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Correspondance de Voltaire/1740/Lettre 1269

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Correspondance de Voltaire/1740
Correspondance : année 1740GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 35 (p. 424).

1269. — DE FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE,
Berlin, 26 avril.

Mon cher Voltaire, les galions de Bruxelles m’ont apporté des trésors qui sont pour moi au-dessus de tout prix. Je m’étonne de la prodigieuse fécondité de votre Pérou, qui paraît inépuisable. Vous adoucissez les moments les plus amers de ma vie. Que ne puis-je contribuer également à votre bonheur ! Dans l’inquiétude où je suis, je ne me vois ni le temps ni la tranquillité d’esprit pour corriger Machiavel. Je vous abandonne mon ouvrage, persuadé qu’il s’embellira entre vos mains ; il faut votre creuset pour séparer l’or de l’alliage.

Je vous envoie une épître[1] sur la nécessité de cultiver les arts ; vous en êtes bien persuadé, mais il y a bien des gens qui pensent différemment. Adieu, mon cher Voltaire ; j’attends de vos nouvelles avec impatience ; celles de votre santé m’intéressent autant que celles de votre esprit. Assurez la marquise de mon estime, et soyez persuadé qu’on ne saurait être plus que je ne le suis votre très-fidèle ami,

Fédéric.

  1. Il est question de cette èpître dans la lettre 1280.