Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5119

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1763GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 317).

5119. — À M. RIBOTTE[1],
à montauban.
2 janvier 1763.

Le benêt qui allait prier sur la tombe de Marc-Antoine n’est pas le seul fou de Toulouse ; mais ceux qui ont poursuivi la mort de Jean sont des fous bien dangereux. Ceux qui disent que la veuve ne réussira jamais se trompent fort. Ceux qui se fâchent contre un citoyen qui a pris le parti de l’innocence ne sont pas au bout. Les jeux floraux et la basoche peuvent amuser, mais il faut s’en tenir là, et ne pas faire rouer un homme de bien.

L’affaire de la Calas sera jugée ce mois-ci, et il y a grande apparence que les juges penseront comme tout Paris, et le citoyen tolérant qui a mis cette affaire en train sera assez payé de ses peines s’il réussit, comme il l’espère, à faire rendre justice.

On ne manquera pas d’envoyer à Montauban les volumes qu’on demande, mais ils ne pourront être prêts que dans un an.

Jean-Jacques est un grand fou d’avoir écrit contre les philosophes tandis qu’il prétendait l’être ; ce pauvre original est bien malheureux.

  1. Bulletin de la Société de l’Histoire du protestantisme français ; Paris, 1856, page 243.