Chansons de route/Le « Kamarad »

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Librairie Payot et Cie (p. 213-218).


LE « KAMARAD »














 


 

LE « KAMARAD »

Sur l’air de « Briquemolle et son camarade »[1].

\language "italiano"
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  sol,4 sol | \once \stemUp si8 dod re \once \stemUp si | la4 dod8 re |mi4 dod | re2 | \break
  do!8 do do do | \once \stemUp si4 re8 do | \once \stemUp si4 la | sol r4 | r2 r2\fermata \bar "||"
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textA = \lyricmode {
  Ren -- trant de pa -- trouill’, l’au -- rore é -- tant 
  pro -- che. Je_m’ trouv’ nez à nez a -- vec un grand 
  Bo -- che… J’fus tell’ ment sai -- si que j’en res -- tai coi_: 
  Le «_ka -- ma -- rad_» fit la mêm’ chos’ que moi_!
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« Rentrant de patrouill’, l’aurore étant proche,
Je m’ trouv’ nez à nez avec un grand Boche…
J’ fus tell’ment saisi que j’en restai coi :
Le « Kamarad » fit la mêm’ chos’ que moi !

Comm’ je ne suis pas un foudre de guerre
(Oh ! j’ crains pas les coups, mais je n’ les aime guère !)
Je me m’ mis à trembler de crainte et d’effroi :
Le « Kamarad » fit la mêm’ chos’ que moi !

Pour bien lui montrer qu’ j’étais pacifique
J’étendis le poing d’un geste héroïque
Lançant mon « pétoir[2] » à deux mètr’s… ou trois :
Le « Kamarad » fit la mêm’ chos’ que moi !

Voyant s’approcher mon heure dernière
J’ crus r moment venu de fair’ ma prière
En levant aux cieux 1’ bras gauche et 1’ bras droit :
Le « Kamarad » fit la mêm’ chos’ que moi !

Mais l’émotion me donne un’ tranchée :
Avisant un’ sort’ de petit’ « feuillée »
J’ fis, ma foi, c’ qu’on fait dans ce p’tit endroit :
Le « Kamarad » fit la mêm’ chos’ que moi !

Le cœur plus léger, gardant mes airs dignes,
Lui tournant le dos, j’ filai vers nos lignes…
Mais, sur mes talons marchant au pas d’ l’oie,
Le « Kamarad » fit la mêm’ chos’ que moi !

« V’là-z-un prisonnier — que je crie — Capitaine !
« Il n’ veut pas m’ lâcher… alors… j’ vous l’amène. »
Puis, je tournai d’ l’œil : y avait-il pas de d’ quoi ?
Le « Kamarad » fit la mêm’ chos’ que moi.


Quand, près de mon Boch’, je r’pris connaissance
On m’ félicita sur ma grand’ vaillance ;
Tout l’ mond’ rigolait ; moi, j’ pleurai d’émoi :
Le « Kamarad » fit la mêm’ chos’ que moi.

Il a la Croix d’ Fer ! Pour qu’on lui confère
Un’ pareille affair’ quoi qu’il a pu faire ?
P’t' être que l’ « Kamarad », pour avoir c’te Croix
Fit un prisonnier… la mêm’ chos’ que moi !

  1. E. Benoit, éditeur. Faubourg Saint-Martin. Paris.
  2. Fusil.