La Société mourante et l’Anarchie/10

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Tresse & Stock (p. 117-132).

X

INFLUENCE DES MILIEUX


C’est une vérité, au reste, que l’on commence à reconnaître et qui fait son chemin dans le monde scientifique ; l’influence modificatrice des milieux sur les êtres organisés n’est plus combattue que par les vieilles brisques de la science officielle.

Il est reconnu, aujourd’hui, que le sol, le climat, les obstacles ou la facilité de vivre que trouvent les organismes sur un continent ont, sur leur développement, une influence tout aussi grande, sinon plus grande que les autres lois à l’aide desquelles on a voulu — exclusivement — expliquer leur adaptation ou leurs tendances à la variabilité.

Pour l’homme dont on a voulu faire un être à part, cela fut plus dur à admettre, d’autant plus que, lui aussi, peut transformer le milieu où il évolue. Mais enfin, on a fini par reconnaître que, semblable aux autres animaux, il subissait les mêmes influences, il évoluait sous la pression des mêmes causes originelles.

Quand il a fallu expliquer son évolution morale d’après les mêmes lois, cela a été encore bien plus difficile, et même ceux qui nient le libre arbitre, qui reconnaissent que l’homme n’agit que sous la pression de faits extérieurs, même ceux-là ne peuvent accepter la loi avec toutes ses conséquences ; c’est-à-dire faire remonter les causes de la criminalité de l’homme à l’organisation sociale tout entière et demander sa transformation.

Les plus hardis, et ils sont rares, admettront bien, en principe, que l’organisation sociale est mauvaise, qu’elle a besoin de réformes, que certaines de ses institutions engendrent des délits, mais, pour eux, la grande coupable c’est la nature mauvaise de l’homme qui a besoin d’un frein à ses passions, et que la société, toute défectueuse qu’elle soit, peut seule arriver à comprimer.


Du reste, pour arriver à atténuer la responsabilité de la société entière, ils découpent le milieu social en plusieurs tartines qu’ils baptisent aussi du nom de milieux et auxquels ils font endosser les mauvais effets de l’influence produite.

Quant à la société, disent-ils, elle laisse peut-être à désirer, mais telle qu’elle est, elle protège les faibles contre les méchants, elle garantit aux individus le libre exercice de leur travail, elle leur fournit une protection plus sûre, plus efficace et à meilleur marché que s’ils étaient forcés de se défendre eux-mêmes.

En un mot, concluent-ils, c’est un contrat d’assurance mutuelle qui s’est établi entre les individus, s’il se commet des délits cela tient beaucoup plus à la nature mauvaise de l’homme qu’à l’organisation sociale elle-même.


Certes, nous sommes loin de prétendre que l’homme soit un modèle de perfection ; entre nous, c’est un assez triste animal qui, lorsqu’il n’écrase pas son semblable sous le talon de sa botte, lèche celles de ceux qui l’écrasent lui-même ; mais, somme toute, l’homme n’agit pas exclusivement sous l’influence d’instincts mauvais, et ces beaux sentiments d’amour, de charité, de fraternité, de dévouement, de solidarité, chantés, exaltés par les poètes, les religions et les moralistes, nous prouvent que s’il agit, parfois, sous l’impulsion de sentiments mauvais, il a un fonds d’idéal, un besoin de perfection, et c’est ce besoin de perfection que la société comprime, empêche de se développer.

L’homme ne s’est pas fait tout seul, ni moralement, ni physiquement. Comme les autres animaux, dont il n’est qu’un échantillon supérieur, il est le produit d’un concours de circonstances, de combinaisons et d’association de matière. Il a lutté pour se développer et, s’il a contribué pour une bonne part à transformer les milieux où il s’est établi, ceux-ci en revanche ont influé sur les habitudes qu’il a prises, sur la manière de vivre, de penser et d’agir.

L’homme a donc établi la société sous l’empire de son caractère, de ses passions, et il continue d’avoir une part d’influence sur son fonctionnement. Mais il ne faut pas oublier que l’homme a continué d’évoluer depuis l’établissement des sociétés, tandis que celles-ci, depuis qu’elles se sont organisées en groupements nombreux, demeurent toujours basées sur l’autorité et la propriété.

Des changements de détail ont pu être apportés par les révolutions ; le pouvoir et la propriété ont pu changer de mains, passer d’une caste à l’autre, la société, elle, n’a cessé d’être basée sur l’antagonisme des individus, sur la concurrence de leurs intérêts, et de peser de tout son poids sur le développement de leur cerveau.

C’est dans son sein qu’ils viennent au monde, c’est dans le milieu qu’elle leur offre qu’ils acquièrent leurs premières notions, qu’ils apprennent une foule de préjugés et de mensonges qu’ils n’arrivent à reconnaître faux qu’après bien des siècles de critique et de discussion. Force est donc de reconnaître que l’influence du milieu social sur l’individu est immense, qu’elle pèse sur lui de tout le poids de ses institutions, de la force collective de ses membres et de celle acquise par la durée de son existence ; tandis que l’individu, pour réagir, en est réduit à ses seules forces.


La société, qui est une première tentative d’un essai de solidarisation, devrait avoir pour but d’améliorer les individus, de leur apprendre à pratiquer cette solidarité en vue de laquelle ils se sont associés, de les faire s’aimer comme des frères, de les amener à tout mettre en commun : joies, plaisirs, jouissances, peines, douleurs et souffrances, travail et production.

La société, au contraire, n’a trouvé rien de mieux que de les diviser en une foule de castes qui peuvent se résorber en deux principales : les gouvernants et les possédants d’un côté, les gouvernés et les non possédants de l’autre.

Côté des premiers : jouissances et pléthore ; côté des seconds : misère, privation et anémie. Ce qui a pour résultat de poser ces deux catégories d’individus en ennemis, entre lesquels se perpétue une guerre féroce qui ne doit prendre fin que par l’asservissement sans retour des seconds, ou la destruction, complète, — en tant que classe et privilèges, tout au moins — des premiers.


Mais l’organisation défectueuse et mal comprise de la Société en deux classes distinctes, ne borne pas là ses pernicieux effets. Basée sur l’antagonisme des intérêts, elle oppose, dans chaque classe, individu à individu ; elle sème la guerre entre eux par son institution de la Propriété individuelle qui force les individus à thésauriser pour s’assurer du lendemain que la Société ne peut leur garantir.

La concurrence individuelle est le grand ressort de la Société actuelle : quels que soient le commerce, la profession, le genre de travail auxquels les individus s’adonnent, ils ont à craindre la concurrence de ceux qui choisissent la même branche d’activité. Pour augmenter leurs bénéfices, leurs chances de réussite, simplement, parfois, pour ne pas sombrer eux-mêmes, ils sont forcés de spéculer sur la ruine de leurs concurrents.

Lors même qu’ils se liguent entre eux, ce n’est toujours qu’au détriment d’une partie de ceux de leur classe, toujours au détriment de ceux qui sont tributaires de leur genre de production.

Établie sur cette lutte des individus, la Société a fait de chaque être l’ennemi de tous ; elle provoque la guerre, le crime, le vol et tous les délits que l’on attribue à la mauvaise nature de l’homme, quand ils ne sont que la conséquence de l’ordre social ; que la Société contribue à perpétuer, quand ils devraient disparaître sous l’influence des nouvelles notions morales acquises par l’homme.


Cette lutte entre les individus a pour effet d’amener les possédants à se faire eux-mêmes la guerre, de les diviser et de les empêcher de voir leur intérêt de caste qui serait de travailler à assurer leur exploitation en évitant et prévenant tout ce qui peut faire voir clair à leurs exploités. Guerre qui leur fait même commettre une foule de fautes qui contribuent d’autant à leur déchéance.

Si tous les bourgeois étaient véritablement unis entre eux, qu’ils n’eussent plus aucun intérêt particulier et ne fussent plus mus que par le seul intérêt de caste, étant donnée la puissance que leur assure la possession de la fortune, de l’autorité et de tous les rouages administratifs, exécutifs et coercitifs qui constituent la Société actuelle, étant donné son développement intellectuel forcément supérieur à celui des travailleurs auxquels elle rationne la nourriture du cerveau comme celle du corps, la bourgeoisie pourrait indéfiniment river les exploités au collier de misère et de dépendance sous lequel elle le tient déjà.

Heureusement que la soif de jouir, de briller, de parader et d’amasser, fait que les bourgeois se livrent entre eux une guerre non moins cruelle que celle qu’ils livrent aux travailleurs. Pressés de jouir, ils entassent fautes sur fautes : les travailleurs finissent par s’en rendre compte, leur font connaître les causes d’où découle leur misère, leur donnent conscience de l’abjection dans laquelle on les tient.


Mais, la même guerre qui se fait entre bourgeois, se fait aussi entre travailleurs, et, si la première compromet la stabilité de l’édifice bourgeois, la deuxième contribue à en assurer le fonctionnement.

Forcés de lutter entre eux, pour s’arracher les places vacantes que leur offre la bourgeoisie dans ses bagnes, les travailleurs se considèrent comme autant d’ennemis, tandis qu’ils sont portés à regarder comme un bienfaiteur celui qui les exploite.

Affamés par la bourgeoisie qui, en échange de leur travail, leur donne juste de quoi ne pas mourir de faim, ils sont, de prime abord, portés à traiter en ennemi celui qui vient leur disputer à l’atelier la place qu’ils ont tant de mal à obtenir.

La rareté de ces places leur fait encore accentuer cette concurrence, en les faisant s’offrir encore à plus bas prix que leurs concurrents. De sorte que ce souci de la lutte de tous les jours pour le pain quotidien, leur fait oublier que leurs pires ennemis sont leurs maîtres.

Car, la bourgeoisie, forte, il est vrai, par la fortune, la suprématie intellectuelle, et la possession des forces gouvernementales, n’est, après tout, qu’une infime minorité eu égard à la foule des travailleurs ; elle ne tarderait pas à capituler devant leur nombre, si elle n’avait trouvé le moyen de les diviser et de les faire contribuer à la défense de ses privilèges.


Donc, tout ceci nous indique que, certainement, l’homme est loin d’être un ange ; il a même été une brute dans la plus complète acception du mot, c’est tout aussi vrai. Quand il s’est organisé en Société, il a basé celle-ci sur ses instincts de lutte et de domination, cela nous explique pourquoi elle est aussi mal bâtie.

Seulement, la Société est restée mauvaise ; son autorité restant entre les mains d’une minorité, celle-ci l’a fait tourner à son profit, et plus la Société s’est développée, plus cette concentration du pouvoir entre quelques mains a tendu à s’accroître et à développer les mauvais effets de ces institutions néfastes.

L’homme, au contraire, à mesure que son cerveau se développe, que la facilité de se procurer les moyens d’existence s’est accrue, l’homme a senti se dégager en lui le sentiment de solidarité auquel il avait obéi déjà en se groupant ; ce sentiment de solidarité est devenu un tel besoin, que les religions l’ont poussé à l’extrême en le portant au sacrifice ; prêchant la charité, le renoncement du soi-même, et y ont trouvé un nouvel élément d’exploitation.

Quels ne sont pas les rêves de réorganisation sociale, de plan de bonheur pour l’Humanité, qu’a enfanté le besoin de vivre harmoniquement avec ses semblables ? Mais la Société était là, étouffant de tout son poids les bons instincts de l’homme, ravivant chez lui son sauvage égoïsme primitif, le forçant à considérer les autres individus comme autant d’ennemis qu’il doit terrasser pour ne pas être terrassé lui-même ; l’habituant à regarder d’un œil sec ceux qui disparaissent broyés par les monstrueux engrenages du mécanisme social, sans pouvoir leur porter secours, sous peine d’être pris lui-même dans cette gueule insatiable qui dévore principalement les bons, les naïfs, qui se laissent aller à leurs sentiments humanitaires, ne laissant survivre que les malins qui savent y pousser les autres afin de retarder leur chute.


On crie contre les fainéants, contre les voleurs et les assassins, on invoque le côté foncièrement mauvais de la nature humaine, et on ne s’aperçoit pas que ces vices ne demandent qu’à disparaître, s’ils n’étaient entretenus et développés par l’organisation sociale.

Comment veut-on que l’homme soit travailleur quand, dans l’organisation qui nous régit, le travail est considéré comme dégradant, réservé aux parias de la société et que, par la cupidité de ceux qui l’exploitent, on en a fait un supplice et un esclavage ?

Comment veut-on qu’il n’y ait pas de paresseux quand l’idéal, le but à atteindre pour tout individu qui veut s’élever, est d’arriver à amasser, par n’importe quel moyen, assez d’argent pour vivre à ne rien faire ou en faisant travailler les autres ? Plus le nombre d’esclaves que l’individu arrive à exploiter est grand, plus sa situation est haute, plus les respects qu’on lui accorde sont grands. Plus grande aussi est la somme de jouissances qu’il en tire.

On a hiérarchisé la société et fait que le haut de l’échelle sociale, considéré comme une récompense au mérite, à l’intelligence, au travail, ne soit réservé justement qu’à ceux qui n’ont jamais rien fait par eux-mêmes.

Ceux qui pour une raison ou une autre se sont juchés à son sommet, mangent, boivent, paillardent sans avoir à faire œuvre de leurs dix doigts, ils donnent le spectacle de leur fainéantise, de leurs jouissances, aux exploités qui, au bas de l’échelle, suent, peinent et produisent pour eux, ne recevant, en échange, que de quoi ne pas crever de faim, sans pouvoir espérer sortir de leur situation que par un coup de hasard ; et on s’étonne que les individus aient des tendances à vouloir vivre sans rien faire ! Nous, nous ne sommes étonnés que d’une chose, c’est qu’il y ait encore des individus assez bêtes pour travailler.


Devant l’exemple que leur fournit la société, l’idéal des individus ne peut être autre que d’arriver à faire travailler les autres, les exploiter, pour ne pas être exploités eux-mêmes. Et lorsque les moyens vous manquent pour les exploiter légalement dans leur travail, on cherche d’autres combinaisons. Le commerce et la finance sont encore des moyens licites, acceptés par la loi, donnant d’énormes bénéfices lorsqu’ils sont faits en grand, mais auxquels on ajoute, lorsqu’on ne peut le faire qu’en petit, des procédés qui vous permettent de marcher entre les plates-bandes du code, quitte à les piétiner un peu lorsqu’on peut le faire sans se laisser prendre. La fraude et la tromperie sont des auxiliaires très utiles qui vous permettent de décupler vos bénéfices.

Pour ceux qui ne peuvent opérer dans ces conditions, il y a encore une ressource : l’exploitation de la crédulité humaine, l’escroquerie et autres moyens analogues. Plus bas encore, le vol brutal, avéré, et l’assassinat. Selon les ressources dont on dispose, selon le milieu où l’on a grandi, on met en œuvre l’un des moyens que nous venons d’énumérer, ou bien on les combine ensemble, afin d’échapper le plus longtemps possible aux sévérités du code qui est censé défendre la société.

Misère et souffrance, voilà le lot des travailleurs ; jouissances de toutes sortes et oisiveté à ceux qui, par force, ruse ou par droit de naissance se sont fait leurs parasites.


C’est comme la solidarité ! comment voulez-vous que les individus ne s’entredéchirent pas, quand ils en sont à se demander comment eux et les leurs mangeront le lendemain si leur concurrent obtient à l’atelier la place qu’ils convoitent eux-mêmes.

Comment voulez-vous qu’ils soient solidaires quand ils pensent que la bouchée de pain qu’ils donnent parfois, au mendiant qui passe, pourra leur faire faute plus tard ? Comment ont-ils pu penser à la solidarité quand ils sont forcés de lutter pour la conquête du pain de chaque jour, qu’il y a une foule de jouissances qui seront toujours un paradis fermé pour eux ?

Peut-être est-ce ce besoin de se serrer les coudes pour la lutte qui les a rapprochés, et a, petit à petit, transformé ce sentiment en besoin d’amour du prochain ; mais quoi qu’il en soit, c’est à la société qu’il faut faire remonter la responsabilité de la survivance de la guerre entre individus et des animosités qui en découlent.

Comment voulez-vous que l’homme ne désire pas le mal quand il sait que la disparition de tel individu le fera monter d’un échelon, que la disparition de tel autre est une chance en sa faveur d’obtenir la place qu’il convoite ; l’élimination d’un concurrent dangereux ?

Comment l’individu résisterait-il aux incitations mauvaises de sa nature quand il sait pertinemment que ce qui sera un mal pour son voisin, doit être un bienfait pour lui ?


Vous dites que l’homme est mauvais, nous disons, nous, qu’il faut qu’il ait de réelles tendances à devenir bon pour que la société ne marche pas plus mal qu’elle ne va, pour que les crimes et les sinistres ne soient pas plus fréquents.

Malgré toutes ces incitations du milieu au mal, l’homme a pu développer des aspirations de solidarité, d’harmonie et de justice, et ces bons sentiments ont été exploités par ceux qui vivent de lui. Ces rêves de bonheur, ces tendances vers le mieux ont même fait sortir toute une classe de parasites qui ont spéculé sur ces aspirations des individus, en leur promettant de les réaliser.

Bien mieux, ces bons sentiments ont été punis comme subversifs de l’ordre social et, malgré tout, la tendance de l’humanité est de se diriger vers leur réalisation. Et l’on ose encore parler des mauvais sentiments de l’homme !

Les bons sentiments humains, les aspirations de liberté, de justice, ont été pourchassés et punis, parce que ceux qui étaient parvenus à se dégager de l’égoïsme féroce et étroit que contribue à éterniser la société actuelle, s’étant mis à rêver une ère de jouissances et d’harmonie générale, en arrivèrent à se demander comment il se faisait que, la société étant constituée pour le bonheur de tous, elle n’arrivait qu’à assurer les privilèges de quelques-uns !

Il fallut en conclure que la société était mal organisée, que ces institutions étaient vicieuses, qu’elles devaient disparaître pour faire place à une organisation plus équitable et plus rationnelle. Mais, comme ceux qui jouissent ne veulent pas abandonner leurs privilèges, ils ont prohibé ces aspirations comme subversives, d’où, nouvelles luttes, nouvelles causes à développer les mauvais instincts.


L’influence néfaste de la société sur le moral des individus étant reconnue, il est facile de supprimer les mauvais instincts et de développer les bons.

Votre société, basée sur l’antagonisme des intérêts ayant produit la lutte entre individus, procréé la bête malfaisante que l’on nomme l’homme civilisé, trouvez une organisation basée, au contraire, sur la solidarité la plus étroite.

Faites que les intérêts individuels ne soient plus opposés entre eux, ni contraires à l’intérêt général. Faites que le bien-être particulier découle de la prospérité générale ou la produise. Faites que, pour vivre et jouir, les individus n’aient pas à craindre la concurrence de leurs semblables ; faites, au contraire, qu’en associant leurs forces, leurs aspirations, ils y trouvent leur compte, et que leur association ne puisse tourner au détriment des groupements voisins.

Vous avez peur des paresseux, rendez le travail attrayant. Au lieu d’y river une petite minorité de la Société, pour laquelle il devient un supplice, supprimez tous vos rouages, tous vos emplois inutiles, et organisez votre société de façon à ce que chacun soit amené de par la force des choses, et non par une autorité quelconque, à coopérer à la production générale. Rendez le travail utile, nécessaire, et faites qu’il soit un exercice d’hygiène au lieu d’être une torture.

Avec l’organisation sociale actuelle, vous récoltez guerres, crimes, vols, fraudes et misère, c’est le résultat de l’appropriation individuelle et de l’autorité ; c’est l’influence des milieux qui se fait sentir.

Si vous voulez une Société où règne la confiance, la solidarité, le bien-être pour tous, basez-la sur la Liberté, la Réciprocité et l’Égalité.