Ennéades (trad. Bouillet)/II/Livre 7/Notes

La bibliothèque libre.
Les Ennéades de Plotin,
Traduction de M. N. Bouillet



LIVRE SEPTIÈME.

DU MÉLANGE OÙ IL Y A PÉNÉTRATION TOTALE.

Ce livre est le trente-septième dans l’ordre chronologique.

Il se rattache étroitement au précédent par la théorie que Plotin expose dans le § 3 sur les qualités qui constituent l’essence du corps.

Les doctrines que Plotin discute sont, comme nous l’avons indiqué dans les notes, celles des Péripatéticiens et des Stoïciens. Celle d’Aristote est exposée dans les Topiques, IV, 2, et dans le traité De la Génération et de la Corruption, I, 10, auquel est empruntée la citation faite p. 242, note 3.

Quant aux idées que les Stoïciens ont professées à ce sujet, en voici le résumé, que nous empruntons à Creuzer (t. III, p. 114) :

« Aristotelis vestigia legerunt Stoïci, ita docentes (ut est apud Stobæum, Eclogœ, I, 18) : « διαφέρειν παράθεσιν, μίξιν, ϰρᾶσιν, σύγχυσιν, inter se differre appositionem, mixtionem, temperationem et confusionem. » Appositionem dicebant corporum ad superficies contactum, quemadmodum in acervis frumenti ; mixtionem, duorum vel plurium corporum per integra diffusionem, manentibus eorum qualitatibus, ut in igne et ferro candente ; temperationem, duorum vel plurium corporum mutuam sibique respondentem extensionem, manentibus item eorum qualitatibus ; confusionem denique, duarum vel plurium qualitatum corporearum transmutationem talem, ut novum inde gignatur, diversum ab illis qualitatibus, ut in compositione unguentorum et pharmacorum. Hæc est summa disputatorum a Stoïcis apud Stobœum. Ac medicamentorum modo facta mentio Galeni etiam me admonet : qui quidem quum in libris περὶ ϰράσεων, tum περὶ δυσϰρασίας itemque in scripto De Platonis et Hippocratis Placitis, haud pauca habet quæ ad hanc Mixtionis et Temperationis doctrinam ejusque historiam pertinent. Chrysippus ita docebat, ut latius pateret μίξις quam ϰρᾶσις : quam rationem sequitur etiam Sextus Empiricus. Etenim hic ita in Pyrrhon. Hypotyp., III, 6, § 56 (quod caput περὶ ϰράσεως inscribitur) : πῶς ἆρα ϰαὶ γίνεσθαί φασι τὰ συγϰρίματα ἐϰ τῶν πρώτων στοιχείων, μήτε θίξεως ϰαὶ ἀφῆς ὑπαρχούσης ἢ μίξεως ὅλως. »

La doctrine de Chrysippe et des Stoïciens a été combattue par Alexandre d’Aphrodisiade dans un livre spécial, περὶ μίξεως, p. 141 ; outre ce livre, Alexandre en avait encore composé un autre περὶ ϰράσεως ϰαὶ αὐξήσεως. M. Ravaisson a résumé les idées de ce philosophe sur ce sujet dans son Essai sur la Métaphysique d’Aristote, t. II, p. 296-299. Nous l’avons cité p. 244, note 1.