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Coran Savary/Vie de Mahomet/JC636

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Traduction par Claude-Étienne Savary Voir et modifier les données sur Wikidata.
G. Dufour (1p. 73-83).
(Depuis la chute d’Adam, suivant Abul-Feda. 6221. — Depuis la naissance de J.-C. 636. — Après l’hégire. 6. — De Mahomet. 58.)

Au commencement de cette année, Mahomet envoya Ebn Salama avec un détachement de cavalerie contre les enfans de Becr, rassemblés à d’Haria, bourg situé sur la route de la Mecque à Bosra. Cet officier, se reposant le jour et marchant la nuit, surprit les ennemis dispersés dans la campagne[1]. Il en tua quelques-uns, mit les autres en fuite, et fit prisonnier Themama, leur chef. Il revint à Médine avec cinquante chameaux et trois mille brebis qui furent partagés entre les soldats. Il présenta au prophète le prince des Becrites. Mahomet le traita avec bonté. Flatté de l’accueil qu’il avait reçu, Themama se fit musulman. Il eut sa liberté. De retour dans son pays, il devint un ennemi redoutable pour les Mecquois, attaquant et pillant toutes les caravanes qui passaient sur ses terres. Leur ayant enlevé plusieurs convois de blé, ils se trouvèrent réduits à la dernière extrémité. Pressés par la famine, ils eurent recours à Mahomet, et le prièrent d’arrêter les courses de Themama. Il lui écrivit ces deux mots : Conservez mon peuple, et laissez passer ses convois. Themama obéit. Ce trait de générosité envers des ennemis mérite de trouver place dans l’histoire.

Six mois s’étaient écoulés depuis la ruine des Coraïdites[2]. Mahomet avait laissé ce temps à ses troupes pour se reposer[3]. Au mois de Jomada, il partit de Médine pour punir les enfans de Lahian des violences commises envers ses alliés. Voulant les surprendre, il prit la route de Syrie, puis par une contre-marche, il parut tout à coup au milieu de leur pays. Cette ruse fut inutile. Au premier bruit de sa marche, les ennemis s’étaient retirés sur les montagnes, et il fut impossible de les y forcer. N’ayant pu rien entreprendre contre eux, il alla châtier les Gatfanites qui avaient enlevé une partie de ses chameaux, et retourna à Médine chargé de dépouilles[4].

Instruit par ses espions que la tribu puissante des Mostalekites rassemblait ses guerriers, il fondit sur eux sans leur laisser le temps de se fortifier. Il les attaqua près d’un puits appelé Elmoraïsi[5]. Elharêt, chef de la tribu, s’étant avancé pour le reconnaître, fut tué d’un coup de flèche. Sa mort ne découragea point les Mostalekites. Ils attendirent les musulmans de pied ferme, et combattirent pendant une heure à la portée du trait. Irrité de tant de résistance, Mahomet commanda à ses soldats de se jeter sur eux l’épée à la main. Les ennemis ne purent soutenir ce choc terrible. Ils prirent la fuite. Une partie demeura sur le champ de bataille. Les autres furent faits prisonniers. Mille chameaux, cinq mille moutons devinrent la proie des vainqueurs[6]. Jowaïra, fille du prince Elharêt, tombée en partage à Thabet, lui avait promis par écrit le prix de sa rançon. Mahomet la paya, et épousa la jeune captive. Les Musulmans ne voulurent pas qu’un si beau jour fût flétri par les larmes des vaincus[7]. L’apôtre de Dieu, se dirent-ils, vient de contracter une alliance avec les Mostalekites, en épousant leur princesse ; forçons-les à bénir ce mariage. Aussitôt ils donnèrent, de leur propre mouvement, la liberté à cent pères de famille.

Dans la chaleur du combat, un des soldats de Mahomet avait tué un de ses compagnons par mégarde. Mekias, frère du mort, qui était idolâtre, ayant appris cette nouvelle, se rendit à Médine[8]. Feignant de renoncer à l’idolâtrie, il se fit musulman. Ensuite il demanda le prix du sang de son frère suivant cette loi : « Il n’est pas permis à un Musulman d’en tuer un autre. Si le meurtre est involontaire, le meurtrier doit la rançon d’un fidèle captif, et à la famille du mort la somme fixée par la loi (cent chameaux[9]), à moins qu’elle ne lui en fasse grâce. Pour la mort d’un croyant, quoique d’une nation ennemie, on donnera la liberté à un prisonnier… Ces peines sont émanées du Dieu savant et sage. »

Le soldat qui avait tué le frère de Mekias étant pauvre, Mahomet acquitta sa dette, et satisfit à la loi. Le perfide idolâtre, ayant reçu l’argent, demeura à Médine jusqu’au moment où il put surprendre le meurtrier de son frère. L’ayant assassiné, il s’enfuit à la Mecque, et abjura l’islamisme aux autels de ses dieux.

Pendant cette expédition, un différent s’éleva entre les Musulmans, tandis qu’ils se pressaient autour d’un puits pour se désaltérer[10]. Les Mohagériens et les Ansariens étaient prêts à en venir aux mains. Abdallah l’incrédule, du parti des derniers, soufflait le feu de la rébellion. Il osa porter l’insolence jusqu’à tenir des propos injurieux au prophète, et jusqu’à menacer de le chasser de Médine. Mahomet en fut instruit. Omar lui conseillait d’abattre la tête du prince séditieux. « Que penserait-on de moi, lui répondit Mahomet, si je mettais à mort mes compagnons d’armes ? » Le fils d’Abdallah, fervent musulman, lui dit : « Ô prophète ! mon père t’a insulté ; commande, et je vais t’apporter sa tête. » « Bien loin de répandre son sang, lui répondit Mahomet, montre-lui le respect et la tendresse filiale que tu dois à un père. » Cette générosité, dictée par la prudence, calma les esprits. Abdallah reconnut son emportement, et le désavoua. Lorsque l’armée retournait à Médine, Aïesha, épouse chérie de Mahomet, fut accusée d’avoir commis un adultère avec Sawan, jeune officier qui commandait l’arrière-garde[11]. Elle raconte son histoire en ces mots : « Toutes les fois que le prophète entreprenait une expédition, il jetait le sort, et celle de ses femmes qui en était favorisée, l’accompagnait pendant le voyage. Aussi, lorsqu’on nous annonçait une guerre nouvelle, nos cœurs tressaillaient de crainte et d’espérance. Le sort s’était déclaré en ma faveur. L’apôtre de Dieu me couvrit d’un voile. Je partis. Un pavillon placé sur un chameau, me servait de voiture. L’expédition étant terminée, le signal du départ ayant été donné, l’armée se mit en marche vers Médine. Des besoins m’ayant forcée à descendre, j’attendais pour remonter que les troupes eussent défilé. Je m’aperçus que j’avais perdu mon collier, et je retournai sur mes pas. Pendant que je cherchais avec inquiétude, quelques soldats passant auprès de ma litière, la remontèrent sur le chameau. Ils ne furent point étonnés de sa légèreté. Il l’attribuèrent au soin que les femmes ont de ne pas se charger de mets dans de semblables voyages, et à ma grande jeunesse (Aïesha n’avait pas quinze ans). N’ayant donc pu soupçonner mon absence, ils partirent. Mes recherches avaient été heureuses. Mon collier retrouvé, je retournais joyeuse à l’endroit où j’avais laissé ma voiture. Il ne s’y trouva personne. J’appelai ; on ne me répondit point. Je remplis l’air de mes cris ; ils ne furent point entendus. J’espérais qu’on viendrait me chercher ; mon espoir fut déçu. Fatiguée de crier et d’attendre, je m’assis, et le sommeil s’empara de mes sens. Sawan, qui partagea mes malheurs, était resté à l’arrière-garde. Il passa de grand matin près du lieu où je reposais. M’ayant aperçue sans voile, il me reconnut. Je m’éveillai en l’entendant parler. Nous sommes les enfans de Dieu, disait-il, et nous retournerons à lui. J’atteste le ciel qu’il ne me tint aucun autre discours. Je me couvris d’un voile. Il fit approcher son chameau, m’aida à y monter, et le conduisit par la bride jusqu’à ce que nous eûmes rejoint l’armée. » Aïesha plaida sa cause devant son époux, devant Abubecr et Om-Rauman, son père et sa mère. Elle était jeune, jolie, éloquente : elle persuada. Mahomet, qui l’aimait tendrement, fut charmé de la trouver innocente. Ne voulant laisser aucun doute sur sa conduite, aucun nuage sur sa réputation, il fit descendre le chapitre vingt-quatrième du Coran, où ces versets la justifient pleinement.

« Lorsque vous avez entendu l’accusation, les fidèles des deux sexes n’ont-ils pas pensé intérieurement ce qu’il était juste de croire ? N’ont-ils pas dit : Voilà un mensonge impudent[12] ? »

« [13] Si la miséricorde et la bonté divine ne veillaient sur vous, ce mensonge eût attiré sur vos têtes un châtiment épouvantable. Il a passé de bouche en bouche. Vous avez répété ce que vous ignoriez, et vous avez regardé une calomnie comme une faute légère ; et c’est un crime aux yeux de l’Éternel, etc. » L’oracle divin ayant rétabli l’honneur d’Aïesha, ses accusateurs furent punis chacun de quatre-vingts coups de fouet, Ali, consulté par Mahomet dans cette affaire délicate, lui avait conseillé d’interroger la suivante d’Aïesha. La jeune épouse n’oublia point ce conseil ; et dans la suite, ses intrigues ne contribuèrent pas peu à l’éloigner du califat.

Des guerres continuelles tenaient depuis long-temps les Musulmans éloignés du temple de la Mecque[14]. Ils soupiraient après la visite des lieux saints. Tout étant calme aux environs de Médine, Mahomet crut devoir satisfaire leur dévotion ; mais, comme il fallait que le ciel autorisât cette démarche éclatante, il annonça cet oracle : « La vérité éternelle a confirmé la révélation qu’eut le prophète, lorsqu’elle fit entendre ces mots : Vous entrerez dans le temple de la Mecque, sains et saufs, la tête rasée et sans crainte. Dieu sait ce que vous ignorez. Il vous prépare une victoire prochaine[15]. » Cette promesse répandit la joie dans tous les cœurs. Tous crurent voler à une nouvelle conquête. La visite sacrée ayant été publiée, Mahomet marcha vers la Mecque avec quatorze cents hommes choisis parmi les Mohagériens et les Ansariens. Soixante-dix chameaux, ornés de fleurs et de feuillage, suivaient l’armée ; c’étaient les victimes destinées au sacrifice[16]. Cet appareil religieux n’en imposa point aux idolâtres. Ils redoutaient un maître ambitieux, caché sous l’humilité de la religion ; ils résolurent de l’arrêter dans sa marche. Le prophète, ayant appris qu’ils l’attendaient en rase campagne, quitta la plaine, et, gagnant les hauteurs, vint camper à Hodaïbia[17]. Il fallut s’arrêter ou combattre. Les Coreïshites ayant réuni leurs troupes à celles de leurs alliés, étaient prêts à lui disputer le passage les armes à la main[18]. Ils députèrent vers lui Arwa, prince des Takisites, qui lui dit : « Les Coreïshites se sont couverts de la peau de léopard, et ils ont juré à la face du ciel que tu n’entrerais point à la Mecque sans violence. » Le prince idolâtre, s’entretenant familièrement avec Mahomet, lui passait la main sur la barbe[19] en signe d’amitié : « Respecte le visage de l’apôtre de Dieu, lui dit brusquement Elmoghaïra, qui se tenait debout en sa présence ; retire promptement ta main, et crains de n’être pas à temps pour le faire ». « Je ne te déchire pas, » lui répondit tranquillement Arwa. Étant resté quelque temps dans la tente du général, il remarqua avec étonnement le respect profond que les Musulmans avaient pour sa personne. S’il faisait l’ablution sacrée, ils recueillaient avec soin l’eau qui avait servi à cet acte religieux. S’il crachait, ils couraient essuyer sa salive[20]. Un cheveu qui tombait de sa tête, ils le serraient avec vénération. Il était comme un Dieu au milieu de ses semblables. L’ambassadeur, ayant rendu compte aux Coreïshites de sa mission, ajouta : « J’ai demeuré à la cour des empereurs ; j’ai vu Cosroës dans tout l’éclat de sa gloire ; j’ai vu Héraclius entouré de la pompe des Césars ; mais je n’ai point vu de roi respecté de ses sujets, comme Mahomet l’est de ses compagnons[21]. » Après le départ d’Arwa, le prophète voulut envoyer Omar porter des paroles de paix aux idolâtres. Omar s’en excusa, en représentant que les ennemis avaient à lui reprocher des traitemens injurieux, des actes de violences, et qu’il craignait leur ressentiment. Il leur députa Othman, fils d’Asan, et il le chargea de leur assurer qu’il n’était point venu pour commettre des hostilités ; que ses intentions étaient pacifiques, et que le seul désir de visiter les lieux saints l’avait amené. Othman s’acquitta de sa commission. Ses propositions furent rejetées. « Pour vous, lui dit-on, il vous est libre de remplir ce devoir sacré, et de faire les circuits autour du temple. » « À Dieu ne plaise, répondit l’ambassadeur, que je m’en acquitte avant que l’apôtre de Dieu m’en ait donné l’exemple. » Irrités de cette réponse, les idolâtres saisirent Othman, et le chargèrent de fers. Cet attentat contre le droit des gens favorisait les desseins de Mahomet. Voulant mettre le bon droit de son côté et paraître juste, lors même qu’il écrasait ses ennemis, il fut charmé qu’ils lui offrissent le prétexte d’une vengeance légitime. C’était ce motif qui lui avait fait d’abord jeter les yeux sur Omar. Ne pouvant contenir sa joie, il s’écria : « Nous ne sortirons pas d’ici sans combattre[22]. » Ayant assemblé ses soldats, il leur représenta l’injustice des idolâtres, qui les tenaient écartés du sanctuaire d’Abraham ; les traitemens indignes commis en la personne de son ambassadeur, et le peu de confiance que l’on devait avoir aux sermens d’un peuple violateur des droits les plus sacrés. À ce discours, le zèle des Musulmans s’enflamma. Tous crièrent aux armes ; et pour se dévouer plus particulièrement au service de leur apôtre, ils lui prêtèrent volontairement serment d’obéissance et de fidélité, et jurèrent de le servir jusqu’à la mort. Il promit de son côté qu’il leur serait fidèle aussi long-temps qu’ils formeraient une assemblée. Le ciel applaudit à cet acte généreux. « Dieu regardait d’un œil de complaisance les croyans, lorsqu’ils te prêtaient serment de fidélité sous l’arbre. Il lisait au fond de leurs cœurs. Il leur envoya la sécurité. Une victoire éclatante (la prise de Khaïbar) a couronné leur dévouement. Un riche butin en a été le prix[23]. » La violence des idolâtres n’avait servi qu’à cimenter la puissance de Mahomet. Satisfait d’avoir tiré un parti aussi avantageux d’un événement si contraire en apparence, il se disposait à venger l’affront fait à son ambassadeur ; mais les Coreïshites, revenus de leur premier emportement, avaient réfléchi à l’injustice de leur conduite, et aux maux qui allaient en être les suites. Ils rendirent la liberté à Otman, et envoyèrent Sohaïl pour demander la paix. L’apôtre des Musulmans ne pouvant s’y refuser sans manquer à ses principes et sans passer pour tyran aux yeux des Arabes, se détermina à la conclure. « Hé quoi ! lui dit Omar, de vrais croyans peuvent-ils contracter une alliance avec des idolâtres ? Je suis le serviteur et l’apôtre de Dieu, répondit Mahomet, puis-je sans craindre sa colère m’opposer à ses décrets. Il commande et j’obéis[24]. » Lorsque les articles furent réglés, il appela Ali, et lui dit, Écrivez : Au nom de Dieu clément et miséricordieux. Je ne connais point ce style, lui représenta Sohaïl ; qu’on écrive : En ton nom, ô Dieu ! Écrivez, ajouta Mahomet : Telles sont les conditions auxquelles Mahammed, apôtre de Dieu, fait la paix. Permettez, reprit Sohaïl, que je vous dispute ce titre. Si je vous reconnaissais pour l’apôtre de Dieu, je ne porterais pas les armes contre vous. Souffrez qu’on écrive simplement votre nom et celui de votre père. Mahomet céda. Ces contestations finies, il dit à Ali d’écrire : Telles sont les conditions auxquelles[25] Mahammed, fils d’Abdallah fait la paix avec Sohaïl, fils d’Amrou.

I. Une trêve de dix ans sera fidèlement observée entre les Musulmans et les Coreïshites.

II. Les tribus arabes seront libres de se ranger du parti de Mahomet ou de celui des Mecquois[26].

III. Mahomet et les siens quitteront le territoire sacré cette année même.

IV. Les Musulmans pourront, l’année prochaine, visiter les lieux saints au mois d’Elcaada.

V. Ils entreront à la Mecque sans autres armes que leurs épées dans le fourreau.

VI. Ils n’y séjourneront que trois jours, et ne forceront aucun citoyen d’en sortir contre sa volonté.

Ce traité, juré solennellement par les plénipotentiaires, fut ratifié par les mahométans et les idolâtres[27]. Les soldats du prophète qui, fondés sur une révélation, avaient cru marcher à un triomphe, furent pénétrés de douleur à la nouvelle de cette paix. Leur mécontentement éclata publiquement. Ils n’écoutaient plus la voix de leur chef. Vainement il leur commanda d’immoler les victimes pour se disposer à partir. Ils gardèrent un morne silence, et refusèrent d’obéir. Trois fois il répéta l’ordre, et trois fois ils demeurèrent immobiles. Alors, sans dire mot, il traverse l’armée, se rend à la tête du camp, prend le couteau sacré, égorge de ses propres mains les chameaux destinés au sacrifice, se rase la tête, et accomplit les cérémonies prescrites par la religion. La force de l’exemple triompha de leur obstination. À peine eurent-ils vu leur apôtre occupé à remplir ces devoirs religieux, qu’ils se hâtèrent de l’imiter. La terre fut inondée du sang des victimes. Tous les soldats se rasèrent, se purifièrent avec une émulation merveilleuse. Un zèle ardent avait pris la place de la tristesse. Pour la dissiper entièrement, Mahomet fit observer qu’on avait mal interprété la révélation divine, puisqu’elle est terminée par ces mots : Dieu sait ce que vous ignorez. Il vous prépare une victoire prochaine. Cette victoire, ajouta-t-il, doit précéder votre entrée à la Mecque. Courage donc, compagnons ; marchons où le ciel nous appelle. Sur-le-champ il fit donner le signal du départ, et ramena ses troupes à Médine. Aussitôt qu’il y fut rentré, il fit des préparatifs contre les Juifs. Il avait déjà détruit deux de leurs tribus et envahi leur territoire. Ces conquêtes ne suffisaient point à sa sûreté et à son ambition. La possession de plusieurs places fortes les rendait encore redoutables. Toujours prêts à se soulever, toujours prêts à offrir des secours aux idolâtres, ils opposaient partout une barrière à ses desseins. L’impossibilité de les rendre musulmans ou fidèles alliés lui fit prendre le parti d’en faire des esclaves.

  1. Jannab, p. 139. Course contre les Becrites.
  2. Abul-Feda, p. 80.
  3. Jannab, p. 140.
  4. Abul-Feda, p. 80.
  5. Ce puits est situé dans le territoire de Codaïd, à cinq milles de la mer, et à vingt-quatre milles d’Osfan. Jannab.
  6. Jannab.
  7. Elhaçan.
  8. Abul-Feda, p. 81.
  9. Le Coran, ch. 4, tom. prem.
  10. Abul-Feda, p. 81. Jannab.
  11. Elbokar, dans la Sonna, ou Recueil des traditions authentiques.
  12. Le Coran, chap. 24, p. 99.
  13. Verset 14, p. 100.
  14. Abul-Feda, page 84.
  15. Le Coran, chap. 48, verset 27.
  16. Jannab.
  17. Hodaïbia, ville située en partie sur le territoire sacré, en partie sur le territoire profane, est éloignée de la Mecque d’une journée de chemin. Abul-Feda, description de l’Arabie, page 12. Quelques auteurs prétendent qu’elle a tiré son nom d’hodba, arbre qui croît dans les environs. Ce mot signifie bossu, voûté. Le tronc tortueux de cet arbre, ses branches qui s’étendent horizontalement en forme de voûte, l’on fait nommer ainsi.
  18. Abul-Feda, page 85.
  19. Lorsque deux Turcs concluent un traité, ils se prennent mutuellement la barbe, et jurent, par cette noble partie de leur visage, qu’ils accompliront fidèlement leurs engagemens. Ce serment est sacré, et ceux qui le violent sont déclarés infâmes.
  20. Abul-Feda, page 85.
  21. Pendant que l’armée campait à Hodaïbia, la sécheresse ayant tari toutes les sources, les soldats mourant de soif vinrent porter leurs plaintes au prophète. Il ordonna qu’on décochât une flèche au fond d’un puits. Le trait part et s’enfonce dans la vase. À l’instant on vit jaillir une source abondante qui fournit à tous les besoins. Jannab, p. 156.
  22. Abul-Feda, page 86.
  23. Le Coran, ch. 48, verset 18.
  24. Abul-Feda, page 87.
  25. Mahomet ayant dit à Ali d’effacer apôtre de Dieu, Ali jura qu’il ne commettrait jamais une semblable profanation*. Mahomet, prenant la plume, raya ces mots, et écrivit à leur place : Mahammed, fils d’Abdallah. Il oublia dans ce moment qu’il ne savait ni lire ni écrire, et cet oubli fut un miracle. L’ignorance qu’il affectait était un voile dont il s’enveloppait, afin de donner à son livre un caractère divin. Il est bien probable que pendant les quinze années passées dans la solitude et la retraite, il avait acquis les connaissances nécessaires à ses desseins.

    * Abul-Feda, p. 87. Jannab.

  26. Abul-Faraj, Histoire des dynasties, p. 12.
  27. Abul-Feda, p. 87. Jannab, p. 161.