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Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6488

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6488. — AU RÉDACTEUR DU COURRIER D’AVIGNON[1].
Ferney, le 8 septembre 1766.

J’aperçois, monsieur, que vous avez mis dans votre Courrier du mois passé cet article :

« M. de Voltaire, ne se croyant pas en sûreté dans son château des Délices, s’est retiré à Lausanne et a écrit au roi de Prusse pour lui demander un asile à Wesel, etc. »

Ceux qui vous ont fourni cette nouvelle vous ont trompé sur tous les points.

Je ne demeure point aux Délices. Les Délices ne sont point un château. Je suis très-malade depuis longtemps dans ma terre de Ferney.

Je n’ai point été à Lausanne ; je n’ai point écrit au roi de Prusse, et je n’ai point besoin d’asile.

Je vous prie de vouloir bien rendre justice à la vérité et de dissiper un bruit qui n’a pas le plus léger fondement.

Quant aux livres que vous m’attribuez faussement et d’après des bulletins mensongers de Paris, vous avez trop d’équité pour m’imputer dorénavant des ouvrages suspects, qui pourraient m’exposer à des dangers sous un gouvernement moins juste que le nôtre. Si j’écrivais de telles nouvelles, je voudrais au moins qu’elles fussent vraies. Vous avez le talent d’intéresser ; j’espère qu’à l’avenir vous pratiquerez à mon égard l’art de se taire.

J’ai l’honneur d’être, etc.

  1. Éditeur, H. Beaune. — Cette lettre a été datée à tort, par le premier éditeur, de 1756.