Ballade à mes amis de Toulouse

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Chez Léon Vanier, éditeur (p. 23-24).


BALLADE À MES AMIS DE TOULOUSE
POUR LES REMETTRE
EN GOÛT DES FRIANDISES QU’ON Y SERT


Lorsqu’il arrivait que quelqu’un admirait la bonté de quelque viande en sa présence, il ne le pouvait souffrir…
Jacqueline Périer. — Vie de Pascal.



Du Capitole à Saint-Aubin,
La ville où Bonfils se gangrène
Est accueillante pour l’aubain.
Dans ses murs de briques, la raine
Ranahilde, jadis fut reine.
Mais les princes du tranchelard
Brillent toujours en cette arène :
On mange du veau chez Allard.


Foin du puchero maugrabin,
Des sterlets du Volga, du renne,
De ces grouses qu’offre un larbin
Et des tragopans de l’Ukraine.
Raca sur l’huître de Marenne,
Sur l’huître pareille au molard,
Sur la banane et la migraine :
On mange du veau chez Allard.

Viennent le puceau coquebin
Et la mérétrice foraine
(Ces gens ont-ils l’ordre du Bain ?)
Et Chérubin et sa marraine !
Il sied que la jeunesse apprenne
À conspuer Royer-Collard,
Parmi les coupes de Suresne :
On mange du veau chez Allard.

ENVOI

Prince trop gavé de murène,
Ce maître-queux sinistre a l’art
Des ragoûts à l’huile de frêne :
On mange du veau chez Allard.