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Coran Savary/Vie de Mahomet/JC581

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Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (1p. 5-7).
(Depuis la chute d’Adam, suivant Abul-Feda. 6166. — Depuis la naissance de J.-C. 581. — Avant l’hégire. 50. — De Mahomet. 3. — Jannab. Abmedben Joseph.)

Parmi les miracles nombreux dont les historiens arabes entremêlent la vie de leur prophète, ils citent le fait suivant avec confiance. Le jeune Mahomet et Masrouh son frère de lait, sortis dans la campagne, se livraient aux jeux de leur âge. Surviennent deux hommes vêtus de blanc. Ils saisissent le jeune coreïshite, le couchent à terre et lui ouvrent la poitrine. Masrouh courut raconter l’événement à sa mère. Halima, ignorant les desseins du ciel, en fut effrayée, et rendit à Amœna le dépôt qui lui avait été confié.

Bedawi dit que ces hommes vêtus de blanc étaient deux anges, que l’un d’eux était Gabriel, qu’il prit le cœur de Mahomet, le purifia, et le remplit de foi et de science. C’est ainsi que l’aveugle enthousiasme enfante des miracles qui sont reçus avidement par la crédule ignorance. Il semble que les hommes extraordinaires ne puissent naître comme le reste des mortels. Hercule, au berceau, étouffe des serpens. Romulus est allaité par une louve. Gabriel purifie le cœur de Mahomet enfant.

Amœna s’était chargée de l’éducation de son fils. À l’âge de six ans elle le mena à Médine où elle allait visiter les enfans d’Adi, fils d’Elnajjar, ses oncles[1]. Après avoir passé quelque temps auprès d’eux, elle retournait à la Mecque. La mort la surprit en chemin. Elle fut inhumée à Abowa, petite ville peu distante de Médine.

[2] Abd-Elmotalleb ayant appris ce triste événement retira son petit-fils dans sa maison. Il l’éleva au milieu de sa nombreuse famille, et le chérit comme ses propres enfans. Mahomet jouit peu de ses tendres soins. Abd-Elmotalleb était parvenu à l’extrême vieillesse, il mourut âgé de cent dix ans.

Abutaleb, frère utérin d’Abdallah, prit son neveu sous sa tutelle. Il faisait le commerce ainsi que tous les coreïshites. C’était l’unique ressource des habitants d’une terre ingrate qui se refusait à toute espèce de culture. Abutaleb apprit à son élève l’art d’entrenir, par des échanges avantageux, l’abondance au sein d’une contrée stérile. Lorsqu’il le crut assez instruit, il le conduisit avec lui en Syrie, où des intérêts de commerce l’appelaient. Mahomet n’avait que treize ans ; mais en lui, l’esprit et la réflexion avaient devancé l’âge.

  1. Abul-Feda, Vie de Mahomet, page 20.
  2. Elmacin Abul-Feda.