Kama Soutra (trad. Liseux)/IV

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Traduction par Isidore Liseux.
France Loisirs (p. 175-193).

QUATRIÈME PARTIE

DE L’ÉPOUSE

I

De la manière de vivre d’une femme vertueuse et de sa conduite pendant l’absence de son mari


Une femme vertueuse, qui a de l’affection pour son mari, doit agir selon ses désirs, comme s’il était un être divin ; avec son consentement, elle prendra sur elle toute la charge de la famille. Elle tiendra la maison entière bien propre ; y disposera, dans les différentes pièces, des fleurs de sortes et nuances variées, et rendra le plancher uni et poli, de manière à donner au tout un air de propreté et de décence.

Autour de la maison elle entretiendra un jardin, où elle déposera, toutes prêtes à être utilisées, les matières requises pour les sacrifices du matin, de midi et du soir. En outre, elle honorera elle-même, dans leur sanctuaire, les dieux domestiques ; car, observe Gonardiya, « rien n’attache le cœur d’un chef de maison à sa femme comme la scrupuleuse observation des règles ci-dessus fixées ».

À l’égard des parents, alliés, amis, sœurs et domestiques de son mari, elle agira suivant leurs mérites. Dans le jardin, elle plantera des couches de légumes verts, des bouquets de canne à sucre, des corbeilles de figuiers, du sénevé, du persil, du fenouil, et le xanthochymus pictorius. Elle y cultivera aussi différentes fleurs, telles que la trapa bispinosa, le jasmin, le gasminum grandiflorum, l’amarante jaune, le jasmin sauvage, la tabemamontana coronaria, le nadyawona, la rose de Chine, et autres. Il y aura également le gazon parfumé andropogon schœnanthus, et la racine parmée de la plante andropogon miricatus. Enfin le jardin contiendra des arbres et des sièges, et, au milieu, un puits, bassin ou réservoir.

La maîtresse de maison devra toujours éviter la compagnie des mendiantes, bouddhistes ou autres, des femmes débauchées et fourbes, des diseuses de bonne aventure et des sorcières. Pour les repas, elle tiendra toujours compte de ce que son mari aime ou n’aime point, de ce qui lui fait du bien et de ce qui lui fait du mal. Aussitôt qu’elle entend le bruit de ses pas lorsqu’il rentre à la maison, elle doit se lever, prête à faire ce qu’il lui ordonnera, et commander à ses servantes de lui laver les pieds, si elle ne les lui lave elle-même. Toutes les fois qu’elle sortira avec lui, elle mettra ses ornements ; et ce ne sera jamais sans son consentement qu’elle donnera ou acceptera des invitations, assistera aux mariages et aux sacrifices, siégera en compagnie de ses amies, ou visitera les temples des dieux. Et si elle désire participer à un jeu ou sport quelconque, elle consultera toujours sa volonté. De même, elle s’assiéra toujours après lui et se lèvera avant lui, et ne l’éveillera jamais lorsqu’il dormira. La cuisine sera située dans une pièce tranquille et retirée, de façon que les étrangers n’y aient point accès, et elle aura toujours un air de propreté.

Au cas où son mari se serait mal conduit, elle ne devra pas le blâmer avec excès, quel que puisse être son déplaisir. Elle n’usera pas envers lui d’un langage injurieux, mais lui fera des reproches mêlés de paroles conciliantes, qu’il soit avec des amis ou seul. Et surtout, elle ne sera pas querelleuse, car, dit Gonardiya, « il n’y a rien qui dégoûte un mari comme ce travers chez une femme ». Elle évitera de lui parler, de regarder en dessous, de causer à part, de rester devant la porte à épier les passants, de bavarder dans les promenades publiques, et de séjourner longtemps dans un endroit solitaire ; et, finalement, elle tiendra toujours son corps, ses dents, ses cheveux et tout ce qui lui appartient, nets, élégants et propres.

Lorsque la femme désirera s’approcher de son mari en particulier, elle aura un costume richement orné, avec différentes sortes de fleurs, et une robe de couleurs variées ; elle exhalera de bonnes odeurs d’onguents et de parfums. Mais son costume de tous les jours consistera dans une robe légère, d’un tissu serré, avec quelques fleurs et ornements, et un peu d’odeurs, sans excès. Elle doit observer les jeûnes et les vœux de son mari, et s’il essaie de l’en empêcher, elle doit lui persuader de la laisser faire.

À certaines époques de l’année, lorsque ces objets seront à bon marché, elle achètera de la terre, des bambous, du bois à brûler, des peaux, des vases en fer, et aussi de l’huile et du sel. Les substances odorantes, les vaisseaux faits du fruit de la plante wàghtea antidysenterica, ou wàghtea à feuilles ovales, les médicaments et autres objets dont on a constamment besoin, seront achetés en temps convenable et serrés dans un endroit secret de la maison. Les graines de radis, de patate, de betterave commune, d’absinthe indienne, de manguier, de concombre, d’aubergine, de kushmanda, de citrouille, de surana, de bignonia indica, de bois de santal, de premna spinosa, d’ail, d’oignon, et autres légumes seront achetées et semées dans leur saison.

La femme mariée ne devra pas dire aux étrangers le montant de sa fortune, ni les secrets que son mari lui aura confiés. Elle surpassera toutes les femmes de son rang par son adresse, son bon air, sa connaissance de la cuisine, la dignité de sa tenue et sa manière de servir son mari. La dépense de l’année sera réglée sur les profits. Le lait restant après les repas sera converti en beurre clarifié. L’huile et le sucre seront préparés à la maison ; on y filera, on y tissera ; et on y aura toujours une provision de cordes et de ficelles, ainsi que des écorces d’arbres à tresser en cordes. Elle s’occupera aussi du pilage et de l’épuration du riz, dont elle emploiera les petits grains et la paille à divers usages. Elle paiera les salaires des domestiques, surveillera la culture des champs, les troupeaux, la construction des véhicules et prendra soin des béliers, coqs, cailles, perroquets, sansonnets, coucous, paons, singes et biches ; et, finalement, elle arrêtera le revenu et la dépense du jour. Elle donnera les vêtements usés aux domestiques qui auront bien travaillé, pour leur faire voir qu’elle apprécie leurs services, ou bien elle en fera tel ou tel autre usage. Elle visitera, soigneusement les vaisseaux dans lesquels on prépare le vin, aussi bien que ceux où on le renferme, et elle les mettra au rebut le cas échéant. Elle surveillera aussi toutes les ventes et tous les achats. Elle accueillera gracieusement les amis de son mari en leur offrant des fleurs, des onguents, de l’encens, des feuilles de bétel et des noix de bétel. Elle aura pour son beau père et sa belle mère les égards qui leur sont dus, condescendant toujours à leur volonté, ne les contredisant jamais, leur parlant en peu de mots, mais sans sécheresse, ne riant pas bruyamment en leur présence, et agissant avec leurs amis ou leurs ennemis comme avec les siens propres. En outre, elle ne devra pas être vaine, ni trop préoccupée de ses plaisirs. Elle sera libérale envers ses domestiques, et les récompensera les jours de fêtes et de festivals ; enfin, elle ne donnera rien sans en avoir d’abord informé son mari. Ainsi finit la manière de vivre d’une femme vertueuse.

Pendant l’absence de son mari en voyage, la femme vertueuse ne gardera sur elle que ses ornements porte bonheur, et elle observera les jeunes en l’honneur des dieux. Si anxieuse qu’elle soit d’avoir des nouvelles de son mari, elle n’en sera pas moins attentive aux soins du ménage. Elle dormira dans le voisinage des femmes les plus âgées de la maison, et s’appliquera à leur être agréable. Elle soignera et tiendra en bon état les objets affectionnés par son mari, et continuera les ouvrages qu’il aura commencés. Elle n’ira chez ses parents et amis qu’à l’occasion d’une réjouissance, ou d’un deuil, et alors elle s’y rendra dans son costume ordinaire de voyage, accompagnée des serviteurs de son mari, et n’y restera pas longtemps. Elle observera les jeûnes et les fêtes avec l’assentiment des plus âgés de la maison. Elle augmentera les ressources en faisant des achats et des ventes suivant la pratique des marchands, et au moyen d’honnêtes domestiques, qu’elle surveillera elle-même. Le revenu sera augmenté, et la dépense diminuée autant que possible. Et lorsque son mari reviendra de voyage, elle le recevra d’abord dans son costume ordinaire, de façon qu’il puisse voir comment elle s’est tenue pendant son absence, et elle lui apportera quelques présents, comme aussi des matières pour les sacrifices à offrir aux dieux.

Ainsi finit ce qui a trait à la conduite d’une femme pendant l’absence de son mari en voyage.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte :

« La femme, qu’elle soit une fille de famille noble, ou une veuve vierge remariée, ou une concubine, doit mener une vie chaste, être dévouée à son mari, et ne rien négliger pour son bien-être. Les femmes qui agissent ainsi acquièrent Dharma, Artha et Kama, obtiennent une haute position, et s’attachent généralement le cœur de leurs maris. »

II

De la conduite de la plus ancienne épouse envers les autres épouses de son mari, et de la plus jeune épouse envers les plus anciennes ; de la conduite d’une veuve vierge remariée ; d’une épouse rebutée par son mari ; des femmes dans le harem du roi ; et enfin de la conduite d’un époux envers plusieurs femmes


Les causes de nouveau mariage pendant la vie d’une femme sont les suivantes :

1. La folie ou le mauvais caractère de la femme.

2. Le dégoût que son mari éprouve pour elle.

3. Le défaut de postérité.

4. La naissance continuelle de filles.

5. L’incontinence du mari.

Dès le début du mariage, une femme doit faire tous ses efforts pour s’attacher le cœur de son mari, en se montrant toujours dévouée, de bonne humeur et sage. Si, toutefois, elle ne procure pas d’enfants, elle doit conseiller elle-même à son mari d’épouser une autre femme. Et lorsque la seconde femme est épousée et installée à la maison, la première lui donnera une position supérieure à la sienne propre, et la regardera comme une sœur. Le matin, la plus ancienne forcera la plus jeune à se parer en présence de leur mari, et elle ne sera nullement jalouse des attentions que le mari aura pour elle. Si la plus jeune fait quelque chose qui déplaise au mari, la plus ancienne ne la négligera pas, mais elle sera toujours prête à lui donner ses meilleurs avis, et lui apprendra à faire différentes choses en présence du mari. Elle traitera ses enfants comme les siens propres ; aura plus d’égards pour ses servantes que pour les siennes ; sera aimante et bonne pour ses amis, et honorera grandement ses parents.

S’il y a plusieurs autres femmes en outre d’elle-même, la plus ancienne épouse s’alliera avec celle qui vient immédiatement après elle en rang et en age, et excitera la femme qui a récemment joui des faveurs du mari à chercher querelle à la favorite du jour. Puis elle la plaindra, et après avoir réuni les autres femmes, elle les engagera à dénoncer la favorite comme une femme intrigante et méchante, mais sans toutefois se commettre en rien. Si la favorite vient à se quereller avec le mari, alors la plus ancienne épouse prendra son parti et lui donnera de faux encouragements, de façon à envenimer la querelle. Si la querelle n’est que très légère, elle fera en sorte de l’agraver. Mais si, après tout cela, elle voit que le mari continue à aimer sa favorite, elle changera de tactique et s’efforcera d’amener entre eux une réconciliation afin d’éviter le déplaisir du mari.

Ainsi finit la conduite de la plus ancienne épouse.

La plus jeune femme regardera la plus ancienne épouse de son mari comme sa mère, et ne donnera rien, même à ses parents, sans l’en avoir informée. Elle lui fera part de tout ce qui la concerne, et n’approchera du mari qu’avec sa permission. Elle ne révélera à personne ses secrets que la plus ancienne épouse lui confiera, et elle prendra des enfants de celle-ci un soin plus grand encore que des siens propres. Lorsqu’elle sera seule avec son mari, elle le servira bien, mais ne lui parlera pas du chagrin que lui fait éprouver l’existence d’une rivale. Elle pourra aussi obtenir secrètement du mari quelques marques de son affection particulière, et lui dira qu’elle ne vit que pour lui et pour les égards qu’il lui témoigne. Elle ne confiera à personne son amour pour son mari, ni l’amour de son mari pour elle, soit par orgueil, soit par colère ; car une femme qui révèle les secrets de son époux encourt son mépris. Quant à chercher à obtenir les faveurs de son mari, Gonardiya dit que cela doit toujours se faire en particulier, par crainte de la plus ancienne femme. Si la plus ancienne femme est rebutée de son mari, ou stérile, elle lui marquera de la sympathie, et priera le mari d’être bon Pour elle ; mais elle s’efforcera de la surpasser en menant la vie d’une chaste épouse.

Ainsi finit la conduite de la plus jeune femme envers la plus ancienne.

Une veuve pauvre ou de faible nature, et qui s’allie de nouveau à un homme, s’appelle une veuve remariée.

Les disciples de Babhraya disent qu’une veuve vierge ne doit pas épouser un homme qu’elle pourrait être obligée de quitter, soit a cause de son mauvais caractère, soit parce qu’il serait dépourvu des qualités essentielles de l’homme. Gonardiya est d’avis que, si une veuve se remarie, c’est dans l’espoir d’être heureuse ; et comme le bonheur dépend surtout des excellentes qualités du mari, jointes à l’amour du plaisir, le mieux pour elle est de choisir tout d’abord un homme qui possède ces qualités. Vatsyayana, toutefois, estime qu’une veuve peut épouser qui lui plaît, et qui lui paraît capable de la rendre heureuse.

Au moment du mariage, la veuve doit demander à son mari l’argent nécessaire pour défrayer les parties à boire, les pique niques avec les parents, les cadeaux à leur donner ainsi qu’aux amis ; ou bien, si elle préfère, elle fera tout cela à ses propres amis. De même elle pourra porter soit les ornements de son mari, soit les siens. Quant aux présents d’affection à échanger mutuellement avec son mari, il n’y a pas là-dessus de règle fixe. Si, après le mariage, elle quitte son mari de son Propre mouvement, elle devra lui restituer tout ce qu’il lui aura donné, l’exception des présents mutuels. Mais si elle était chassée de la maison par son mari, elle n’aurait rien à lui rendre.

Après le mariage, elle vivra dans la maison de son mari comme un des principaux membres de la famille ; mais elle traitera les autres femmes avec bonté, les domestiques avec générosité, et tous les amis de la maison avec familiarité et bonne humeur. Elle fera voir qu’elle est plus instruite dans les soixante quatre arts que les autres femmes de la maison ; et si elle a une querelle avec son mari, elle ne le rudoiera pas, mais, en particulier, se prêtera à tout ce qu’il désire et mettra en œuvre les soixante quatre façons de jouissance. Elle sera obligeante pour les autres femmes de son mari, donnera des cadeaux à leurs enfants, leur servira de maîtresse et leur fera des ornements et des jouets. Elle aura plus de confiance dans les amis et les serviteurs de son mari que dans ses autres femmes ; et, finalement, elle sera toujours empressée pour les parties à boire, les pique-niques, les foires et les festivals, et pour toutes sortes de jeux et d’amusements.

Ainsi finit la conduite de la veuve vierge remariée.

Une femme que son mari n’aime pas et que les autres femmes persécutent et font souffrir, doit s’allier avec la femme préférée du mari et qui l’assiste plus assidûment que les autres, et lui enseigner tous les arts qu’elle connaît elle même. Elle servira de nourrice aux enfants de son mari, et, après s’être concilié ses amis, lui fera savoir par leur entremise à quel point elle lui est dévouée. Dans les cérémonies religieuses, les vœux, les jeunes, elle prendra l’initiative, sans concevoir elle-même une trop bonne opinion. Lorsque son mari sera couché sur son lit, elle n’ira le trouver que si cela lui est agréable, ne lui fera jamais de reproches, et ne lui montrera aucune mauvaise humeur. Si le mari est en querelle avec une de ses autres femmes, elle les réconciliera, et s’il désire voir quelque femme secrètement, elle s’occupera de ménager le rendez-vous. Elle cherchera en outre à se rendre compte des points faibles du caractère de son mari, mais elle les tiendra toujours secrets et, en général, se conduira de telle façon qu’il puisse la considérer comme une femme bonne et dévouée.

Ici finit la conduite de la femme qui n’est pas aimée de son mari.

On voit, dans les paragraphes ci-dessus, comment doivent se conduire toutes les femmes du sérail du Roi ; nous n’avons donc plus à parler séparément que du Roi.

Les femmes employées dans le harem, aux quelles on donne les noms particuliers de Kanchukiyas, Mahallari as et Mahallikas, doivent offrir au Roi, de la part de ses épouses, des fleurs, des onguents et des habits, et le Roi, après avoir reçu ces objets, en fera des cadeaux aux servantes, ainsi que des objets qu’il aura portés le jour précédent.

Dans l’après-midi, le Roi, habillé et revêtu de ses ornements, visitera les femmes du harem, qui seront aussi habillées et parées de leurs bijoux. Alors, après avoir assigné à chacune telle ou telle place et leur avoir séparément marqué ses égards, suivant l’occasion et leur mérite personnel, il entretiendra avec elles une agréable conversation.

Ensuite il visitera celles de ses femmes qui peuvent être des veuves vierges remariées, et, après elles, les concubines et les danseuses. Toutes les visites, pour ces trois dernières catégories, auront lieu dans la chambre particulière de chacune.

Lorsque le Roi s’éveille de sa sieste de midi, la femme qui a pour mission de lui indiquer celle de ses épouses qui devra passer la nuit avec lui vient le trouver, accompagnée des suivantes de cette épouse, dont le tour peut être régulièrement arrivé, de celle dont le tour peut avoir été passé par erreur, et de celle qui a pu se trouver indisposée au moment de son tour. Ces suivantes déposent devant le Roi les onguents et parfums envoyés par chacune de ces épouses et scellés de leur anneau ; elles lui disent leurs noms, et les motifs qui leur font envoyer ces onguents. Là-dessus, le Roi accepte l’onguent de l’une d’elles, qui en est informée et sait ainsi que son jour est arrivé.

Aux festivals, exercices de chant et cérémonies publiques, toutes les épouses du Roi doivent être traitées avec respect, et il leur sera servi des boissons.

Mais il ne doit pas être permis aux femmes du harem de sortir seules, et aucune femme étrangère au harem ne pourra y pénétrer, si ce n’est celles dont le caractère sera bien connu. Enfin, l’ouvrage que les épouses du Roi ont à faire ne doit pas être trop fatigant.

Ainsi finit la conduite du Roi envers les femmes de son harem, et la conduite des femmes à son égard. Un homme qui a plusieurs épouses doit agir loyalement envers toutes. Il ne sera ni indifférent ni trop indulgent pour leurs défauts, et il ne révélera pas à l’une d’elles l’amour, la passion, les imperfections corporelles, ni les défectuosités secrètes de l’autre. Il ne leur laissera aucune occasion de lui parler de leurs rivales, et si l’une d’elles commence à mal parler d’une autre, il la reprendra en lui disant qu’elle a exactement les mêmes défauts de caractère. Il plaira à l’une par des confidences intimes, à une autre par des égards particuliers, à une troisième par quelque flatterie secrète, et à toutes en allant aux jardins, en les amusant, en leur faisant des cadeaux, honorant leur famille, leur disant des secrets, et enfin en ayant du goût pour les unions. Une jeune femme de bonne humeur, et qui se conduit suivant les préceptes de l’Écriture Sainte, s’assure l’attachement de son mari et l’emporte sur ses rivales.

Ainsi finit la conduite d’un mari qui a plusieurs épouses.