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Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7533

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Correspondance : année 1769GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 314-315).
7533. — À M. DE LA HARPE.
17 avril.

Nostæi spes altéra scenæ[1],

Je suis très-fâché que vous enterriez votre génie dans une traduction de Suétone, auteur, à mon gré, assez aride, et anecdotier très-suspect. J’espère que vous ne direz pas dans vos remarques que vous renoncez à faire des vers, ainsi que l’a dit notre ami La Bletterie. Il est plaisant que La Bletterie s’imagine avoir fait des vers.

Voici un petit paquet pour votre Mercure[2]. S’il me tombe quelque rogaton sous la main, je vous en ferai part, mais j’aimerais bien mieux que le Mercure eût à parler d’une nouvelle tragédie de votre façon : nous avons besoin de beaux vers beaucoup plus que de Suétone.

J’ai eu douze accès de fièvre. J’ai été sur le point de mourir, et je disais : Le théâtre français est mort de son côté, si M. de La Harpe n’y met la main. Il a fallu passer par les cérémonies ordinaires. Vous savez que je ne les crains pas, quoique je ne les aime point du tout ; mais il faut remplir ses devoirs de citoyen : ceux de l’amitié me sont bien plus chers.

  1. Virgile a dit, Æn. XII, 168 :

    Spes altéra Romæ.

  2. Le Mercure de mai 1769 contient, page 40, la lettre de Voltaire à de Belloy, du 31 mars 1765 (voyez n° 5968, et, page 83, une partie de l’Êpître à Saint-Lambert, qui est tome X, page 405.