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Kama Soutra (trad. Liseux)/VI

La bibliothèque libre.
Traduction par Isidore Liseux.
France Loisirs (p. 247-303).

SIXIÈME PARTIE

DES COURTISANES

AVANT-PROPOS DE L’ÉDITION ANGLAISE

Cette Sixième Partie, sur les Courtisanes, a été rédigée par Vatsyayana d’après un traité sur la matière, écrit par Dattaka pour les femmes de Pataliputra (la moderne Patna), il y a environ deux mille ans. Il ne paraît pas que l’ouvrage de Dattaka existe encore ; mais l’abrégé de Vatsyayana est très remarquable.

On a beaucoup écrit au sujet de la courtisane : nulle part cependant on n’en saurait trouver un portrait plus fidèle, ni une description plus vraie de ses débuts, de ses idées, du travail de son esprit, que dans les pages suivantes.

Des détails de la vie domestique et sociale des anciens Hindous ne seraient pas complets si l’on passait sous silence la courtisane : aussi la Sixième Partie est-elle entièrement consacrée à ce sujet. Les Hindous ont toujours eu le bon sens de reconnaître les courtisanes comme un élément de la société humaine, et aussi longtemps qu’elles se sont conduites avec décence et modestie, elles ont été entourées d’une sorte de respect. Elles n’ont jamais, en tout cas, été traitées en Orient avec cette brutalité et ce mépris si communs dans notre Occident ; et leur éducation a toujours été supérieure à celle des autres femmes dans les contrées orientales.

Si l’on remonte aux époques les plus reculées, la jeune danseuse et la courtisane hindoue bien élevée ressemblaient à l’hétaïre des Grecs ; instruites et aimables, elles faisaient des compagnes de beaucoup préférables à la généralité des femmes mariées ou non mariées. De tout temps et dans tous les pays, les femmes chastes et celles qui ne le sont pas ont toujours eu ensemble une certaine rivalité. Mais s’il y a des femmes qui sont nées courtisanes, et qui suivent les instincts de leur nature dans toutes les classes de la société, il est incontestable, comme l’ont dit plusieurs auteurs, que chaque femme a dans sa nature une tendance pour la profession, et qu’en règle générale elle fait de son mieux pour plaire au sexe mâle.

La subtilité des femmes, leur étonnant pouvoir de perception, leur connaissance et leur appréciation intuitive des hommes et des choses, tout cela est exposé dans les pages suivantes, qu’on peut considérer comme l’essence concentrée ce qui a été produit en détail par une foule d’écrivains, sur tous les points du globe.

I

Pourquoi une courtisane s’adresse aux hommes ; des moyens de s’attacher l’homme désiré, et de l’espèce d’homme qu’il est désirable de s’attacher

En ayant commerce avec les hommes, les courtisanes se procurent des plaisirs sexuels, aussi bien que leur propre subsistance. Maintenant, lorsqu’une courtisane accueille un homme par amour, l’action est naturelle ; mais si elle s’adresse à lui pour gagner de l’argent, alors l’action est artificielle ou forcée. Même dans ce cas cependant, elle doit se conduire comme si elle aimait naturellement, car les hommes s’attachent aux femmes qui ont l’air de les aimer. En faisant connaître à l’homme son amour, elle montrera qu’elle est entièrement exempte d’avarice, et, dans l’intérêt de son crédit futur, elle s’abstiendra de lui soutirer de l’argent par des moyens déloyaux.

Une courtisane, bien habillée et parée de ses ornements, doit se tenir assise ou debout à la porte de sa maison, et sans trop se mettre en évidence, elle regardera dans la rue de façon à être vue par les passants, attendu qu’elle est en quelque sorte un objet exposé en vente. Elle formera des amitiés avec telles ou telles personnes qui pourraient l’aider à brouiller les hommes avec d’autres femmes ; elle se les attachera en vue de réparer ses malheurs, d’acquérir de la richesse, et de se garantir de mauvais traitements ou d’insultes de la part de gens à qui elle aurait eu affaire de façon ou d’autre.

Ces personnes sont :

Les gardiens de la ville, ou la police.

Les officiers des cours de justice.

Les astrologues.

Les hommes pauvres, ou intéressés.

Les savants.

Les professeurs des soixante-quatre arts.

Les Pithamardas ou confidents.

Les Vitas ou parasites.

Les Vidushakas ou bouffons.

Les marchands de fleurs.

Les parfumeurs.

Les marchands de spiritueux.

Les blanchisseurs.

Les barbiers.

Les mendiants.

Et telles autres personnes qui peuvent lui être utiles pour l’objet qu’elle a en vue.

Les hommes qu’une courtisane peut cultiver, simplement pour gagner de l’argent, sont les suivants :

Les hommes d’un revenu indépendant.

Les jeunes gens.

Les hommes libres de tous liens.

Les hommes en charge sous le Roi.

Les hommes qui se sont assuré leurs moyens d’existence sans difficulté.

Les hommes qui possèdent des sources certaines de revenu.

Les hommes qui se croient beaux.

Les hommes qui aiment à se vanter.

Un eunuque qui veut se faire passer pour homme.

Un homme qui déteste ses égaux.

Un homme qui est naturellement libéral.

Un homme qui a de l’influence sur le Roi ou ses ministres.

Un homme qui est toujours heureux.

Un homme qui est fier de sa fortune.

Un homme qui désobéit aux ordres de ses aînés.

Un homme sur qui les membres de sa caste ont l’œil ouvert.

Un fils unique dont le père est riche.

Un ascète qui est intérieurement troublé par le désir.

Un homme brave.

Un médecin du Roi.

D’anciennes connaissances.

D’un autre côté, elle s’adressera, par amour ou dans l’intérêt de sa réputation, à des hommes doués d’excellentes qualités, tels que les suivants :

Les hommes de haute naissance, connaissant bien le monde et faisant des choses convenables en temps convenables ; les poètes ; les conteurs de bonnes histoires ; les hommes éloquents ; les hommes énergiques, adroits dans différents arts, prévoyant l’avenir, doués d’un grand Pouvoir de persévérance, d’une dévotion ferme, exempts de colère, libéraux, affectionnés pour leurs parents et ayant du goût pour toutes les réunions de société, habiles à compléter les vers composés par d’autres et au courant des différents sports, exempts de toute maladie, d’un corps parfaitement constitué, robustes, non livrés à la boisson, infatigables aux exercices d’amour, sociables, aimant les femmes et s’attirant leurs cœurs, mais sans se livrer complètement, possesseurs de moyens d’existence indépendants, exempts d’envie, et, enfin, exempts le soupçon.

Telles sont les bonnes qualités d’un homme.

La femme aussi doit se distinguer par les caractéristiques suivantes :

Elle doit être belle, aimable, et avoir sur le corps des signes de bon augure. Elle aimera les bonnes qualités chez les autres, et aura du goût pour la richesse. Elle se délectera aux unions sexuelles résultante de l’amour, aura l’esprit ferme, et, en ce qui concerne la jouissance sexuelle, sera de la même catégorie que l’homme.

Elle sera toujours désireuse d’acquérir de l’expérience et du savoir, sera exempte d’avarice, et aura toujours du goût pour les réunions de société et pour les arts.

Les qualités générales de toutes les femmes sont les suivantes :

Intelligence, on naturel et bonnes manières ; conduite régulière ; caractère reconnaissant ; prévoyance de l’avenir avant de rien entreprendre ; activité ; bonne tenue ; connaissance des temps et des lieux convenables pour chaque chose ; langage correct ; sans rire grossier, ni malignité, ni colère ; pas d’avarice, de sottise ni de stupidité ; connaissance des Kama Sutra ; adresse dans les arts qui s’y rattachent.

L’absence de l’une ou de l’autre des qualités ci-dessus constitue les défauts des femmes.

Les courtisanes doivent éviter les catégories d’hommes ci-après mentionnées :

Celui qui est atteint de consomption ; celui qui est de tempérament maladif ; celui qui a des vers dans la bouche ; celui dont l’haleine a l’odeur des excréments humains ; celui qui aime sa femme ; celui qui parle durement ; celui qui est toujours soupçonneux ; celui qui est avare ; celui qui est sans pitié ; un voleur ; un rat ; celui qui a du goût pour la sorcellerie ; celui qui se moque d’être respecté ou non ; celui que ses ennemis eux-mêmes peuvent corrompre avec de l’argent ; et enfin, celui qui est excessivement pudibond.

D’anciens auteurs sont d’avis qu’en s’adressant aux hommes, les courtisanes obéissent à l’un des mobiles suivants : amour, crainte, argent, plaisir, acte quelconque de vengeance à exécuter, curiosité, chagrin, habitude, D’arma, célébrité, compassion, désir d’avoir un ami, honte, ressemblance de l’homme avec quelque personne aimée, recherche de bonheur, envie de rompre avec un autre, conformité de catégorie avec l’homme pour l’union sexuelle, cohabitation dans un même lieu, constance, et pauvreté. Mais Vatsyayana pose en principe que le désir de la richesse, la recherche du bien-être, et l’amour, sont les seules causes qui poussent les courtisanes à s’unir aux hommes.

Maintenant, une courtisane ne doit pas sacrifier de l’argent pour son amour, attendu que l’argent est la principale chose qu’elle doit avoir en vue. Mais, dans les cas de crainte, etc., elle pourra avoir égard à la force et aux autres qualités de son amant. De plus, bien qu’elle soit invitée par un homme à s’unir à lui, elle ne doit pas y consentir tout de suite, car les hommes ont une tendance à mépriser ce qu’ils obtiennent facilement. À ces occasions, elle enverra d’abord les masseurs, les chanteurs, les bouffons, qu’elle peut avoir à son service, ou, en leur absence, les Pithamardas ou confidents, et d’autres, pour tâter l’état de ses sentiments et de son esprit. Au moyen de ces personnes, elle saura si l’homme est pur ou impur, bien disposé ou non, capable d’attachement ou indifférent, libéral ou avare ; et si elle le trouve à son goût, elle emploiera alors le Vita et d’autres personnes pour se l’attacher.

En conséquence, le Pithamarda amènera l’homme chez elle, sous le prétexte de voir des combats de cailles, de coqs, de béliers, d’entendre le maina (sorte de sansonnet), ou d’assister à un spectacle, ou à la pratique d’un art ; ou bien, il pourra conduire la femme à la demeure de l’homme. Ensuite, lorsque l’homme sera venu dans sa maison, la femme lui donnera un objet capable d’exciter sa curiosité et de le rendre amoureux, tel qu’un présent d’amour, qu’elle lui dira spécialement destiné à son usage. Elle l’amusera aussi longtemps, en lui contant telles histoires et en faisant telles choses qui pourront lui être le plus agréables. Lorsqu’il sera parti, elle lui enverra souvent une de ses servantes, habile à tenir une conversation enjouée, et en même temps elle lui fera remettre un petit cadeau. Quelquefois aussi, elle ira elle-même le trouver, sous le prétexte d’une affaire quelconque, et accompagnée du Pithamarda.

Ainsi finissent les moyens, pour la courtisane, de s’attacher l’homme qu’elle désire.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte :

"Lorsqu’un galant se présente chez elle, la courtisane doit lui donner un mélange de feuilles de bétel et de noix de bétel, des guirlandes de fleurs et des onguents parfumés ; puis, en lui montrant son adresse dans les arts, tenir avec qui une longue conversation. Elle doit aussi lui donner des présents d’amour, échanger avec lui différents objets, et, en même temps, lui faire voir son expérience dans les exercices sexuels. Une fois unie de la sorte avec son amant, la courtisane doit s’étudier à lui être toujours agréable par des dons amicaux, par sa conversation et par son habileté à varier les modes de jouissance."

II

De la courtisane vivant maritalement avec un homme

Lorsqu’une courtisane vit avec son amant comme si elle était mariée, elle doit se conduire en femme chaste et le satisfaire en tout.

Son devoir, en deux mots, est de lui donner du plaisir ; mais il ne faut pas qu’elle s’attache à lui, bien qu’elle se conduise comme si elle lui était réellement attachée.

Or voici la manière dont elle doit procéder pour réaliser l’objet en question. Elle aura une mère dépendante d’elle, qu’elle puisse représenter comme très âpre au pain et uniquement préoccupée d’amasser de l’argent. Si elle n a pas de mère, elle fera jouer ce rôle à une vieille nourrice ou femme de confiance. La mère ou la nourrice, pour leur art, se montreront mal disposées pour l’amant, et lui retireront la fille de force. Quant à celle-ci, elle affectera, dans ces occasions, de la colère, de l’abattement, de la crainte et de la honte ; mais en aucun cas elle ne désobéira à la mère ou à la nourrice.

Elle dira à la mère ou à la nourrice que l’homme est atteint d’une indisposition, et, sous ce prétexte, elle ira le voir. Voici, de plus, les différentes choses qu’elle devra faire pour s’assurer la faveur de l’homme :

Elle enverra sa servante chercher les fleurs qui lui auront servi la veille, afin de s’en servir elle-même en signe d’affection ; elle demandera également le mélange de noix de bétel et de feuilles de bétel qu’il n’aura pas mangé ; elle exprimera son étonnement de l’expérience dont il aura fait preuve dans le commerce sexuel et dans les divers modes de jouissance qu’il aura employés ; elle apprendra de lui les soixante-quatre sortes de plaisirs énumérées par Babhravya ; pratiquera continuellement les moyens de jouissance qu’il lui aura enseignés, en se conformant à sa fantaisie ; gardera ses secrets ; lui confiera ses propres désirs et secrets ; dissimulera sa colère ; ne le négligera jamais au lit lorsqu’il tournera son visage de son côté ; touchera, suivant son caprice, une partie quelconque de son corps ; le baisera et l’embrassera pendant son sommeil ; le regardera d’un air d’anxiété lorsqu’il sera songeur, ou qu’il pensera à quelque autre objet qu’à ellemême ; ne montrera ni complète indifférence ni excessive émotion, lorsqu’il la rencontrera ou que, de la rue, il la verra debout sur la terrasse de sa maison ; haïra ses ennemis ; aimera ceux qui lui sont chers ; montrera du goût pour ce qu’il aime ; sera gaie ou triste, suivant qu’il le sera lui-même ; exprimera le désir de voir ses femmes ; ne restera pas longtemps en colère ; affectera de soupçonner que les marques et égratignures, faites par elle-même sur son corps avec ses ongles et ses dents, aient été faites par quelque autre femme ; ne manifestera pas son amour pour lui par des paroles, mais par des actes, des signes, des demi-mots ; restera silencieuse lorsqu’il sera endormi, ivre ou malade ; écoutera attentivement le récit qu’il pourra faire de ses bonnes actions, et les répétera ensuite à sa louange ; lui répondra avec vivacité et gaieté lorsqu’elle le verra suffisamment familiarisé ; prêtera l’oreille à tout ce qu’il racontera, sauf ce qui concernera ses rivales ; exprimera ses sentiments d’abattement et de chagrin s’il soupire, bâille ou s’évanouit ; s’il éternue, prononcera aussitôt les mots de "longue vie !" ; se prétendra malade, ou désireuse d’être enceinte, lorsqu’elle sentira de l’ennui ; s’abstiendra de louer les bonnes qualités de personne autre, et de censurer ceux qui auront les mêmes défauts que son amant ; portera n’importe quel objet qu’il pourra lui avoir donné ; évitera de revêtir ses ornements et s’abstiendra de manger lorsqu’il sera souffrant, malade, découragé, ou atteint de quelque malheur, le consolant et partageant avec lui son affliction ; demandera de l’accompagner, s’il lui arrive de quitter le pays volontairement ou s’il en est banni par le Roi ; exprimera le désir de ne pas lui survivre ; lui dira que le seul objet, le seul vœu de toute sa vie était d’être unie à lui ; offrira à la divinité les sacrifices promis d’avance, lorsqu’il acquerra de la richesse ou obtiendra satisfaction de quelque désir, ou lorsqu’il sera rétabli de quelque infirmité ou maladie ; mettra chaque jour ses ornements ; n’agira pas trop librement avec lui ; mêlera son nom et celui de sa famille ans ses chansons ; placera sa main sur ses reins, sa poitrine et son front, et tombera pâmée du plaisir qu’elle aura ressenti à ses attouchements ; s’assiéra sur ses genoux et s’y endormira ; voudra avoir un enfant de lui ; ne désirera pas vivre plus longtemps que lui ; s’abstiendra de révéler ses secrets le dissuadera des vœux et des jeûnes, en lui disant : "Laissez le péché pour mon compte" ; observera avec lui les vœux et les jeûnes, lorsqu’il lui sera impossible de changer sa détermination à ce sujet ; lui dira que les vœux et les jeûnes sont difficiles à observer, même par elle, lorsqu’elle aura à leur propos quelque discussion avec lui ; s’occupera de sa propre fortune et de la sienne, sans distinction ; s’abstiendra de paraître sans lui aux assemblées Publiques, et l’accompagnera s’il en exprime le désir ; se plaira à employer des choses déjà employées par lui, et à manger de la nourriture qu’il aura laissée ; respectera sa famille, son caractère, son habileté ans les arts, sa caste, sa couleur, son pays natal, ses amis, ses bonnes qualités, son naturel aimable ; le priera de chanter, et de faire d’autres choses de ce genre, s’il en est capable ; ira le trouver sans crainte aucune, et sans s’inquiéter du froid, de la chaleur ou de la pluie ; à l’égard de l’autre monde, lui dira que, là encore, elle sera sa maîtresse ; réglera ses propres goûts et ses actions suivant son désir ; s’abstiendra de sorcellerie ; se querellera continuellement avec sa mère au sujet des visites à lui rendre, et si sa mère l’entraîne de force dans un autre endroit, menacera de s’empoisonner, de se laisser mourir de faim, de se percer avec une arme quelconque, ou de se pendre ; enfin, lui inspirera, au moyen de ses agents, une confiance entière dans sa constance et son amour ; et tout en recevant elle-même de l’argent, évitera toute discussion avec sa mère sur des affaires d’intérêt.

Si l’homme se met en route pour un voyage, elle lui fera jurer qu’il reviendra promptement, et, en son absence, négligera ses vœux d’adoration à la divinité, et ne mettra d’autres ornements que ceux qui portent bonheur. Si le temps fixé pour son retour est passé, elle essaiera d’en connaître l’époque réelle d’après certains présages, les propos de ses voisins, et d’après la position des planètes, de la lune et des étoiles. À l’occasion de quelque amusement ou de quelque songe le bon augure, elle dira : "Puissé-je lui être bientôt réunie !" Et si elle se sent de la mélancolie, ou voit un mauvais présage, elle accomplira quelque cérémonie pour apaiser la divinité.

Lorsque l’homme sera de retour, elle adorera le dieu Kama (c’est-à-dire le Cupidon indien), et fera des oblations aux autres divinités ; puis, s’étant fait apporter par ses amis un vase plein d’eau, elle honorera le corbeau qui mange les offrandes que nous faisons aux mânes de nos parents décédés. Après la première visite, elle priera son amant l’accomplir aussi certains rites, ce qu’il fera s’il lui est suffisamment attaché.

Or on dit qu’un homme est suffisamment attaché à une femme lorsque son amour est désintéressé ; lorsqu’il a en vue le même objet que sa bien-aimée ; lorsqu’il est entièrement exempt de soupçons ; et lorsqu’il ne compte pas avec elle en matière d’argent.

Telle est la manière dont une courtisane doit vivre maritalement avec un homme : elle est établie ici pour lui servir de guide, d’après les règles de Dattaka. Ce qui n’est pas indiqué ici devra être pratiqué suivant la coutume et la nature de chaque individu.

Il y a aussi, sur ce sujet, deux versets dont voici le texte :

"L’étendue de l’amour des femmes n’est pas connue, même de ceux qui sont les objets de leur affection, à cause de sa subtilité, et aussi de l’avarice et de la finesse naturelle du sexe féminin." "Les femmes ne sont presque jamais connues sous leur vrai jour soit qu’elles aiment les hommes, ou qu’elles leur deviennent indifférentes ; qu’elles leur procurent de la jouissance, ou les abandonnent ; ou qu’elles réussissent à en tirer toute la fortune qu’ils possèdent."

III

Des moyens de gagner de l’argent. Des signes qu’un amant commence à se fatiguer, et des moyens de s’en débarrasser


L’argent s’obtient d’un amant de deux façons, à savoir :

Par moyens naturels et légaux, et par artifices. De vieux auteurs sont d’avis que, si une courtisane peut tirer de son amant autant d’argent qu’il lui en faut jour ses besoins, elle ne doit pas user d’artifice.

Mais Vatsyayana établit que si elle peut obtenir de l’argent par des moyens naturels, en usant d’artifice elle obtiendra le double, et conséquemment, elle aura recours à l’artifice pour lui extorquer de l’argent de toute manière. Or les artifices à employer pour tirer de l’argent d’un amoureux sont les suivants :

1. Elle lui demandera de l’arpent à différentes occasions, pour acheter certains articles, tels que ornements, nourriture, boissons, fleurs, parfums et vêtements ; et elle ne les achètera pas du tout, ou les achètera moins cher.

2. Elle lui vantera en face son intelligence.

3. Elle se prétendra obligée de faire des cadeaux à l’occasion de festivals ayant pour sujet des vœux, des arbres, des jardins, des temples ou des réservoirs.

4. Elle prétendra qu’en allant chez lui, elle a eu ses bijoux enlevés soit par les gardes du Roi, soit par des voleurs.

5. Elle alléguera que sa propriété a été détruite par le feu, par l’effondrement de sa maison, ou par la négligence de ses domestiques.

6. Elle prétendra avoir perdu les ornements de son amant avec les siens.

7. Elle lui fera dire, par d’autres personnes, les frais que lui auront occasionnés ses déplacements pour aller le voir.

8. Elle contractera des dettes au nom de son amant.

9. Elle se querellera avec sa mère au sujet de quelque dépense faite par elle pour son amant, et qui n’était pas approuvée de la mère.

10. Elle n’ira pas aux parties ou fêtes qui se donneront chez ses amis, faute de présents à leur offrir, ayant d’abord informé son amant des riches cadeaux qu’elle a reçus de ces mêmes amis.

11. Elle n’accomplira pas certaines cérémonies, sous le prétexte qu’elle n’a pas d’argent pour y vaquer.

12. Elle engagera des artistes pour faire quelque chose au compte de son amant.

13. Elle entretiendra des médecins et des ministres en vue de quelque objet.

14. Elle assistera ses amis et ses bienfaiteurs, soit à l’occasion des fêtes, soit dans l’infortune.

15. Elle observera les rites domestiques.

16. Elle prétendra avoir à payer les frais de mariage du fils d’une amie.

17. Elle aura à satisfaire des envies durant sa grossesse.

18. Elle se dira malade et surchargera la note du traitement.

19. Elle voudra tirer un ami d’embarras.

20. Elle vendra quelques uns de ses bijoux, pour faire un cadeau à son amant.

21. Elle fera semblant de vendre une partie de ses ornements, de ses meubles, ou de ses ustensiles de cuisine, à un marchand qui aura été préalablement averti du rôle à jouer dans cette affaire.

22. Elle aura besoin d’acheter des ustensiles de cuisine de plus grande valeur que ceux du commun, afin qu’ils puissent être plus aisément distingués et ne risquent pas d’être changés contre d’autres de qualité inférieure.

23. Elle rappellera les premières libéralités de son amant, et en fera continuellement parler par ses amies et ses suivantes.

24. Elle vantera à son amant les gros bénéfices réalisés par d’autres courtisanes.

25. Elle décrira devant celle ci, en présence de son amant, ses propres bénéfices, qu’elle dira plus grands même que les leurs, quoique ce puisse ne pas être vrai.

26. Elle résistera ouvertement à sa mère, si celle-ci veut la persuader de prendre des hommes qu’elle aurait précédemment connus, à cause des gros bénéfices qu’il y aurait à en tirer.

27. Enfin elle fera remarquer à son amant la libéralité de ses rivaux.

Ainsi finissent les moyens de gagner de l’argent.

Une femme doit toujours reconnaître l’état l’esprit, les sentiments et la disposition de son amant à son égard, d’après les changements de son caractère, sa contenance, et la couleur de son visage.

La conduite d’un amant qui se refroidit est la suivante :

1. Il donne à la femme moins que ce qui est nécessaire à ses besoins, ou, parfois, autre chose que ce qu’elle demande.

2. Il la tient en haleine par des promesses.

3. Il annonce qu’il fera une chose, et en fait une autre.

4. Il ne satisfait pas ses désirs.

5. Il oublie ses promesses, ou fait autre chose que ce qu’il a promis.

6. Il cause avec ses propres domestiques d’une façon mystérieuse.

7. Il passe la nuit dans une autre maison, sous le prétexte d’avoir quelque chose à faire pour un ami.

8. Enfin, il cause en particulier avec les suivantes d’une femme qu’il connaissait précédemment.

Or quand une courtisane s’aperçoit d’un changement dans les dispositions de son amant, elle doit mettre la main sur tout ce qu’elle possède de plus précieux avant qu’il ne puisse connaître ses intentions, et elle le laissera prendre de force à un créancier supposé, en paiement de quelque dette imaginaire. Ensuite, si l’amant est riche et qu’il se soit toujours bien conduit avec elle, elle continuera de le traiter avec respect ; mais s’il est pauvre et sans ressources, elle s’en débarrassera comme si elle ne l’avait jamais vu auparavant.

Les moyens de se débarrasser d’un amant sont les suivants :

1. Elle représentera les habitudes et les vices de l’amant comme désagréables et odieux, en ricanant du bout des lèvres et en frappant du pied.

2. Elle lui parlera d’une affaire qu’il ne connaît pas.

3. Elle ne montrera pas d’admiration pour son savoir, et le critiquera plutôt.

4. Elle rabaissera son orgueil.

5. Elle recherchera la compagnie d’hommes qui lui sont supérieurs en savoir et en sagesse.

6. Elle témoignera de son dédain pour lui en différentes occasions.

7. Elle critiquera les hommes qui ont les mêmes défauts que lui.

8. Elle exprimera son déplaisir pour les modes de jouissance qui lui sont familiers.

9. Elle ne lui donnera pas sa bouche à baiser.

10. Elle lui refusera l’accès de son jaghana, c’est-à-dire de la partie de son corps entre le nombril et les cuisses.

11. Elle montrera du dégoût pour les blessures faites par ses ongles et ses dents.

12. Elle ne se serrera pas contre lui lorsqu’il l’embrassera.

13. Elle restera les membres immobiles pendant le congrès.

14. Elle voudra qu’il jouisse d’elle lorsqu’il sera fatigué.

15. Elle rira de son attachement pour elle.

16. Elle ne répondra pas à ses embrassements.

17. Elle s’éloignera de lui lorsqu’il voudra l’embrasser.

18. Elle fera semblant d’avoir sommeil.

19. Elle sortira en visite, ou ira rejoindre une compagnie, lorsqu’elle le verra désireux de rester avec elle toute la journée.

20. Elle affectera de mal comprendre ses paroles.

21. Elle rira sans aucun motif, ou, s’il dit quelque plaisanterie, elle rira d’autre chose.

22. Elle regardera de côté ses propres servantes, et claquera des mains lorsqu’il parlera.

23. Elle l’interrompra au milieu de ses récits, et se mettra elle même à raconter d’autres histoires.

24. Elle divulguera ses défauts et ses vices, les déclarant incurables.

25. Elle dira à ses servantes des mots calculés pour piquer au vif le cœur de son amant.

26. Elle aura soin de ne pas le regarder lorsqu’il viendra la voir.

27. Elle lui demandera ce qu’il ne pourrait lui accorder.

28. Et, finalement, elle le renverra.

Il y a aussi, sur ce sujet, deux versets dont voici le texte :

« Le devoir d’une courtisane consiste à nouer des relations avec ]es hommes convenables, après mûr examen ; à s’attacher celui avec lequel elle s’est unie ; à obtenir de la richesse de celui qui lui est attaché, et à le renvoyer ensuite, après l’avoir dépouillé de toute sa fortune." "Une courtisane, qui mène ainsi la vie d’une femme mariée, n’a as l’embarras d’un grand nombre d’amants, et elle n’en tire pas moins abondance et richesse. »

IV

D’une nouvelle union avec un ancien amant


Lorsqu’une courtisane abandonne son amant après lui avoir soutiré sa fortune, elle doit penser à une nouvelle union avec un ancien amant.

Mais elle n’ira le retrouver que s’il est redevenu riche, ou s’il lui reste de la fortune, et s’il lui est encore attaché. Et s’il arrive que cet homme,à ce moment même, vive avec une autre femme, elle réfléchira bien avant d’agir.

Or un tel homme ne peut être que dans l’une des six positions suivantes, savoir :

1. Il peut avoir quitté la première femme de son propre mouvement, et même en avoir quitté une autre depuis.

Or, si l’homme a quitté les deux femmes de son propre mouvement, il n’y a pas lieu d’aller le retrouver, vu l’inconstance de son esprit et son indifférence pour les belles qualités de ces deux femmes.

2. Il peut avoir été éconduit par les deux femmes.

Quant à l’homme qui peut avoir été éconduit par les deux femmes, s’il l’a été par la dernière dans l’espoir qu’avait celle-ci de tirer plus d’argent d’un autre homme, alors il y a lieu d’aller le retrouver ; car, s’il est encore attaché à la première femme, il lui donnera plus d’argent, par vanité et afin de éviter l’autre femme. Mais s’il en a été éconduit pour sa pauvreté ou son avarice, il n’y a pas lieu d’aller le retrouver.

3. Il peut avoir quitté l’une es deux femmes de son propre mouvement, et avoir été éconduit par l’autre.

Dans le cas où l’homme aurait volontairement quitté l’une des femmes et aurait été éconduit Par l’autre, s’il consent à revenir à la première et lui donne d’avance beaucoup d’argent, alors il y a lieu de l’accueillir.

4. Il peut avoir quitté l’une des femmes de son propre mouvement, et vivre avec une autre.

Dans le cas où l’homme aurait volontairement quitté l’une des femmes, et vivrait avec une autre, la première, si elle désire le reprendre, doit d’abord s’assurer s’il l’a quittée dans l’espoir de trouver chez l’autre femme quelque qualité exceptionnelle, et si, n’ayant pas trouvé ce qu’il espérait, il est disposé à lui revenir et à lui donner beaucoup d’argent, en considération de sa conduite et de l’affection qu’il a encore pour elle.

Ou bien, si, ayant découvert maints défauts chez l’autre femme, il a une tendance à trouver maintenant chez la première plus de qualités même qu’elle n’en a réellement, et s’il est disposé à lui donner beaucoup d’argent pour ces qualités.

Ou enfin elle examinera si c’est un homme faible, ou qui aime à jouir de beaucoup de femmes, ou qui aimait une femme pauvre, ou lui n’a jamais rien fait pour la femme avec laquelle il vivait. Tout cela bien considéré, elle s’adressera ou non à lui, selon les circonstances.

5. Il peut avoir été éconduit par l’une, et avoir quitté l’autre de son propre mouvement. ••••Ȃ2; Quant à l’homme qui peut avoir été éconduit par l’une des femmes et avoir volontairement quitté l’autre, la première femme, si elle désire le reprendre, devra d’abord s’assurer s’il a encore de l’affection pour elle et si, en conséquence, il dépenserait pour elle beaucoup l’argent ; ou si, tout en aimant ses excellentes qualités, il a cependant le goût pour une autre femme ; ou si, ayant été éconduit par elle avant d’avoir complètement satisfait ses désirs sexuels, il ne désire pas lui revenir dans le but de venger l’injure qu’il en a reçue ; ou encore, s’il ne désire pas lui inspirer confiance, et lui reprendre alors sa fortune qu’elle lui a soutirée, et finalement la ruiner ; ou, enfin, s’il n’a pas l’intention de la faire rompre avec son amant et de briser ensuite lui-même. Si, tout cela considéré, elle croit que ses intentions sont réellement pures et honnêtes, elle peut contracter avec lui une nouvelle union. Mais si elle le soupçonne de mauvaises idées, elle devra y renoncer.

6. Il peut avoir été éconduit par l’une des femmes, et vivre avec une autre.

Dans le cas où l’homme aurait été éconduit par une femme et vivrait avec une autre, s’il fait des ouvertures pour revenir à la première, la courtisane réfléchira bien avant d’agir, et pendant que l’autre femme sera occupée à se l’assurer, elle essaiera à son tour, tout en restant cachée derrière la scène, de le reconquérir, en se faisant à elle-même les raisonnements ci-après :

1. Il a été éconduit injustement et sans cause ; et maintenant qu’il s’est adressé à une autre femme, je dois faire tous mes efforts pour le ramener à moi.

2. Si seulement il causait une fois avec moi, il briserait avec l’autre femme.

3. Grâce à mon ancien amant, je rabaisserais l’orgueil de celui que j’ai aujourd’hui.

4. Il est devenu riche, occupe une belle position et remplit une charge élevée sous le Roi.

5. Il est séparé de sa femme.

6. Il est maintenant indépendant.

7. Il vit à part de son père ou de son frère.

8. En faisant la paix avec lui, je mettrai la main sur un homme très riche, que mon présent amant empêche seul de me revenir.

9. Comme sa femme ne le respecte pas, je pourrai maintenant l’en séparer.

10. L’ami de cet homme aime ma rivale, qui me déteste cordialement : ce sera une occasion de séparer l’homme de sa maîtresse.

11. Et, enfin, je jetterai sur lui du discrédit en le ramenant à moi, car je montrerai ainsi l’inconstance de son esprit. Lorsqu’une courtisane est résolue à reprendre un ancien amant, son Pithamarda ou d’autres domestiques lui diront que, s’il a été précédemment éconduit, c’est grâce à a méchanceté de la mère ; que la fille l’aimait autant et plus que le premier jour, mais qu’elle a dû céder par déférence à la volonté de sa mère ; qu’elle souffre de son union avec son présent amant, et qu’elle le déteste au possible. Ils chercheront, de plus, à lui inspirer confiance en lui parlant de son ancien amour pour lui, et feront allusion à telle ou telle marque de cet amour dont elle s’est toujours souvenue. Cette marque d’amour lui rappellera une sorte de plaisir qu’il aura pu pratiquer, comme, par exemple, sa manière de la baiser, ou sa manière d’opérer le congrès avec elle.

Ainsi finissent les moyens de former une nouvelle union avec un ancien amant.

Lorsqu’une femme peut choisir entre deux amants, dont l’un lui était précédemment uni et l’autre lui est étranger, les Acharyas (sages) sont d’avis que le premier est préférable, parce que, ses goûts et son caractère lui étant bien connus par l’observation qu’elle en a faite, elle pourra aisément lui plaire et le contenter. Mais Vatsyayana pense qu’un ancien amant, qui a déjà dépensé une Grande partie de sa fortune, ne peut ou ne veut pas donner encore de l’argent, et qu’il mérite, par conséquent, moins de confiance qu’un étranger. Il peut, toutefois, se présenter des cas en contradiction avec cette règle générale, suivant les différentes natures des hommes.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte :

"Une nouvelle union avec un ancien amant peut être désirable, en vue de séparer telle ou telle femme de tel ou tel homme, ou tel ou tel homme de telle ou telle femme, ou encore de produire un certain effet sur le présent amant." "Lorsqu’un homme est excessivement attaché à une femme, il redoute de la voir en contact avec d’autres hommes ; il est alors tout à fait aveugle pour ses défauts, et il lui donne beaucoup d’argent, de peur qu’elle ne l’abandonne." "Une courtisane doit être aimable pour l’homme qui lui est attaché, et rebuter celui qui n’a pas d’attentions pour elle. Si, pendant qu’elle vit avec un homme, il lui arrive un messager de la part d’un autre homme, elle peut soit se refuser à toute négociation, soit lui indiquer un jour où elle ira le voir ; mais elle ne doit pas quitter l’homme avec lequel elle vit et qui lui est attaché." "Une femme sage, avant de reprendre sa liaison avec un ancien amant, doit s’assurer que cette nouvelle union aura pour accompagnement le bonheur, le gain, l’amour et l’amitié."

V

Des différentes sortes de gain

Si une courtisane peut réaliser chaque jour beaucoup d’argent, grâce à une nombreuse clientèle, elle ne doit pas s’attacher à un seul amant ; dans ce cas, elle fixera son prix pour une nuit, après avoir bien considéré le lieu, la saison, les ressources de ses clients, ce qu’elle à de bonnes qualités, sa bonne mine, et aussi en comparant ses prix avec ceux d’autres courtisanes. Elle pourra informer de son tarif ses amants, amis et connaissances. Si, cependant, elle a la chance d’obtenir un gros gain d’un seul amant, elle pourra s’attacher à lui seul et vivre maritalement avec lui.

Maintenant, les Sages sont d’avis que, si une courtisane a la chance l’un gain égal de la part de deux amants à la fois, elle doit préférer celui qui lui donnerait précisément la chose dont elle a besoin. Mais Vatsyayana dit qu’elle oit préférer celui qui lui donne de l’or, parce que l’or ne peut pas être repris comme d’autres objets, qu’on le reçoit facilement, et que c’est un moyen de se procurer tout ce qu’on désire.

De toutes ces choses : or, argent, cuivre, métal de cloche, fer, vases, meubles, lits, vêtements de dessus, vêtements de dessous, substances parfumées, vaisseaux faits avec des gourdes, huile, blé, bestiaux, etc., première, c’est-à-dire l’or, est supérieure à toutes les autres.

Si la conquête des deux amants exige la même peine, ou si l’on eut obtenir a même chose de chacun d’eux, il conviendra de s’en apporter pour le choix à une amie ; ou bien l’on se décidera d’après leurs qualités personnelles, ou encore d’après les signes de bonne ou mauvaise fortune qu’ils pourront porter sur eux.

S’il y a deux amants, ont l’un est attaché à la courtisane, et l’autre est simplement très généreux, les Sages disent qu’il faut donner la préférence à l’amant généreux ; mais Vatsyayana est d’avis qu’il vaut lieux préférer celui qui est attaché à la courtisane, parce qu’il Peut devenir généreux : en effet, un avare même donne de l’argent s’il est pris d’une femme, tandis qu’un homme simplement généreux. aimera jamais avec attachement. Mais si, parmi ceux qui lui sont attachés, il y en a un pauvre et un riche, elle donnera naturellement préférence au dernier.

S’il y a deux amants, dont l’un est généreux, et l’autre prêt à rendre un service quelconque à la courtisane, certains Sages disent qu’il faut préférer celui qui est prêt à rendre le service ; mais, dans l’opinion Vatsyayana, un homme qui rend un service croit avoir tout gagné une fois la chose faite, tandis qu’un homme généreux ne pense plus à qu’il a donné. Ici même, la courtisane se décidera d’après l’utilité de bénéfices que pourra lui procurer son union avec ou l’autre.

Si l’un des deux amants est reconnaissant, et l’autre libéral, certains Sages disent qu’il faut préférer le libéral ; mais, dans l’opinion de Vatsyayana, c’est le premier qu’il faut choisir, car les hommes libéraux sont généralement hautains, brusques en paroles et sans égards pour les autres. Ces hommes libéraux auront beau avoir été longtemps liés avec la courtisane, s’ils viennent à lui découvrir quelque défaut, ou si une autre femme leur en dit du mal, ils n’ont cure des services passés et rompent subitement. L’homme reconnaissant, au contraire, ne brise pas tout d’un coup avec elle : il a égard à la peine qu’elle peut s’être donnée pour lui plaire. Ici encore, le choix sera déterminé par les probabilités de l’avenir.

Lorsque la courtisane trouve à la fois une occasion de satisfaire à la requête d’un ami, et une chance de gagner de l’argent, les Sages disent qu’elle doit avant tout s’occuper de gagner de l’argent. Mais Vatsyayana est d’avis que l’argent peut se retrouver demain aussi bien Qu’aujourd’hui, mais que, si l’on néglige une fois la requête peut en garder rancune. Ici encore, le choix sera déterminé par le meilleur résultat à obtenir. En pareille occasion, toutefois, la courtisane pourra apaiser son ami en lui disant qu’elle a quelque chose à faire et qu’elle satisfera à sa requête le jour suivant : de cette manière, elle ne perdra point la chance de gagner l’argent qu’on lui offrait.

Si la chance de gagner de l’argent et celle d’éviter quelque désastre se présentent à la fois, les Sages sont d’avis qu’il faut préférer la chance de gagner de l’argent ; mais Vatsyayana dit que l’importance limitée, tandis qu’un désastre, une fois évité, peut ne plus revenir. Ici, au surplus, ce qui doit déterminer le choix, c’est laideur ou l’insignifiance du désastre.

Les gains de la plus riche et de la meilleure classe de seront affectés aux dépenses suivantes :

À bâtir des temples, réservoirs et jardins ; à donner un millier vaches à différents Brahmanes ; à pratiquer le culte des dieux et célébrer des festivals en leur honneur ; et, enfin, qui pourront être dans leurs moyens. Les gains des autres courtisanes seront dépensés comme suit :

À posséder un habillement blanc à porter chaque jour ; à se curer nourriture et boisson en quantité suffisante pour apaiser et soif ; à manger chaque jour un tambula parfumé, c’est-à-dire mélangé de noix de bétel et de feuilles de bétel ; et à porter des ornements rodés d’or. Les Sages disent que ces dépenses les gains de toutes les classes moyennes et inférieures de courtisanes mais Vatsyayana est d’avis que leurs gains ne peuvent être fixés en aucune façon, attendu qu’ils dépendent des conditions du lieu, de la coutume du peuple, de leur propre physionomie, et de bien d’autres choses.

Si une courtisane veut empêcher un homme de s’adresser à une autre femme ; ou si elle veut le détacher d’une autre femme avec laquelle il est lié ; ou priver une femme des gains qu’elle en a tirés ; ou si elle croit qu’elle élèverait sa position, gagnerait de gros bénéfices et se rendrait désirable à tous les hommes en s’unissant avec celui-là ; ou bien si elle désire se procurer son aide pour éviter quelque malheur ; ou si elle lui est réellement attachée et l’aime d’amour ; ou si elle a en vue de faire du tort à quelqu’un par son moyen ; ou si elle a égard à quelque faveur qu’elle en a précédemment reçue ; ou si, pour s’unir à lui, elle n’est poussée que par le désir : dans n’importe lequel des cas ci-dessus, elle ne lui demandera qu’une petite somme d’argent, et d’une manière amicale.

Si une courtisane a l’intention d’abandonner un amant en titre et d’en prendre un autre ; ou si elle a des raisons de croire que son amant va la quitter bientôt et retourner à ses femmes ; ou qu’il a dissipé tout son argent et se retrouve sans le sou, et que son tuteur, ou son maître, de son frère va venir le reprendre ; ou que son amant est sur le point de perdre sa position ; ou enfin, qu’il est d’humeur volage : dans tous ]es cas elle devra essayer de tirer de lui le plus tôt possible autant l’arpent qu’elle pourra.

D’un autre côté, si la courtisane pense que son amant est sur le point de recevoir de beaux présents ; ou d’obtenir une charge auprès du Roi ; ou d’hériter d’une fortune ; ou qu’il a, tout près d’arriver, un navire chargé de marchandises ; ou qu’il possède de grands stocks de blé et d’autres denrées ; ou que, si elle fait quelque chose pour lui, ce ne sera pas peine perdue ; ou bien, qu’il est toujours fidèle à sa parole : alors elle prendra conseil de son bien-être à venir, et vivra avec lui comme une femme mariée.

Il y a aussi, sur ce sujet, des versets dont voici le texte :

"En vue de ses bénéfices présents et de son bien-être à venir, une courtisane doit éviter les hommes qui ont gagné avec beaucoup de peine leurs moyens de subsistance, comme aussi ceux qui sont devenus égoïstes et durs en obtenant les faveurs du Roi." "Elle fera tous ses efforts pour s’unir avec des personnages fortunés et libéraux, et avec ceux qu’il serait dangereux d’éviter ou d’offenser en quoi que ce soit. Même au prix de quelque sacrifice, elle se fera avec des hommes énergiques et généreux, qui, une fois satisfaits, qui donneront beaucoup d’argent, voire pour un très petit service, ou pour fort peu de chose."

VI

Des gains et des pertes, gains et pertes accessoires, doutes ; et enfin, des différentes sortes de courtisanes

Il arrive assez souvent que, lorsqu’on court après des gains ou qu’on espère en obtenir, tous les efforts n’aboutissent qu’à des pertes.

Les causes de ces pertes sont :

Faiblesse d’intelligence.

Amour excessif.

Excès d’orgueil.

Excès d’égoïsme.

Excessive simplicité.

Excès de confiance.

Excès de colère.

Paresse.

Insouciance.

Influence d’un mauvais génie.

Circonstances accidentelles.

Ces pertes ont pour résultats :

Des frais sans aucune compensation.

La ruine du bien être futur.

La perte de gains qu’on allait réaliser.

L’aigrissement du caractère.

La misanthropie.

L’altération de la santé.

La Perte des cheveux ; et d’autres accidents.

Or le gain est de trois sortes, savoir : gain de fortune, gain de mérite religieux, et gain de plaisir ; et, pareillement, la perte est de trois sortes, savoir : perte de fortune, perte de mérite religieux, et perte de plaisir. Si, au moment où l’on poursuit des gains, d’autres gains viennent s’y ajouter, on appelle ceux-ci gains accessoires. Si le gain est incertain, le doute sur sa nature s’appelle un simple doute. Lorsqu’il y a doute sur laquelle de deux choses arrivera ou non, cela s’appelle un doute mixte. Si, d’une chose qui se fait, il sort deux résultats, cela s’appelle une combinaison de deux résultats ; et si la même action produit plusieurs résultats, cela s’appelle une combinaison de résultats multiples.

Nous allons en donner d es exemples :

Comme il a été dit, le gain est de trois sortes, et la perte, qui est l’opposé du gain, est aussi de trois sortes.

a. Lorsque, en vivant avec un grand personnage, une courtisane acquiert de la richesse dans le présent, et qu’en même temps elle se lie avec d’autres personnes, de manière à se procurer des chances de bien-être à venir et un accroissement de richesse, et devient ainsi universellement désirable, cela s’appelle un gain de richesse accompagné d’aucun gain.

b. Lorsque, en vivant avec un homme, une courtisane gagne simplement de l’argent, cela s’appelle un gain de richesse non accompagné d’autre gain.

c. Lorsqu’une courtisane reçoit de l’argent d’autres personnes que de son amant, les résultats sont : la chance de perte du bien être à tenir que lui eût procuré son amant ; la chance de désaffection d’un homme qui lui était sincèrement attaché ; le mépris de tous ; et enfin, la chance d’une liaison avec quelque individu de bas étage qui lui perdra son avenir. Ce gain s’appelle un gain de richesse accompagné le perte.

d. Lorsqu’une courtisane, à ses propres frais et sans aucun résultat en fait de gain, se lie avec un grand personnage ou un ministre avare, dans le but d’éviter quelque malheur ou d’écarter quelque obstacle à la réalisation d’un gros gain, cette perte s’appelle une perte de richesse accompagnée de gains futurs qui en peuvent résulter.

e. Lorsqu’une courtisane est bonne, même à ses dépens, pour un homme très avare, ou fier de sa belle mine, ou pour un homme ingrat habitué à conquérir des cœurs, sans qu’il en résulte pour elle, en fin le compte, aucun bénéfice, cette perte s’appelle une perte de richesse non accompagnée d’aucun gain.

f. Lorsqu’une courtisane est bonne pour des hommes tels que ceux récrits ci-dessus, mais qui, en outre, sont des favoris du Roi, cruels et puissants, et cela sans aucun bon résultat final et avec la chance pour elle d’être mise sur la paille à tout moment, cette perte s’appelle une perte de richesse accompagnée d’autres pertes.

De cette manière, les gains et es pertes, ainsi que les gains et pertes accessoires en mérite religieux et en plaisirs, sont exposés aux yeux du lecteur, qui peut en établir aussi différentes combinaisons.

Ainsi finissent les remarques sur les gains et les pertes et sur les pains et pertes accessoires.

Nous arrivons maintenant aux doutes, qui sont encore de trois sortes, savoir : doutes sur la richesse, doutes sur le mérite religieux, doutes sur les plaisirs.

En voici des exemples :

a. Lorsqu’une courtisane n’est pas certaine de ce qu’un homme peut lui donner ou dépenser pour elle, cela s’appelle un doute sur la richesse.

b. Lorsqu’une courtisane doute si elle est bien fondée à éconduire tout à fait un amant dont elle ne peut plus rien tirer, attendu qu’elle lui a pris toute sa fortune du premier coup, ce doute s’appelle un doute sur le mérite religieux.

c. Lorsqu’une courtisane ne peut posséder un amant à sa fantaisie, et ne sait si elle tirera jamais du plaisir d’un homme entouré de sa famille, ou d’un individu de bas étage, cela s’appelle un doute sur le plaisir.

d. Lorsqu’une courtisane ne sait si quelque personnage puissant, mais malintentionné, ne lui causera pas de la perte au cas où elle manquerait pour lui de déférence, cela s’appelle un doute sur la perte de richesse.

e. Lorsqu’une courtisane doute si elle ne perdrait pas du mérite religieux en abandonnant un homme qui lui est attaché, sans lui accorder la plus légère faveur, et en causant ainsi son malheur dans ce monde et dans l’autre, ce doute s’appelle un doute sur la perte de mérite religieux.

f. Lorsqu’une courtisane ne sait si elle ne courrait pas risque de perdre l’affection de son amant en s’ouvrant à lui et lui révélant son amour, et de manquer ainsi la satisfaction de son désir, cela s’appelle un doute sur la perte de plaisir.

Ainsi finissent les remarques sur les doutes.

Doutes mixtes

a. Le commerce ou liaison avec un étranger, dont on ne connaît pas les intentions, et qui peut avoir été introduit soit par un amant, soit par une personne en charge, est susceptible de produire du gain ou de la perte ; et, conséquemment, cela s’appelle un doute mixte sur le gain ou la perte de richesse.

b. Lorsqu’une courtisane, sur la prière d’un ami ou par un sentiment de pitié, a commerce avec un Brahmane lettré, un étudiant religieux, un sacrificateur, un dévot ou un ascète, qui peuvent l’un ou l’autre s’être épris d’amour pour elle au point d’en être malades à mourir, ce faisant elle peut gagner ou perdre du mérite religieux ; et, conséquemment, cela s’appelle un doute mixte sur le gain ou la perte de mérite religieux.

c. Si une courtisane s’en rapporte uniquement au témoignage des autres, et aux on-dit, à l’égard d’un homme, et va le trouver sans s’assurer d’abord s’il possède ou non de bonnes qualités, elle peut ou gagner ou perdre du plaisir, suivant que cet homme sera bon ou mauvais ; et, conséquemment, cela s’appelle un doute mixte sur le gain ou la perte de plaisir.

Uddalaka a décrit comme suit les gains et les pertes des deux côtés :

1. Les âmes des hommes qui meurent sans avoir eu leurs désirs satisfaits passent pour aller au monde des Mânes, et non directement à l’Esprit Suprême.

a. Si, en vivant avec un amant, une courtisane en tire à la fois richesse et plaisir, cela s’appelle un gain des deux côtés.

b. Lorsqu’une courtisane vit avec un amant à ses propres frais, sans en tirer aucun profit, et que l’amant lui reprend même ce qu’il peut lui avoir autrefois donné, cela s’appelle une perte des deux côtés.

c. Lorsqu’une courtisane ne sait si un nouvel amant lui deviendrait attaché, ou même si, lui devenant attaché, il lui donnerait quelque chose, cela s’appelle un doute des deux côtés sur les gains.

d. Lorsqu’une courtisane ne sait si un ancien ennemi, dont elle se rapproche de son propre mouvement, ne voudra pas lui faire du mal pour satisfaire sa rancune ; ou si, lui devenant attaché, il ne pourra pas, dans un moment de colère, lui reprendre ce qu’il peut lui avoir donné, cela s’appelle un doute des deux côtés sur la perte.

Babhravya a ainsi décrit les gains et les pertes des deux côtés :

a. Lorsqu’une courtisane a chance de tirer de l’argent d’un homme qu’elle Peut aller voir, et aussi d’un homme qu’elle peut ne pas aller voir, ce a s’appelle un gain des deux côtés.

b. Lorsqu’une courtisane a des dépenses à faire pour aller voir un homme, mais aussi court le risque d’une perte irrémédiable si elle ne va pas le voir, cela s’appelle une perte des deux côtés.

c. Lorsqu’une courtisane ne sait si un homme qu’elle irait voir lui donnerait quelque chose, sans avoir elle-même à faire de dépense, ou si, en le négligeant, elle obtiendrait quelque chose d’un autre homme, cela s’appelle un doute des deux côtés sur le gain.

d. Lorsqu’une courtisane ne sait si, en allant à ses frais voir un vieil ennemi, il ne lui reprendrait pas ce qu’il peut lui avoir donné, ou si, en n’allant pas le voir, il ne lui attirerait pas quelque désastre, cela s’appelle un doute des deux côtés sur la perte.

En combinant les cas ci-dessus, on obtient six sortes de résultats mixtes, savoir :.

a. Gain d’un côté, et perte de l’autre.

b. Gain d’un côté, et doute de gain de l’autre.

c. Gain d’un côté, et doute de perte de l’autre.

d. Perte d’un côté, et doute de pain de l’autre.

e. Doute de gain d’un côté, et doute de Perte de l’autre.

f. Doute de perte d’un côté, et perte de ‘autre.

Une courtisane, après avoir bien considéré tout ce qui précède et pris conseil de ses amis, doit agir de façon à s’assurer du gain, des chances de gros gains, et des garanties contre quelque grand désastre.

Le mérite religieux et le plaisir peuvent aussi faire l’objet de combinaisons séparées comme celles de la richesse, et tous les trois seront ensuite combinés l’un avec l’autre, de manière à former de nouvelles combinaisons.

Lorsqu’une courtisane a commerce avec plusieurs hommes, elle doit tirer de chacun d’eux de l’arpent aussi bien que du plaisir. À des époques déterminées, telles que les festivals de printemps, etc., elle fera annoncer par sa mère à différentes personnes que, tel ou tel jour, sa fille passera son temps avec l’homme qui satisfera tel ou tel de ses désirs.

Lorsque des jeunes gens l’approchent tout ravis d’aise, elle doit réfléchir à ce qu’elle en peut tirer.

Les combinaisons de gains et de pertes de tous côtés sont : gain d’un seul côté, et perte de tous les autres ; perte d’un seul côté et gain de tous les autres ; gain de tous côtés, perte de tous côtés.

Une courtisane doit aussi peser les doutes sur le gain et les doutes sur la perte, en ce qui concerne la richesse, le mérite religieux et le plaisir.

Ainsi finit l’exposé du gain, de la perte, des gains accessoires, des pertes accessoires, et des doutes.

Les différentes sortes de courtisanes sont :

Une maquerelle.

Une servante.

Une femme dissolue.

Une danseuse.

Une ouvrière.

Une femme qui a quitté sa famille.

Une femme qui vit sur sa beauté.

Et finalement, une courtisane de profession.

Toutes ces sortes de courtisanes sont en relations avec différentes sortes d’hommes, et elles doivent songer aux moyens d’en tirer de l’argent, de leur plaire, de s’en séparer, et de se remettre avec eux.

Elles doivent aussi prendre en considération les gains et pertes particuliers, les gains et pertes accessoires, et les doutes, suivant la condition de chacune.

Ainsi finit l’examen des courtisanes.

Il y a aussi, sur ce sujet, deux versets dont voici le texte :

« Les hommes veulent du plaisir, tandis que les femmes veulent de l’argent : elles doivent, en conséquence, étudier cette partie, qui traite des moyens de s’enrichir." "Il y a des femmes qui cherchent de l’amour, et il y en a d’autres qui cherchent de l’argent : les unes apprendront, dans les premières parties de cet ouvrage, ce qui concerne l’amour, et les autres trouveront dans celle-ci les moyens de gagner de l’argent, tels que les pratiquent les courtisanes. »