel
- Un capitaine retraité, un jeune homme, un sapeur, un Marseillais, un Anglais.
Scène I
Eh bien ! Crête de Coq, tout est-il prêt ?
Oui, Monsieur.
Allons, dépêchons, dépêchons, il ne faut pas perdre une flanelle, les affaires ne vont déjà pas si bien.
Monsieur, on vient d’apporter vos nouvelles réclames. (Il lui donne un paquet.)
Ah ! bien, il faudra tâcher d’en distribuer discrètement.
Comptez sur moi, Monsieur.
Voyons ça (il lit) « À la feuille de Rose, maison turque, salons et cabinets meublés. »
Bien meublés.
« Société choisie, sécurité, petits soins et discrétion. Cette maison organisée sur un pied tout nouveau à l’instar de la Turquie, se recommande tout particulièrement à l’attention du high life. On emploie toutes les langues. »
C’est pas bête, ça. Vous avez eu là une fière idée, patron.
J’ai habillé mes femmes en turques. Voilà !
Une maison turque, on ne trouve pas ça tous les jours, et puis le bourgeois, c’est friand des turques.
Sans cela, ma foi, je ne sais pas comment je m’en serais tiré.
Vous n’avez que trois femmes dans la maison.
Une qui a perdu ses dominos.
L’autre qui tue les mouches et renverse les visiteurs.
Il n’y a plus que Raphaële de présentable.
Ah ! Raphaële, aussi elle a été au poste toute la semaine.
As-tu fini ?
Si vous croyez que c’est agréable de voir la femme qu’on aime…
Tout ça c’est des bêtises, tu veux prendre ma suite, n’est-ce pas ? Eh bien, faut pas risquer à perdre ta situation par des sensibleries. Allons, je vais voir si elles s’habillent là-haut.
Scène II
Raphaële ! (il brosse le canapé.) Allons bon, encore une tache que je n’avais pas vue (il prend une cuvette sur le canapé et frotte la tache.) Ah ! putains ! Va, elles pourraient pourtant bien faire attention. En voilà une qui ne s’est pas servie de capote. Mais, c’est vrai en ai-je pour ce soir ? (il ouvre un tiroir et en sort une poignée de capotes.) Trois heures (il compte doucement) une, deux, trois (il en trouve une pleine de sang.) Ah ! je ne pourrai jamais nettoyer celle-là, six… sept,… dix, huit… En voilà une crevée.
Ah malheur !… si elle a servi à Blondinette, en voilà un de pincé.
Ah ! celle là pourra resservir. Je crois que ce sera la dernière fois par exemple. Allons, nettoie, lave, brosse, frotte, savonne. Qui l’eut dit il y a cinq ans lorsque j’étais au séminaire. Ah ! misérable créature, qu’as-tu fait de moi ! Pourquoi le Ciel a-t-il voulu que je rencontrasse cette maudite petite blanchisseuse qui repassait alors mes surplis, et, grâce à laquelle j’en suis réduit maintenant à repasser des capotes. Sale métier, va ! les femmes, jusqu’où nous font-elles tomber !… Je ne pourrai jamais détacher celle là. Il est vrai qu’elle est encore plus bas que moi. Ah ! Raphaële, elle vit là dedans, sans remords et sans regret du passé. Et je l’aime toujours pourtant… En voilà une que j’ai oubliée. J’ai des distractions aujourd’hui. Malheureux Crête de Coq ! Elles m’ont nommé Crête de Coq, les gueuses. S’appeler Crête de Coq, quand je devrais aujourd’hui m’appeler l’Abbé Lecoq ! Ah ! les femmes, les femmes !
Scène III
Qu’est-ce que vous voulez ?
Je viens pour vider les caca, les cabinets… Je suis le vi… le vi… le vi…
Quel vit ?
Le vidangeur.
C’est pas l’heure.
C’est tou… toujours à cette heure qu’on… à cette heure qu’on les vide.
Pas ici, puisqu’on travaille la nuit.
Je vais attendre qu’on ait fini le tra… tra… le travail.
Allez-vous en. C’est impossible. Allons, foutez-moi le camp, vous m’emmerdez.
Non, Monsieur, je n’emmé… merde pas… Au con… au con… au contraire, je désemmerde ! Je désemmerde !
Vous verrez, Monsieur, tout à l’heure. Allez vous en.
Scène IV
Parfaitement, Monsieur. Mais à qui ai-je l’honneur de parler ?
Monsieur Beauflanquet, Maire de Conville, et Madame Beauflanquet, mon épouse.
C’est bien vous, qui venez de la part de Monsieur Léon. Je vous assure que vous ne regretterez pas d’être descendus dans ma maison.
Nous espérons, Monsieur, être descendus dans un bon hôtel. Donnez-nous une belle chambre, deux lits et un cabinet de toilette.
Oui, Monsieur, n’ayez pas peur.
La maison est tranquille n’est-ce pas ?
Très tranquille. Vous pouvez dormir sur les deux oreilles.
Ah ! mon ami, je crois que Léon a très bien fait de nous envoyer ici.
Conduis Madame et Monsieur à la chambre jaune.
Scène V
Qu’est-ce que vous demandez ?
Je veux la clé, clé… la clé au…
Qui ? Cléopâtre ? Elle est à Saint-Lazare.
Non, la clé au caca, aux ca… cabinets…
Mais, mon brave homme, vous reviendrez à quatre heures du matin, ce n’est pas à cette heure qu’on peut vider ça ici.
C’est qu’à cette heure-là, je serai pas occu… occu… occupé.
Bon, vous reviendrez, allez…
Faire aller les gens… gens comme ça. Si c’est pas à faire pi… pi… pitié.
Scène VI
Pouah ! Pouah ! faut-il qu’il y ait des gens assez peu dégoûtés pour faire des métiers pareils.
Qu’ qu’ ça veut dire tout ça ? Quels sont les gens que je viens de conduire ?
C’est un bourgeois que Monsieur Léon m’envoie à cause de la bourgeoise qu’il veut baiser.
Il a bien une tête de cocu le Monsieur. Mais comment allez-vous arranger ça vous ? Faut prendre garde à la rousse.
Je m’en fous pas mal. Je ferai payer le mari et l’amant, le reste ne me regarde pas. Ma foi, c’est une bonne affaire.
Quel homme heureux ! Il vit là dedans comme un poisson dans l’eau.
Qu’est-ce que tu parles de poisson ? toi. Pas de plaisanterie. S’il vous plaît, Monsieur Crête de Coq.
Moi, Monsieur, rien (à part) on ne parle pas de corde dans la maison d’un pendu.
Scène VII
Bonjour, Miché.
Monsieur Léon, votre serviteur.
Vous avez dû recevoir un Monsieur et une Dame que j’ai envoyés chez vous. Vous trouverez bien un moyen d’entortiller le mari.
Ah ! ah ! je vous vois venir. Vous êtes encore un mari vous. Mes compliments. Pas mal… la bourgeoise.
Que voulez-vous ? Je sais bien que c’est raide de l’envoyer ici. Mais j’ai une envie folle de coucher avec elle, je n’ai pas d’autres moyens d’y arriver… Votre complaisance est bien rémunérée.
Oh ! comptez sur moi ! Je ferai mon possible, tout en regrettant que mon établissement ne vous suffise pas.
Vos femmes sont charmantes, mais une femme du monde ! Voyez-vous, c’est autre chose. Cette femme qui se donne, se livre, qui vous appartient tout entière. Voilà la femme comme je voudrais en posséder une.
Bougre ! Il vous faut du soigné à vous. On vous en foutra des bourgeoises. Enfin je suis votre homme.
Si ça réussit, vous savez, donnant donnant… Maintenant faites moi monter une bouteille de champagne et un poulet froid, car je crève de faim.
Bonne affaire.
Scène VIII
Connaissez-vous une de ces dames ?
Non Monsieur. Mais je ne demande pas mieux que de faire connaissance.
Je vais faire descendre ces dames.
Scène IX
Le bordel, il n’y a que ça de vrai, d’abord. Les femmes du monde, j’en ai goûté, mais n’en faut plus. Quand on est empêtré d’une, on ne peut plus s’en débarrasser, et puis avec ces mijorées, faut un tas de façons, faut payer de sa personne. Moi, j’aime pas me mettre en habit noir. Et puis, faut prendre un tas de précautions pour pas les compromettre, sans compter qu’il y a des jours où ça fait sa poire, tandis que ici les femmes sont toujours aussi aimables.
Scène X
Bonjour, Monsieur.
Mesdames, je vous présente mes respects.
Faites votre choix, Monsieur, nous sommes très aimables, très polissonnes, très cochonnes.
Je n’en doute pas, Mesdames, je n’en doute pas. Rien qu’à vous voir, on le devine.
Est-il assez mignon ce petit là ! Est-il assez gentil ! Allons décidez vous. Choisissez une de nous.
C’est que je suis très embarrassé pour choisir.
À votre place je ne serais pas embarrassée.
Comment ça ?
Je prendrais Raphaële.
Ah ! très joli… très joli…
En attendant que tu choisisses, payes-tu quelque chose ?
Oh merci. J’ai pas soif. Je prends jamais rien entre mes repas.
Est-il gentil cet amour là. Allons décide-toi mon Apollon.
Ah ! tu me fais rougir.
Tu dois être de Chartres, toi.
Pourquoi ça ?
Parce que tu es de la Beauce.
Toi, tu dois être d’Asnières.
Pourquoi ça ?
T’as bien sûr avalé un rat mort du Grand Collecteur.
As-tu fini Chameau !
Allons viens, mon bébé.
Toi, tu me chausses, t’as l’air bonne fille et puis t’as de ça.
Et puis, j’ai des talents particuliers.
Ça, ça me botte, parce que j’aime la partie entière.
Viens, tu me le mettras comme tu voudras.
Allons, allons, toi tu me débauches.
Toujours Raphaële ! (au bossu) Faut-il une sûreté ?
Oui, c’est jamais nuisible. (Il examine les capotes.)
Monsieur veut-il régler ? (Le bossu paye) Monsieur n’oubliera pas le garçon.
Sois tranquille, j’oublierai jamais ta physionomie.
Scène XI
Une passe à Madame Raphaële.
Il me semble que j’ai entendu la voix de Monsieur Léon.
Oui, Madame, il vient d’arriver et je crois qu’il sera bien aise de vous voir.
Mon mari, pendant que je déballais mes effets, s’est couché et s’est endormi, je vais le réveiller pour qu’il voit son cousin.
Ce n’est pas la peine, je vais y aller.
Ah ! ces dames, quel singulier costume !
Ah diable ! (haut) Oui, Madame je vais vous expliquer. Ces dames font partie de l’Ambassade Turque, Son Excellence Monseigneur l’Ambassadeur a bien voulu me confier la garde de son harem.
Ah ! ce sont des dames turques et elles parlent.
Elles emploient toutes les langues (à part) Hum ! (haut) Ah ! pardon elles parlent le français comme vous et moi.
Monsieur Miché, le bossu se dispute avec Mademoiselle Raphaële.
Ah ! l’asticot ! là, attends moi.
Scène XII
Cet animal là sous prétexte qu’il a déchargé dans sa culotte, il ne voulait pas me donner mes gants. (Elle met son argent dans son bas. Elle aperçoit Madame Beauflanquet) Tiens une nouvelle (Madame Beauflanquet la salue) As-tu fini tes manières !
Mesdames, j’avais beaucoup entendu parler de l’intérieur des harems, mais je n’avais jamais eu l’occasion d’en visiter.
Ah ! c’est la première fois que vous entrez dans une maison.
Turque… oui. Madame.
Cependant vous avez souvent vu du monde.
Ah ! oui. Madame.
Vous avez fait toutes les positions ?
Non, Monsieur Beauflanquet n’en a jamais changé.
Qui ça Beauflanquet ? Connais pas ce maquereau-là.
Maquereau. Ce doit être un titre turc.
Faites-vous bien feuille de rose ?
Feuille de rose ! (à part) ah oui des confitures de Turquie (haut) je n’en ai jamais mangé.
Elle ne connaît pas feuille de rose ! Qu’est-ce qu’elle fait alors ?
Et petit salé alors ?
Ah ! ça oui.
Vous connaissez la levrette ?
Oui.
Le postillon – le gamin – soixante-neuf – la paresseuse – la brouette ?
Oui, je connais ces choses (à part) quelles drôles de question font les femmes de Turquie. On m’avait dit aussi que les odalisques étaient d’une ignorance.
Elle me va cette petite femme là. Aimez-vous à bouffer le chat ?
Oh ! j’adore les chats.
Ah ! bien puisque nous avons les mêmes goûts, je vous offrirai le mien.
Je ne demande pas mieux. Je suis très privée quand je n’en ai pas.
Nous nous entendrons très bien, ma mignonne.
Madame, Monsieur Léon vous attend.
Et mon mari !
Ne vous inquiétez pas, je l’ai prévenu.
Scène XIII
Allons, mes enfants, il s’agit aujourd’hui de vous signaler. Je livre une bataille et je ferai donner ma vieille garde.
Ah ! bien vous êtes poli, vous.
Faites pas attention. C’est un à-propos historique. Allons écoutez-moi, il y a ici un particulier que je suis chargé d’occuper pendant une heure ou deux. S’il vient à fourrer son vilain museau par ici, tâchez de me le travailler proprement ; faut pas qu’il sorte ; il y a gros à gagner pour tout le monde, et s’il fait le méchant, on s’en charge.
Soyez tranquille.
Y a du monde. C’est le Capitaine.
Scène XIV
Allons placez vous, mes enfants. Un petit tableau là bien réussi.
Eh bien ! les enfants et le service. On est toujours solide au poste.
Toujours Général.
Est-on prêt pour un petit assaut ?
Certainement Général, à vous l’honneur.
Je n’en ferai rien.
Par obéissance.
Fendez-vous (Les femmes l’entourent et le pelotent.) Allons finissons, vous savez bien que je n’aime pas ces manières-là. Je n’ai pas besoin d’être excité, moi ; je ne suis pas comme vos blancs becs et vos petits crevés.
Allons, Général, choisissez.
Voyons, formons les rangs (élevant la voix.) Garde à vous, peloton.
Pelotez, Général.
Toujours spirituelle cette belle. À droite alignement, fixe. Peloton, tour droite – Beau cul la première – Peloton tour droite – Numéro 1 trois pas avant, marche.
Merci du choix, mon Général.
Encore Raphaële ! (au Capitaine) Le mot de passe, mon Général (Le Capitaine paie.) Voulez-vous un fourreau pour votre sabre ?
Jamais. Est-ce que je me sers de cette machine là ! Est-ce qu’on met son sabre au fourreau pour aller à la charge ?
À la décharge.
Scène XV
Une passe à Madame Raphaële.
Elle travaille bien, Raphaële.
A-t-elle de la chance, cette grue-là !
Il n’y en a que pour elle.
On peut pourtant se vanter de travailler aussi bien.
Est-ce qu’il y en a une de vous qui peut la dégoter ?
On dirait qu’on la prend au poids, cette vache là, elle ferait mieux de se montrer à la foire.
Tais-toi, avec tes salières et tes jambes de pincettes, toi quand t’embrasses les gens, ils croient recevoir des coups de bâton.
Allons, est-ce fini tout ça ? Si je n’avais que vous, je serais frais ; il n’y a qu’elle qui fasse aller les affaires ici.
Monsieur rend justice au mérite.
Eh ! va donc veau.
Quand tu auras autant de talent qu’elle, tu pourras parler.
Des talents ? Comme si on avait à m’en remontrer.
Je sais bien que tu as pour toi l’expérience de l’âge, tu as peut-être couché avec Mathusalem.
Allons, taisez-vous, est-ce fini ce chahut là ?
C’est lui qui m’engueule ct’égoutteur de goupillon.
(à Fatma) Veux-tu bien te taire.
Pourquoi débine-t-elle Raphaële, cte sale garce ?
Est-ce fini !
Faudra-t-il pas prendre des gants pour parler de ta foutue rouchie ?
Répète ça, je te fous mon poing sur la gueule.
Toi ?
Oui, moi.
Voyons, j’vas vous régler bougre d’arsouilles.
Monsieur a raison. La colère est mauvaise conseillère, elle vous fait perdre la tête. C’est ma faute après tout et je confesse mes torts humblement, car c’est moi qui devrais donner le bon exemple ici. Fatma, veux-tu me donner la main ? Sachons pardonner les offenses et n’oublions pas qu’il ne faut jamais faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas qu’il nous fit. Au lieu de médire de notre prochain, efforçons nous…
Allons, zut ! Voilà l’abbé qui prêche. Merde.
Attention, on entre.
Scène XVI
À la bonne heure ! V’là un homme que j’aime ; il vous fait ça en deux temps.
Et bonjour mes toutes belles.
Entrez donc, très aimables, très polissonnes, très cochonnes.
Eh ! ze sais bien que vous zêtes là pour ça, troun de l’air. Il ne manquerait plus que vous nè zoyez coçonnes, et autremain perzonne ne viendrait vous voir, pécaïre.
Choisis mon petit chéri.
Eh ze zais bien. Et comment voulez-vous que zé zoizisse, vous zètes toutes merveilleusement belles. Je suis très zembarrassé troun de l’air, vous zétes toutes çarmantes.
Moi à votre place je ne serais pas embarrassée.
Et ques aco ?
Je choisirai Raphaële.
Raphaële, c’est vous, je parie ; ze demande à voir les pièces.
Venez-vous.
Et qu’est-ce que tu veux que ze fasse de ça ? Ze ne pourrai seulement pas y fourrer mon petit doigt. À la bonne heure à Marseille pécaïre ! Vous ne connaissez pas la Canebière. C’est là qu’il y a de belles femmes. Elles vous zen ont de grandes comme mon chapeau. Troun de Dieu ! Et à la bonne heure on peut foutre là dedans.
Allons, blagueur, on la connaît la Canebière, comme s’ils étaient plus forts que d’autres les vits marseillais !
Les vits de marseillais, mon bon ! C’est comme le beaupré d’un navire. Eh couillon ! Que je ne vous plaindrais pas si vous en aviez un entre les fesses, troun de l’air !
Moi non plus.
Sans compter que vous en auriez un fameux cul pour le recevoir ! Un vit de Marseillais, tenez, moi qui vous parle, quand je bande, ze suis terrible, et ze bande toujours. Une fois, mon bon, zavais coucé avec une femme, la malheureuse, ze la fous, ze la bifous, ze la trifous, ze la refous, et quand zai eu fini, à la dizoutième fois, sans débrider, couillon, je m’aperçois qu’elle était morte. Mon vit lui avait percé le vaintre, et le médecin, qui a constaté le décès, a reconnu qu’elle avait été étouffé par mon vit qui lui était entré dans la gorge.
Eh bien merci, tu peux te fouiller que je baise avec toi.
Eh bien, et moi, et bibi, dans un incendie un jour je monte au quatrième étage d’une maison qui était en feu. Il y avait quatre personnes à sauver. Je mets le mari sur mon dos, je prends le père de la main droite, la mère de la main gauche, restait la femme, comment faire ? Je te la fous à cheval sur mon vit, et en descendant l’escalier, sans m’arrêter, je la baise quatre fois, une fois à chaque étage.
Tiens, Monsieur, il bande comme l’obélisque.
L’obélisque ! ze lui rendrais des points, pécaïre ! une fois même que je devais me marier.
Ah ! vous êtes marié.
Oh ! zai le bonheur d’être veuf. Ma future me donnait de telles tentations tout le temps que ze lui faisais la cour que quand, rentré dans ma chambre le soir, ze voulais pisser dans mon pot, impossible, mon vit restait en l’air. Z’aurais mouillé tout le plafond, c’était zénant, qu’est-ce que vous z’auriez fait vous ?
Moi je sais pas.
J’aurais pissé par la fenêtre.
Et les voisins pécaïre ! Moi, ze mettais mon vit dans la ceminée et ze pissais par dessus les toits troun de l’air !
Eh bien ! je vais vous en montrer un comme vous n’en avez jamais vu. C’est le vit de mon grand’père que j’ai fait empailler. C’est tout ce qu’il m’a laissé, et vous verrez comme on est membre dans ma famille. (à Crête de Coq) Va, découvre l’objet.
Ah ! z’avoue que je n’en ai jamais vu de pareils. Et quand il bandait il devait être bien beau.
Mesdames, par la puissance de vos charmes rendez lui sa vigueur première.
Ah ! ze n’y tiens plus ! viens bougresse !
Raphaële ! C’est impossible, il va la crever.
T’es bête, j’en ai vu bien d’autres.
Bé ! Ze les prendrais bien toutes. (à Crête de Coq montrant le phallus.) Toi, reste, tu vas faire aller le roquentin. Vous les garces, faites moi un petit tableau là-bas.
Ah ! malheur, quel supplice ! Ça me rappelle le temps où je sonnais les cloches ; ah ! Raphaële ! quel supplice ! Comme elle y va ! Et puis avec moi, elle ne voudra plus.
Ce sacré Marseillais ! il blague toujours.
Hé ! tou me fais rire, ze ne jouis pas.
Allons donc !
Eh ! non, ze ne jouis pas. Ze ne sais comment ça se fait. C’est la première fois que ça m’arrive.
Ce n’était pas la peine de blaguer tant.
Eh ! ma bonne, on fait ce qu’on peut, pécaïre…
Ce n’est pas naturel ça. Qu’est-ce que tu as, cochon ? Tu as la vérole.
Hé ! ce n’est rien, c’est de naissance.
Allons bon, lave-toi bien vite.
Mesdames, je vous salue.
Et nos gants, nos gants.
Hé ! foutues garces que vous êtes, vous m’emmerdez, vous foutre de l’argent pour ne rien faire ! (au public) C’est la première fois que ça m’arrive. (Il se sauve.)
Eh ! va donc couille molle ! Chameau de la Canebière.
Scène XVII
Vous n’avez pas vu Madame Beauflanquet ?
Pardon, Monsieur, elle était ici il n’y a qu’un instant. Elle est en ce moment dans les appartements particuliers de ces dames, qu’avec l’agrément de Son Excellence Monseigneur l’Ambassadeur de Turquie, je lui ai octroyé la permission de visiter.
Ah ! ces dames !
Le harem de Son Excellence !
Ah !
Je vais vous dire, les appartements de l’ambassade n’étant pas encore disposés, Son Excellence m’a chargé de la garde de son harem.
Mesdames, je suis vraiment confus, je ne m’attendais pas à cette heure avancée à rencontrer l’honneur de votre Compagnie. Excusez, je vous prie, l’irrévérence de mon vêtement.
Pas du tout, Son Excellence n’est jamais plus couverte que cela, et souvent elle l’est moins.
Pour cela il faudrait avoir les privilèges de Son Excellence. Il est vrai que je ne demande pas mieux.
Demande, mon chouchou.
Hein ?
Ne vous étonnez pas, Monsieur. Vous comprendrez que ces dames qui n’ont jamais en fait vu d’homme que Son Excellence, soient accoutumées à une certaine liberté de propos et d’allures qui est sans inconvénient en pareil cas.
C’est vrai (avec épouvante) mais je me suis laissé dire qu’on tranchait impitoyablement la tête de tout individu qui entrait dans un harem. Croyez bien, Monsieur que c’est absolument par mégarde que je l’ai fait. (Il veut se retirer.)
Oui, Monsieur, cela se fait en Turquie, mais en France on est moins féroce. D’ailleurs, comme ces dames sont exclusivement confiées à ma garde, c’est moi que ce soin concerne. C’est la première fois du reste que ce cas se présente et grâce à votre générosité, je serai moins sévère.
Mais, si vous en parliez. Qu’arriverait-il ?
Et qu’est-ce qu’elles feraient les autorités turques ?
Elles vous trancheraient la tête, Monsieur.
Ah ! diable.
Si vous désirez, Monsieur, causer particulièrement avec ces dames, je vous laisserai un instant seul avec elles, je suis aveugle et muet.
Vous êtes trop bon, Monsieur. Je serai véritablement heureux de connaître les détails de la vie dans un harem (à part) Comme c’est bien turc ce costume-là. Ce n’est pas en France qu’on trouverait ça.
Si vous désirez quelques rafraîchissements, vous sonnerez, je me retire.
Qu’est-ce qu’elles ont l’habitude de boire ces dames ? Ce doit être des sirops à l’essence de fleurs.
Précisément. (à Crête de Coq) Sers trois bocks et un verre de schnick pour Raphaële.
On y va boum !
Scène XVIII
Mesdames, je vous prie de croire que jamais serviteur plus empressé et plus respectueux ne s’est incliné devant vous.
Toi, t’es bien gentil, mais t’as l’air bête. Allons, mets toi là. Qu’éque tu veux qu’on te fasse ?
C’est un bien beau pays que la Turquie avec ses tours, ses minarets, ses harems, ses forêts vierges.
De quoi ! des vierges, tu ne trouveras pas ça ici, mon vieux.
Il paraît que Son Excellence l’Ambassadeur a bien défriché ses bois, c’est une belle place ça ambassadeur ; moi je suis Maire de Conville.
Comment dites-vous ça ?
Maire de Conville, en Normandie, c’est comme qui dirait dans votre pays pacha. Oui, c’est ça pacha de Conville, pacha.
Qu’est-ce que tu veux faire ? Si tu n’aimes pas le chat, faut-il te tailler une plume ?
Quelle aventure ! il me paraît qu’elles me trouvent bien. (haut) Ah ! Mesdames je suis… (à part) elles sont enragées ces turques !
Encore Raphaële ! je ne m’y accoutumerai jamais !
(se relevant) Ah ! Mesdames, après cela on peut bien… (Il saisit Raphaële qui se met en levrette.) Je commets un adultère, mais bah ! une turque.
Attention ! V’la quelqu’un.
Scène XIX
Entre donc mon petit mignon, mon bébé, mon petit chéri, très polissonnes, très cochonnes, entre donc mon petit chéri, entre donc.
Entrez donc, Monsieur, ces dames sont très aimables.
J’entrerai, si je veux, laissez-moi donc tranquille.
Très polissonnes, très cochonnes.
Entrez donc, Monsieur, vous serez bien content.
Très polissonnes. Entrez donc, mais entrez donc.
Eh bien ! va chier !
Eh bien ?
Il est parti.
Qu’est-ce qui m’a foutu des garces comme ça, vous laissez partir les gens, maintenant. Eh bien, ça va mal.
Voilà un militaire ; faut-il le laisser entrer ?
Faut voir. Il a peut-être le sac. Essayez toujours et tâchez d’être plus à la coule.
Scène XX
Voulez-vous monter ?
Qui ça ? Moi ? Moi ? Choisissez bel homme, très polissonnes, très cochonnes.
Ah ! que je me fous de choisir. Pour ça une vaut l’autre.
C’est égal, choisissez mon beau blond, prenez Raphaële.
Prenez Fatma.
Prenez Blondinette.
Très polissonnes, très cochonnes.
Que ça m’est égal, itérativement.
Eh ! tu nous couillonnes !
Oh ! non vu que les femmes elles ne sont pas subreptibres de la couillonnade subséquemment.
Allons, viendrez-vous ?
Que si vous voulez monter, la grosse, que je serai votre Cupidon.
Toujours Raphaële ! Militaire, il faut payer avant.
Voilà, voilà. (Il tire son mouchoir et prend l’argent dans un coin.)
Allons, militaire.
Que j’obtempère à votre demande itérativement. Que voilà vingt sous.
Vingt sous ! vous vous foutez de nous.
Qu’il y a dix sous pour la maison et dix sous pour la fille.
Mais ici, c’est cinq francs pour la maison.
Cent sous pour la maison, macache ! Mais à Courbevoie que c’est dix sous pour la maison et qu’on donne si on veut, à la fille toujours aimable avec les sapeurs subséquemment.
Enfin ici c’est cinq francs.
Que je suis dépourvu de ce numéraire, itérativement, rendez-moi mon argent.
Les voilà vos vingt ronds.
Que vous n’auriez pas un bidon, un vase, dans lequel on urine pendant la nuit.
Un pot de chambre. Voilà !
Que vous seriez aimable pour pisser quelques gouttes dans le vase.
Pourquoi ça ? (elle pisse) Voilà.
Il va se branler dedans.
Que je vais lui faire boire le bouillon puisque la viande, elle est trop chère subséquemment.
Allons, laissez ça, sortez d’ici, si vous ne voulez pas payer.
Cent sous, macache ! C’est trop besef.
Scène XXI
Eh bien ! qu’est-ce qu’il y a ?
C’est un militaire qui ne voulait payer que dix sous comme à Courbevoie (à part) dix sous Raphaële ! !
Monsieur, pouvons nous remonter cinq minutes dans nos chambres ?
Allez dans vos chambres, si vous voulez, mais soyez prêtes à descendre aussitôt qu’on voudra.
Scène XXII
Encore une tape ! Ça ne va pas ce soir. Si je n’avais pas l’affaire de Monsieur Léon, je ne ferai pas mes frais. Celle là c’est une bonne affaire. S’il y en avait souvent de pareilles, je ne tarderais pas à me retirer à la campagne. Quand j’aurai le sac j’achèterai une petite Maison à Bezons et je canote tout le temps, je ne vis que sur l’eau, ça me changera.
Scène XXIII
Bonjour, Monsieur.
Ah ! un Anglais, bonne affaire.
Je désire visiter l’établissement de vô.
À votre service, Monsieur.
Je venai voir votre Muséum.
Hein ?
Le Muséum.
Mais, Monsieur, je n’ai pas de Musée.
Vous êtes bien Monsieur Miouchett.
Miché.
Oh yes ! very good, Miché. Je venai voir votre Miousée de cire des figioures de femme acciouchant, des petites fesons dans l’alcool. Des amis à moa très bons garçons, très rigolos, avaient dit que c’était chez vô, Monsieur Miouchett.
Miché !
Oh yes, very good, Miché.
Oh quelle idée ! (haut) je vais vous dire. J’ai bien un musée de cire, mais il n’est pas encore déballé.
Déballé.
Oui, préparé, disposé, cela va demander un peu de temps.
Oh ! je été pas pressé.
Et puis cela va occasionner des frais. Je ne puis vous le montrer que si vous êtes généreux.
Oh ! je paierai à vô, ce que vô voudra. Tenez (il tire de l’argent de sa poche – Miché le prend.) Aoh ! ça été cher (à part) Mais je verrai. En France je voye toujours ce que je voulé ; ce été cher, mais jé voyé.
Eh bien. Si vous voulez entrer dans le petit salon, je vous appellerai quand tout sera prêt.
All right. Merci, Monsieur Miouchett.
Miché.
Oh yes. Very good, Miché.
Scène XXIV
Il y a gros à gagner. J’ai là un Anglais qui veut absolument que je lui montre un musée de cire. Placez vous sur les canapés et les chaises et surtout ne bougez pas ; fixes et immobiles.
Là comme ça. Bien. Ne bougez plus. Je vais le chercher.
Scène XXV
Aoh ! ce été très joli, très joli, très, très natiourel, très natiourel, all right, all right.
Toutes les figures sont moulées sur nature. C’est la représentation exacte du corps humain, vous pouvez voir, rien n’y manque.
Oh ! yes (s’éloignant) Elle avait même le odeur.
Je crois bien, j’ai pété.
Si vous désirez le catalogue, c’est cinq francs en plus.
Seulement je vais vous le dire de vive voix parce que je ne l’ai pas encore fait imprimer. Tenez, voilà un très beau sujet. C’est une jeune femme morte au bal à l’âge de dix-huit ans, appartenant à une grande famille et se trouvant enceinte. Pour dissimuler sa grossesse, elle se serrait dans son corset. Cela a déterminé une lésion des intestins, et elle est morte un soir, comme je vous le disais, en sortant du bal.
Aoh ! comme il disait votre grand poète, elle aimé trop le bal, ça été ce qui l’avait faire miourir ! Je désiré maintenant vois les accouchements.
Ah diable ! (haut, montrant Raphaële) – Tenez voilà la pièce qui nous sert pour les démonstrations.
Mais je ne voyé pas le petit baby.
Je vais vous dire. Mes pièces sont si bien faites qu’elles exécutent toutes les fonctions du corps au naturel. Ce sujet a accouché ce matin et il faut maintenant quelque temps pour préparer une nouvelle expérience.
All right ! on m’a dit que vous aviez dans votre miousee une pucelage.
Oh ! je n’ai jamais eu ça ici.
Oh !
Jamais
Alors je voulé voir les maladies de Vénus.
Oh ! ça je puis vous le montrer. J’ai ça justement depuis hier (montrant Blondinette) Regardez, examinez, très beau modèle, toujours pris sur nature.
Aoh ! je n’aime pas cette. Mais vous n’avez pas aussi des pièces masculines ?
Oui. J’en ai une très belle. Crête de Coq, montre l’objet. (Crête de Coq entre et ouvre le rideau du fond.) Voilà la pièce qui vous montre deux fois grossi le membre viril.
Oh ! très joli, all right. Ah ! Monsieur Miouchett je été devenu très amoureux. Est-ce que je ne pourrai pas faire le amour sur cette…
Certainement. Seulement cela abîme toujours mes pièces et je ne peux le laisser faire que si je suis bien indemnisé.
Voulez-vous une capote anglaise ?
Oh non ! French kock coat ! Oh ! ce été pas la peine.
Faut toujours se méfier.
Et puis comme ça vous n’abîmerez pas le sujet.
Aoh ! je le fesé par respect pour le art.
Aoh ! pas cette.
Bon. Encore Raphaële.
Aoh ! très natiourel. All right, all right (se relevant) Aoh, je été très satisfaite. Je reviendrai Monsieur Miouchett.
Miché.
Oh yes, very good Miché. Je reviendrai.
Scène XXVI
Ah ! ma pauvre Raphaële, si tu savais quel coup ça vous donne de te voir toujours entre les bras de ces individus.
Allons lave ça et tais-toi.
Scène XXVII
Monsieur Beauflanquet ne m’a pas demandée ?
Non, ma petite amie, vous pouvez être tranquille (aux autres) Ce n’est pas toi qu’il a demandée.
Ah ! quelle misérable je fais ! Ah ! Léon ! Aussi c’est avec le champagne qu’il m’a troublé la tête. Pourvu que je ne rencontre pas mon mari ! il me semble que s’il me voyait en ce moment, il lirait tout dans mes yeux. J’ai les nerfs dans un état !
Ah ! ma chère amie, que je suis aise de vous revoir ! Venez donc vous asseoir là, à côté de moi.
Vous êtes trop aimable, Madame.
Vous avez une taille charmante, et un pied adorable. Comment est le reste ? Vous n’êtes jamais venue à Paris ? Vous habitez toujours à la campagne ?
Oui, Madame.
Mais vous devez vous ennuyer là-bas. Que faites-vous toute la journée ?
Je m’occupe de ma maison.
Ça ne vous déplaît pas ce que je fais-là ?
Ah ! ah ! ah ! ah !
Attends, je vais te faire jouir. (Elle la gamahuche. Madame Beauflanquet se pâme. Raphaële se retire.) Veux-tu m’en faire autant, dis ?
Oh ! je n’ose pas. Il me semble que si les lumières étaient éteintes…
Voulez-vous éteindre les lumières.
Scène XXVIII
Je suis dans une excitation ! si je retrouvais cette odalisque. (Il entre à tâtons – Mouvement parmi les femmes – Il trouve sa femme, l’embrasse et l’entraîne sur un canapé.)
Ah ! Léon !
Madame Beauflanquet !
Mon mari ! ah !
Ah ! sauvez-moi, sauvez-moi.
Laissez faire (Elle cherche Monsieur Beauflanquet et l’attire dans ses bras.) Mais viens donc, pourquoi t’arrêtes-tu ? Qu’est-ce que tu as dit ?
C’est étonnant, je croyais que c’était ma femme.
Qui est là ?
C’est moi, viens.
Laissez-moi, laissez-moi.
Scène XXIX
Qui est-ce qui a éteint les lumières, ici ? Vous savez bien que je n’admets pas ça. Crête de Coq, de la lumière !
Ma femme dans les bras de Léon !
Bougre, ça se complique.
Cinq louis pour vous si vous me tirez de là.
Ah ! Madame, cette conduite criminelle aura son châtiment.
Son châtiment, Monsieur. Mais savez-vous bien que c’est vous qui méritez un châtiment. Songez à l’endroit où vous êtes, un harem, et à ce que vous venez d’y faire. Les lois turques m’y donnent tout pouvoir sur vous, et vous en connaissez la rigueur.
Mais pourtant, Monsieur…
Si j’ai un conseil à vous donner dans votre intérêt, c’est d’éviter tout scandale, et d’étouffer cette affaire qui pourrait avoir pour vous les conséquences les plus graves et j’espère que vous saurez récompenser ma complaisance à votre égard.
Nous retournerons ce soir à Conville, Madame.
Scène XXX
Qu’est-ce qu’il veut encore celui-là ?
Je ne viens pas pour vider les ca… ca… les ca… cabinets, j’ai renoncé au mé… au métier.
(Chantant) « Et je suis dégoûté de la merde, Depuis que j’y ai trouvé un cheveu. »
Qu’est-ce que vous demandez, alors ?
Je veux une femme.
Ah bien ! par exemple !
Il ne manquerait plus que ça.
Baiser avec toi, jamais.
Ça ne se peut pas. Allons, décampez.
De quoi, mon ar… mon ar… mon argent ne vaut pas celle d’un autre ! (Il montre cent sous à Miché.)
Dame, s’il paye.
Moi, je n’en veux pas.
Ni moi.
Moi non plus.
Il est trop dégoûtant.
Trop dégoûtant ! tas de bégueules ! (au vidangeur) Je ne suis pas de cet avis là. Dites donc, l’ami, si vous vouliez que je fasse ça moi.
Avec ré… ré… réciprocité alors.
Tant que tu voudras.
Allons, viens ma vieille.
« Ah ! je suis dégoûté d’la merde, D’puis qu’ j’ai trouvé d’ans un cheveu ! »
Scène XXXI
Ah ! Raphaële, ça va être mon tour maintenant.
Toi, allons donc ! Est-il emporté ce p’tit là. Il n’en a jamais assez. Tu peux te fouiller.
C’est ça, faudra que je me branle encore, comme au séminaire. Ah ! Raphaële !