Le Père De Smet/Chapitre 10

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H. Dessain (p. 224-246).


CHAPITRE X

LES MISSIONS DE L’ORÉGON


1844-1845


Mgr Blanchet attendait impatiemment le retour du P. De Smet. Il n’eut pas plus tôt appris l’arrivée du bateau, qu’il quitta la mission de Saint-Paul pour se rendre à Vancouver.

Bien qu’on fût en pleine moisson, les catholiques abandonnèrent leurs champs et descendirent en canot le Willamette. Chacun voulait être le premier à saluer les missionnaires. Leur voyage tut, dès lors, un véritable triomphe. Enfin, ils purent chanter le Te Deum dans l’église de la mission, et le lendemain, fête de l’Assomption, remercier la Reine du ciel qui, une fois de plus, venait de se montrer « l’Étoile de la mer ».

Aussitôt les Sœurs prirent possession du couvent qu’on leur avait préparé sur la rive droite du Willamette. L’habitation était loin d’être achevée ; portes et fenêtres faisaient défaut. On vit alors les religieuses manier la scie et le rabot, placer les vitres, peindre les châssis. Au bout de quelques semaines, l’établissement était ouvert, et prenait le nom de Sainte-Marie.

Sauvages et Canadiens se montraient également avides d’instruction. À peine arrivées, les Sœurs avaient dû, faute de local, faire la classe en plein air aux femmes et aux enfants qui se préparaient à la première communion. L’âge des élèves variait entre quinze et soixante ans. Beaucoup, parmi ces pauvres gens, venaient de fort loin, apportant des vivres pour plusieurs jours, et n’avaient, pour la nuit, d’autre abri [que les arbres de la forêt.[1] Un prêtre récemment arrivé du Canada, M. Bolduc, ouvrait en même temps le collège Saint-Joseph, pour l’éducation des jeunes gens.

Déjà les protestants prenaient peur et lâchaient pied. « Chose significative, écrit le P. De Smet, le même navire qui nous a amenés à Vancouver emmène plusieurs ministres, avec leurs femmes, aux îles Sandwich. De là, ils retourneront aux États-Unis. Après plusieurs années de tentatives pour arracher à leur foi les enfants catholiques, ils se sont vus obligés de fermer leurs écoles, de quitter le pays et de nous laisser le champ libre ».[2]

Quant aux Jésuites, leur intention était d’établir, près du Willamette, une résidence qui pût servir à la fois de maison de formation et de centre d’approvisionnement pour les missions indiennes des Montagnes-Rocheuses. Mgr Blanchet en offrait l’emplacement sur les terres de sa mission.

L’endroit paraissait favorable : climat salubre, sol fertile, abondance de bois, perspectives variées et grandioses. Déjà le P. De Smet voyait se renouveler les merveilles de Florissant. « J’espère, disait-il, qu’à l’exemple de la maison Saint-Stanislas, dont le rayonnement s’est étendu sur une grande partie du Missouri, dans l’Ohio, la Louisiane, les Montagnes-Rocheuses, et jusqu’aux extrémités occidentales de l’Amérique, ici s’établira un jour une pépinière de zélés missionnaires qui, puisse le temps n’en être pas éloigné ! se répandront parmi les différentes tribus de cet immense Territoire, pour y porter le flambeau de la foi ».[3]

Sans tarder, l’on se mit à l’œuvre. Missionnaires et Canadiens rivalisèrent d’ardeur. Quelques mois plus tard, la résidence était achevée, et prenait le nom de Saint-François Xavier.

Déjà le P. De Smet avait repris ses courses à travers le désert.

Ce qui caractérise son apostolat, c’est ce rôle d’initiateur, pour lequel il est admirablement doué. Il conçoit et mûrit les plans, choisit l’emplacement des nouvelles stations, en ordonne la disposition et en commence les travaux ; puis, dès que l’exécution offre moins de difficultés, il laisse à ses confrères la joie de voir l’œuvre se développer, et court à d’autres labeurs.

La fin de 1844, ainsi que les années 1845 et 1846, sont peut-être la période la plus féconde de sa vie. Sans cesse il sillonne le désert, allant d’une peuplade à l’autre, instruisant celle-ci, affermissant celle-là, créant en maint endroit des réductions nouvelles, repartant dès qu’il en a jeté les bases et peut en abandonner à d’autres la direction.

Tandis que les Pères, nouvellement arrivés d’Europe, étudient la langue des sauvages et s’occupent des chrétiens du Willamette, notre missionnaire part pour les Montagnes, avec l’intention de passer l’hiver chez les Têtes-Plates.

Le 6 novembre, il entre dans la vallée des Kalispels. où le P. Adrien Hoecken poursuit l’œuvre commencée par lui pendant l’automne de 1841.

« Je fus, dit-il, reçu dans le camp au son des cloches, et salué par des décharges de mousqueterie… Les détails que me donna le jeune missionnaire prouvent ce que peut la grâce sur un peuple qui cherche sincèrement la vérité.

— Nous sommes pauvres d’esprit, lui avaient dit les sauvages ; mais, à défaut d’intelligence, nous avons de la docilité. À présent que nous possédons une robe-noire, nous écouterons, nous suivrons sa parole ; tout ce qu’elle ordonnera sera exécuté sans délai ».[4]

Le vieux chef, Loyola, secondait énergiquement l’action du missionnaire.

— Tant qu’il me restera un souffle de vie, répétait-il, il faudra que chacun marche droit.

L’union fraternelle, le respect mutuel, faisaient songer à ces temps heureux où, dit l’Écriture, tous les chrétiens n’avaient qu’un cœur et qu’une âme.

Mais déjà l’hiver approche : il faut se hâter de gagner Sainte-Marie. Au moment de quitter les Kalispels, le P. De Smet voit arriver une députation des Cœurs-d’Alêne, qui le prie instamment de visiter leur tribu. Comment refuser de les satisfaire ? Il accepte, avec l’espoir de pouvoir ensuite franchir les montagnes de la Racine-Amère.

Depuis deux ans, le P. Point résidait chez les Cœurs-d’Alêne. Arrivé le premier vendredi de novembre, il avait mis la mission sous le patronage du Sacré-Cœur.

« Dés ce moment, écrit-il, l’esprit chrétien anima tous les habitants de cette heureuse vallée. Les assemblées nocturnes, les cérémonies sacrilèges, les apparitions diaboliques, si fréquentes auparavant, disparurent tout à fait. Le jeu qui, jusque là, occupait en grande partie la journée des sauvages, fut abandonné. Le mariage qui, depuis des siècles, ne connaissait ni unité, ni indissolubilité, fut ramené à sa première institution. Enfin, depuis Noël jusqu’à la Purification, le feu du missionnaire fut alimenté avec ce qui restait de l’ancienne sorcellerie ».[5]

En arrivant, le Père avait tracé le plan du village. Aussitôt les sauvages d’abattre des arbres, de creuser des bassins, d’ouvrir des routes, d’ensemencer les terres. Au centre de la réduction, l’église s’était élevée, et les fêtes chrétiennes avaient mis sous les yeux des nouveaux convertis ce que la religion a de plus solennel et de plus touchant.

Au bout d’un an, le P. Joset était venu partager les travaux du P. Point. Ce nouveau missionnaire, originaire de la Suisse, devait, pendant de longues années, exercer dans les Montagnes un fécond apostolat.[6]

De jour en jour croissait la ferveur des néophytes. « Depuis plusieurs mois, affirmait le P. Point, il ne s’est pas commis, dans le village du Sacré-Cœur, une seule faute grave, du moins par ceux qui étaient baptisés »[7]. Un tel succès était dû, pour une large part, au zèle d’une admirable chrétienne, Louise Sighouin, baptisée en 1842 par le P. De Smet.

Fille du grand chef des Cœurs-d’Alêne, elle avait tout quitté, pour se dévouer au service des missionnaires.

— Je suis prête, disait-elle, à suivre les robes-noires jusqu’au bout du monde. Je veux apprendre à bien connaître le Grand-Esprit, à le servir fidèlement, à l’adorer de tout mon cœur.

Non contente de se montrer, par sa piété et sa modestie, le modèle de la tribu, elle passait chaque jour plusieurs heures à instruire les enfants et les vieillards, à visiter les pauvres, à soigner les malades. La vue d’un affreux ulcère l’ayant un jour fait reculer, elle se reprocha vivement sa faute, et, pendant deux mois, revint chaque jour panser la plaie, comme eût pu le faire une Sœur de Charité.

Elle ne craignait pas de s’attaquer aux désordres, et d’affronter les sorciers les plus fameux. Elle reprochait à ceux-ci leur imposture, les menaçait des jugements de Dieu, et les amenait, tremblants et contrits, aux pieds du missionnaire.

Lorsque le P. De Smet arriva chez les Cœurs-d’Alène, ceux-ci se préparaient à faire, dans quelques semaines, leur première communion. Jour et nuit, le camp retentissait du bruit des prières et du chant des cantiques. Tout ce qu’il voyait et entendait était pour le missionnaire un nouveau sujet de consolation. Avec quelle joie il aurait conduit à la table sainte ceux que, naguère, il avait régénérés par le baptême ! Mais la neige tombait depuis plusieurs jours. Il fallait au plus tôt traverser les montagnes qui le séparaient du pays des Têtes-Plates.

Il quitta donc la mission du Sacré-Cœur, accompagné de quatre Indiens qui devaient lui servir de guides jusqu’à Sainte-Marie.

Mais déjà la saison est trop avancée. La pluie et la neige ne cessent de tomber. Les eaux se précipitent des montagnes avec une abondance et une impétuosité toujours croissantes. Après huit jours de marche, il faut revenir sur ses pas.

« En une nuit, dit le P. De Smet, de petits ruisseaux étaient devenus de gros torrents, qui nous arrêtaient à chaque pas. Avec une infinité de peines, de culbutes et de plongeons, nous regagnâmes enfin la rivière Saint-Josse. Celle-ci avait crû de plus de dix pieds, et entraînait dans son cours de gros arbres, qui rendaient son passage extrêmement dangereux. Une fois, je disparus sous l’eau et sous ma mule. Toutefois, je ne lâchai pas ma bête, qui me traîna jusqu’à la rive opposée.

» Nous campâmes pendant la nuit au pied d’une grande croix, plantée par un chef indien. Il manquait encore quelques pieds d’eau pour que la rive fût débordée. Chacun s’endormit sans la moindre inquiétude ; mais, vers minuit, un de mes hommes, étonné de sentir ses deux jambes dans l’eau, mit la tête hors de sa tente, et donna l’alarme. Il était temps. Nous étions au milieu d’un lac immense ; la plaine était inondée sur une longueur de plusieurs lieues.


» Ici, comme dans bien d’autres circonstances, la paternelle providence de Dieu nous avait ménagé un secours. Deux canots avaient été laissés à l’endroit même où nous campions. Nous pûmes ainsi nous réfugier, avec armes et bagages, sur une colline, à deux milles de là. Je chargeai un Cœur-d’Alène d’aller à la mission faire connaître notre détresse. Deux jours après, cinq canots, conduits par deux chefs, vinrent à notre secours et nous ramenèrent au village ».[8]

Les Indiens semblaient se réjouir du contretemps qui leur avait rendu le missionnaire. Celui-ci, pourtant, n’avait pas abandonné son projet. Seulement, au lieu de traverser les montagnes, devenues infranchissables, il essaya de gagner Sainte-Marie par la vallée des Kalispels.

Il espéra quelque temps réussir. Mais pendant qu’il remontait la Clarke, la glace envahit la rivière. On était à la mi-décembre. Les Indiens, qui dirigeaient l’embarcation, déclarèrent que, vouloir avancer, c’était aller au-devant de la mort. D’autre part, le P. Mengarini écrivait qu’il avait failli lui-même être victime de l’inondation, et que douze chevaux avaient péri dans la forêt.

Alors seulement, le P. De Smet se décida à remettre au printemps sa visite aux Têtes-Plates, et à passer l’hiver chez les Kalispels. Les consolations qu’il y devait goûter allaient promptement lui faire oublier son sacrifice.

« Les Indiens, dit-il, mirent tout en œuvre pour m’assurer la meilleure loge du camp, et rendre mon séjour parmi eux aussi agréable que les circonstances et les lieux le permettaient.

» Le jour de Noël, 124 adultes devaient recevoir le baptême. Quelques minutes avant minuit, un coup de pistolet donna le signal dont nous étions convenus. Il fut suivi d’une bruyante décharge de mousqueterie, en l’honneur du Dieu-Enfant, et trois cents voix, s’élevant à la fois de la forêt, entonnèrent, dans la langue du pays, le beau cantique :


Du Dieu puissant tout annonce la gloire…


» Immédiatement, des flots d’adorateurs se pressèrent dans le modeste sanctuaire, fait de troncs d’arbres, de nattes et d’écorces. L’intérieur était tapissé de branches de sapin. Partout des guirlandes et des couronnes de verdure. Au-dessus de l’autel, décemment orné, brillaient des étoiles en papier de diverses couleurs, avec une profusion de rubans, si attrayants pour des yeux indiens,

» À minuit, je célébrai une messe solennelle, pendant laquelle les assistants chantèrent plusieurs cantiques en rapport avec la circonstance. Jamais ne se trouvèrent mieux réalisées les paroles du Gloria : « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ».

» Après la messe eut lieu le repas. La joie qui animait cette réunion la rendait semblable aux agapes des premiers chrétiens.

» Plus tard, les catéchumènes se présentèrent à l’église pour recevoir le sacrement de la régénération. Les vieillards, que j’avais baptisés deux ans auparavant, et qui avaient conservé intact le trésor de leur innocence, s’avancèrent en qualité de parrains et de marraines.

» Ce n’est pas en vain que le prêtre adresse aux sauvages les sublimes paroles du rituel : « Recevez la robe blanche, que vous porterez sans tache au tribunal de Dieu, pour jouir de la vie éternelle ». Il a la certitude que ces catéchumènes conserveront, pour la plupart, leur innocence jusqu’à la mort. Lorsque, plus tard, on leur demande s’ils n’ont pas offensé Dieu, si leur conscience ne leur fait aucun reproche, souvent on reçoit cette réponse : « Eh quoi ! mon Père, au baptême j’ai renoncé au mal ; n’est-il pas juste que je l’évite ? La seule pensée de déplaire au Grand-Esprit me fait trembler ».

» Le soir, on donna, pour la première fois, la bénédiction solennelle du Saint-Sacrement. Immédiatement après la cérémonie, cinquante couples, pères et mères de famille, dont quelques-uns avaient plus de quatre-vingts ans, vinrent renouveler, à la face de l’Église, les promesses du mariage. Des larmes m’échappèrent, lorsque je vis la sincérité, l’affection, avec lesquelles ils promettaient « de n’avoir en tout qu’un seul cœur ».

» Après une dernière instruction, l’on remercia Dieu des faveurs reçues pendant la journée. Déjà la nuit était avancée, que l’on entendait encore, dans tous les quartiers du camp, la récitation des prières et le chant des cantiques ».[9]

L’hiver à peine fini, le P. De Smet reprend le chemin de Sainte-Marie, où, cette fois, il arrive sans difficulté, et est reçu par les PP. Mengarini et Zerbinati.

Quelle joie de revoir le fondateur de la mission ! Les Pères sont, d’ordinaire, si isolés dans les Montagnes ! A peine reçoivent-ils, une fois l’an, des nouvelles de l’extérieur, et cela, au prix d’un dangereux voyage jusqu’à Vancouver, où ils vont, avec une escorte d’Indiens, chercher les provisions indispensables. Souvent même, ils ne reçoivent pas les lettres qui leur sont adressées. L’ordre, envoyé de France au P. Point, de partir pour le Canada, mettra trois ans à lui parvenir.

Le P. De Smet parle à ses confrères de l’Europe, de Rome, du P. Général, de Grégoire  XVI, qui a daigné bénir les chrétiens d’Oregon. Il leur raconte les incidents de son récent voyage d’Anvers au Willamette, l’établissement des Pères à Saint-François Xavier, les fêtes auxquelles il vient d’assister chez les Cœurs-d’Alêne et les Kalispels.

Les Têtes-Plates, eux aussi, étaient restés fidèles aux promesses de leur baptême. Pendant la messe célébrée, le jour de Pâques, par notre missionnaire, tous s’approchèrent de la sainte table. Un groupe de jeunes gens chanta, sous la direction du P. Mengarini, plusieurs morceaux des meilleurs compositeurs allemands et italiens.

À la mission Sainte-Marie avait été annexée celle de Saint-François de Borgia, chez les Pends-d’Oreilles.[10] Trois cents d’entre eux, la plupart adultes, se présentèrent au baptême. Sur leurs fronts, sillonnés de rides et de cicatrices, le prêtre fit couler l’eau qui confère la vie surnaturelle. C’étaient autant de chrétiens gagnés au vrai Dieu pour toujours.

Cependant le P. Hoecken attend le retour du P. De Smet pour jeter les fondements d’une réduction, sous le patronage de saint Ignace.

Quittant avec regret Sainte-Marie, l’infatigable apôtre retourne chez les Kalispels. D’accord avec les chefs, il choisit une vaste plaine, bordée de cèdres et de pins. Un sol fertile, d’abondants pâturages, de riches carrières, une chute d’eau pouvant alimenter un moulin et une scierie, tout semble favorable à l’établissement projeté. Le P. De Smet trace le plan du village, dirige les premiers travaux, puis s’embarque sur le Columbia pour aller à Vancouver chercher les approvisionnements nécessaires à la nouvelle colonie.

Grossi par la fonte des neiges, le fleuve roule avec une effrayante rapidité ses flots tumultueux. Récemment, il a englouti quatre voyageurs américains. La barque du missionnaire ne va-t-elle pas être emportée par un tourbillon semblable à celui qui, il y a trois ans, causa la mort de ses compagnons ?… Il s’abandonne à la Providence et, après cinq jours, arrive à Vancouver.

Il est reçu par le P. Nobili qui, tout en étudiant avec ardeur les langues du pays, exerce un ministère fructueux parmi les employés du fort et les Indiens du voisinage. Ensemble, ils remontent le Willamette jusqu’à la mission Saint-François Xavier. Les Pères se pressent à leur rencontre. Tous expriment leur joie de revoir celui qui, depuis huit mois, parcourt l’Orégon, préparant à chacun son champ d’apostolat.

Sous la direction du P. Accolti, les missionnaires ne sont pas restés inactifs. Grâce à ses connaissances en médecine, le P. Ravalli a rendu de précieux services aux malades de la région. Le P. Vercruysse a fondé une nouvelle paroisse, et construit une église, chez les Canadiens de la Grande-Prairie, au sud de Saint-François Xavier. Le P. De Vos opère, parmi les protestants, de nombreuses conversions.

Ajoutant ces résultats à ceux qu’ont obtenus les Pères des Montagnes et les missionnaires venus du Canada, le P. De Smet évalue à plus de 6 000 le nombre des baptêmes administrés depuis six ans dans l’Orégon. «  Le grain de sénevé, dit-il, croît rapidement, et étend ses rameaux sur cette terre, autrefois stérile et si longtemps négligée ».[11]

Dès 1842, M. Demers, l’auxiliaire de Mgr Blanchet, avait fait en Nouvelle-Calédonie, à 200 lieues au nord de Vancouver,[12] un voyage au cours duquel il avait baptisé plus de 700 enfants. Depuis lors, les indigènes désiraient vivement être instruits de la religion. Bien que privés de prêtres, ils avaient bâti trois églises en bois, dans l’espoir qu’un Père viendrait un jour s’établir au milieu d’eux.

Le P. De Smet choisit pour cette mission le P. Nobili. Ce religieux devait dignement répondre à la confiance de son supérieur. Romain d’origine, entré à seize ans dans la Compagnie de Jésus, il possédait un talent littéraire qui lui avait valu les succès les plus flatteurs. À peine ordonné prêtre, il avait obtenu de consacrer sa vie à évangéliser les sauvages. Nous apprécierons bientôt les fruits de son apostolat.

À la fin de juin, le P. De Smet repartit pour les Montagnes, suivi de onze chevaux chargés de charrues, de bêches, de pioches, de scies, d’outils de toute sorte, destinés à la mission Saint-Ignace.

En traversant la chaîne des Cascades, il voit, en maint endroit, le sol jonché d’ossements de chevaux et de bœufs, tristes débris des caravanes ensevelies sous la neige, ou surprises par l’avalanche. Le mois suivant, il est de retour chez les Kalispels. Pendant son absence, le nombre des néophytes s’est accru ; il s’élève à plus de quatre cents. Déjà ceux-ci ont bâti plusieurs maisons en bois, préparé les matériaux pour la construction d’une église, enclos un vaste terrain destiné à la culture. Tous manient avec entrain la hache et la charrue ; tous semblent décidés à échanger la vie nomade contre les habitudes des colons.

Désormais, l’avenir de la réduction est assuré. Le moment est venu d’aborder de nouvelles peuplades, et de porter encore plus loin l’Évangile.

Trois ans auparavant, le P. De Smet avait rencontré, près du fort Colville, des sauvages avides de connaître le Grand-Esprit. Sa première visite devait être pour eux. Quelques Kalispels l’accompagnèrent, en qualité de chantres et de catéchistes.

« Près des chutes du Columbia, écrit-il, huit ou neuf cents Indiens : Chaudières, Okinaganes, Sinpoils et Zingomènes, se trouvaient réunis pour la pêche au saumon. Sur un rocher qui domine la rivière, j’élevai ma pauvre chapelle en jonc. Autour d’elle se pressaient les huttes sauvages, comme la jeune couvée se réfugiant sous les ailes de sa mère.

» Jamais peuple ne fut plus affamé de la divine parole. Pour répondre à de si heureuses dispositions, je fis plusieurs instructions, que chacun suivit avec une attention soutenue.

» J’avais choisi la fête de saint Ignace pour la clôture des exercices religieux. Plus de cent enfants me furent présentés pour le baptême, ainsi que onze vieillards, dont plusieurs, portés sur des peaux de buffle, semblaient n’attendre que cette grâce pour s’endormir en paix dans le sein de Dieu.

» Le plus âgé, aveugle et presque centenaire, me dit :

— Ma vie a été longue sur la terre. Depuis longtemps, mes pleurs ne cessent de couler, car j’ai vu mourir tous mes enfants et mes anciens amis. L’isolement s’est fait autour de moi ; je vis dans ma tribu comme parmi des étrangers ; les souvenirs seuls m’occupent, et ils sont tristes et amers. Cependant, une chose me console : j’ai toujours évité la compagnie des méchants ; mes mains sont restées pures de leurs vols, de leurs querelles et de leurs meurtres. Aujourd’hui que le Grand-Esprit m’a pris en pitié, je suis content ; je lui donne mon cœur et lui offre ma vie »[13].

Le P. De Smet érigea, à l’endroit même, une nouvelle mission, qui reçut le nom de Saint-Paul. Une autre, celle de Saint-Pierre, fut établie un peu plus au nord, pour les Indiens qui habitaient la région des Lacs.

Le 4 août, notre missionnaire quitte les chutes du Columbia. Il est accompagné de plusieurs métis. Ceux-ci le prient d’examiner l’emplacement qu’ils ont choisi pour fonder un village chrétien, entre la mission Saint-Ignace et celle du Sacré-Cœur. Nombre de chasseurs ont décidé de s’y fixer avec leurs familles. Jugeant l’endroit favorable, le Père trace le plan de la nouvelle réduction, et lui donne le nom de Saint-François Régis.

Restent les Arcs-à-Plats et les Kootenais, chez qui nul prêtre n’a encore pénétré. Le P. De Smet va les visiter, pour préparer la voie aux missionnaires.

À travers d’épaisses forêts, d’affreux bourbiers, des rivières qui débordent, il arrive chez la première de ces tribus.[14]

Les Arcs-à-Plats comptaient environ quatre-vingt-dix familles. Grâce au zèle d’un brave Canadien qui avait longtemps résidé chez eux, ils connaissaient déjà les principales vérités de la foi. Ils savaient plusieurs cantiques en français et en langue indienne. Tous exprimaient le désir de devenir chrétiens.

« Cette année, dit le missionnaire, comme toutes celles que j’ai passées jusqu’ici au milieu des sauvages, l’Assomption de la Sainte Vierge fut pour moi un jour de consolation et de bonheur… Je célébrai la première messe qui ait été dite dans ce pays. Ensuite, je baptisai quatre-vingt-douze enfants, ainsi que dix adultes d’un âge très avancé.

» Dans la soirée, eut lieu la plantation de la croix. L’étendard du Sauveur s’éleva sur le bord d’un lac, au bruit d’une salve de quatre-vingts coups de fusil. À ses pieds, la tribu entière fit au Grand-Esprit l’offrande de son cœur, promit un attachement inviolable à la religion, et détruisit ce qui restait des anciennes superstitions »[15].

La station reçut le nom de l’Assomption. Joignant, comme toujours, le bienfait de la civilisation à celui de La foi, le P. De Smet fit comprendre aux Indiens les avantages de la culture ; il promit de leur fournir les semences et les outils nécessaires ; puis, bénissant Dieu, dont la grâce avait si puissamment agi sur ces âmes, il se dirigea vers le pays des Kootenais.

C’est, dit notre voyageur, « le nec plus ultra du désert ». « La forêt est si épaisse qu’on perd de vue son guide à la distance de quelques pas. Le plus sûr moyen de ne pas s’égarer, c’est de s’abandonner à la sagacité de son cheval. Toujours celui-ci suit fidèlement les bêtes qui ouvrent la marche. Sans cet expédient, je me serais cent fois perdu.

» J’avoue que ces sombres lieux font naître dans l’esprit de sinistres pensées, comme si l’on était condamné à ne jamais sortir des labyrinthes qui servent de repaires aux ours et aux panthères.

» Le sentier serpente dans le voisinage d’une rivière. À un certain endroit, celle-ci traverse une gorge de montagnes, ou plutôt de rochers escarpés d’une hauteur effrayante. C’est à travers pareils obstacles qu’il faut voyager l’espace de huit milles environ. Ce ne sont que montées et descentes à pic, précipices affreux, glacis longs et étroits. À chaque pas, la vue du danger glace le sang dans les veines, et couvre les membres d’une sueur froide. Après chaque passage, je remerciais Dieu, comme si je venais d’échapper à la mort et à ses angoisses »[16].

Au printemps de 1842, le P. De Smet avait rencontré quelques familles de Kootenais sur les bords de la Clarke. Aussi fut-il reçu dans le camp au bruit d’une longue décharge de mousqueterie, et avec de vives manifestations de joie. « Plusieurs, dit-il, me montrèrent leur journal. C’était un long bâton carré, sur lequel ils avaient marqué les jours et les semaines, depuis que je les avais rencontrés. Ils comptaient déjà quarante et un mois et quelques jours ».

Le Canadien qui, depuis de longues années, vivait chez les Arcs-à-Plats, avait également appris aux Kootenais les premiers éléments de la religion.[17] Ils chantaient des cantiques, faisaient en commun les prières du matin et du soir, et observaient strictement le dimanche. « Le jour où on célèbre la fête du Cœur Immaculé de Marie, continue notre missionnaire, je chantai la grand’ messe, et pris possession, au nom de Dieu, de cette nouvelle terre où le prêtre pénétrait pour la première fois. J’administrai ensuite le baptême à 105 personnes, dont 20 adultes.

» Comme chez les Arcs-à-Plats, la journée se termina par la plantation de la croix. Elle se dressa, saluée par une décharge de tous les fusils du camp. Puis tous les chefs, à la tête de la peuplade, vinrent se prosterner au pied de l’arbre du salut, et firent à haute voix l’offrande de leurs cœurs à Celui qui s’en déclare le Pasteur et le Maître.

» La station reçut le nom de l’Immaculé-Cœur de Marie ».[18] Devant la prodigieuse activité du missionnaire, l’imagination reste confondue. Dans un pays inconnu, parmi d’épaisses forêts, coupées de chemins affreux, six semaines lui ont suffi pour administrer plus de 300 baptêmes et créer cinq stations nouvelles.

Pour assurer l’avenir de ces chrétientés, il charge le P. Ravalli d’aller partager les travaux du P. Hoecken. Les nouveaux postes se trouvant groupés dans un rayon relativement restreint autour de Saint-Ignace, les deux Pères pourront aller de l’un à l’autre, et compléter l’instruction des néophytes.

Déjà presque toutes les tribus de l’Orégon sont pourvues de missionnaires. Celles qui n’ont pas de prêtre à demeure sont du moins assurées de recevoir souvent la visite d’un des Pères du voisinage. Les vallées se peuplent de gracieux villages, au centre desquels s’élève la loge de la prière. Étonné et ravi, le voyageur s’arrête, lorsque lui arrive, porté par la brise du soir, le chant des mélodies chrétiennes. Encore un an, et le nombre croissant des fidèles exigera la création de deux nouveaux diocèses.[19]

L’âme débordante de joie, le P. De Smet bénit Dieu de l’avoir choisi pour être l’instrument de ses desseins. « Je crois, dit-il, au centuple promis par le Sauveur. Ce que nous avons abandonné dans le monde n’est rien, en comparaison de ce que nous avons retrouvé, de ce que nous éprouvons dans le désert ».[20]

Comment expliquer de tels résultats ? Parmi les Indiens, beaucoup possédaient d’admirables vertus naturelles ; pour embrasser le christianisme, ils n’avaient besoin que de le connaître.[21] Les plus dégradés avaient du moins conservé une haute idée de la grandeur et de la puissance de Dieu. Le blasphème leur était inconnu. N’osant directement s’adresser au « Grand-Esprit », ils priaient leurs manitous d’intercéder pour eux. Superstition sans doute, mais sous laquelle vivait un sentiment religieux que le missionnaire n’avait souvent qu’à éclairer et à diriger.

Nul, d’ailleurs, n’était retenu par l’amour-propre ou les préjugés. Nous verrons les plus fiers Indiens de l’Ouest, les Sioux, se comparer à « des enfants qui n’ont point de père pour les guider, aux animaux de la prairie qui ignorent tout », et, avec une touchante humilité, prier le missionnaire de « les prendre en pitié ».

Ces âmes droites savent, de plus, apprécier la virginité du sacerdoce catholique. Avec une singulière justesse de vue, le sauvage a compris que, devant appartenir à tous, le prêtre ne peut être lié particulièrement à personne. Aussi n’hésite-t-il jamais entre la robe-noire, qui lui consacre sa vie, et le fonctionnaire à cravate blanche qui, avec femme et enfants, s’installe dans une confortable habitation, se dévoue aux intérêts des siens, et consacre le temps qui lui reste à distribuer des bibles.[22] Pour l’apostolat de ces tribus, le P. De Smet était l’homme providentiel.

Voyageur intrépide, à qui ne déplaisent pas les aventures, il peut, grâce à une robuste santé, rester en route des mois entiers, se faire à tous les régimes, dormir à la belle étoile, partager la rude existence de l’Indien des Montagnes.

Plus encore que sa vigueur physique, ses qualités morales lui assurent le succès. Quoique, d’ordinaire, il ne parle que par interprète, il a vite acquis un ascendant qui tient de la fascination. La dignité et la douceur de ses manières, sa calme assurance, la loyauté de son caractère, sa tendre et compatissante bonté, lui méritent les noms significatifs que lui donnent encore aujourd’hui les tribus de l’Ouest : c’est « la Grande Robe-Noire », « le Blanc qui n’a pas la langue fourchue », « le Meilleur Ami des Indiens ».

Sa bonté, pourtant, n’exclut pas l’énergie, et c’est ainsi qu’il maîtrise les natures les plus revêches.

Il séjournait depuis quelque temps dans une mission des Montagnes. Un Indien altier et farouche, redouté à cause de sa force prodigieuse, avait juré de tuer le missionnaire et d’anéantir la religion qu’il prêchait.

Un jour, devant visiter un poste voisin, le P. De Smet monte à cheval et se met en route, n’ayant pour bagage que son bréviaire et sa cravache. Tout à coup, il voit fondre sur lui le terrible sauvage, brandissant sa hache et poussant le cri de guerre. Fuir serait facile, mais quel triomphe pour le fanatique ! Prompt comme l’éclair, le Père saute de cheval, et, avant d’être atteint par son adversaire, lui applique sur le poignet un coup qui fait tomber la hache de sa main. L’Indien se baisse pour la ramasser. Au même instant, le P. De Smet le saisit, le renverse, le tient couché à terre ; puis, s’armant de sa cravache, lui administre une vigoureuse discipline.

Écumant de honte et de fureur, le vaincu cherche à se dégager, mais en vain. Alors il demande grâce, jurant au missionnaire d’avoir pour lui désormais le plus grand respect. Le P. De Smet lui promet la liberté, mais à la condition qu’il racontera lui-même à toute la tribu qu’il a été battu par la robe-noire. Bon gré mal gré, l’orgueilleux guerrier doit se soumettre. Il peut alors se relever, mais le Père retient sa hache, lui disant, s’il veut la recouvrer, de venir lui-même la chercher dans quelques jours à la mission.

La conversion n’était pas faite, mais elle était préparée.

Huit jours plus tard, le sauvage se présente à la résidence des missionnaires, et demande à parler au P. De Smet. Celui-ci le reçoit avec bonté, lui fait servir un petit régal, l’entretient de ses victoires et des chevelures enlevées à l’ennemi. Peu à peu, la figure de l’Indien s’épanouit. Le Père, alors, fait tomber le discours sur la religion, démontre à son hôte l’absurdité des pratiques superstitieuses et lui expose les premières vérités de la foi. La grâce aidant, le sauvage s’avoue une seconde fois vaincu, et demande à être admis parmi les néophytes.

Pendant quelques semaines, le nouveau catéchumène suit fidèlement les instructions du missionnaire. Enfin il reçoit le baptême, et devient l’un des meilleurs chrétiens de la tribu.[23]

  1. Cf. Notice sur le Territoire et sur la mission de l’Orégon, suivie de quelques lettres des Sœurs de Notre-Dame, établies à Saint-Paul du Willamette. Bruxelles, 1847.
  2. À la Supérieure générale des Sœurs de Notre-Dame, 28 août 1844.
  3. À François De Smet, 9 oct. 1844. — Le vœu du missionnaire ne devait qu’en partie se réaliser. L’éloignement des diverses stations, la difficulté des voyages, rendaient peu avantageux le nouvel établissement. Après quelques années, les Pères se retirèrent.
  4. Lettre à Mme Parmentier, de Brooklyn. — Mission S. Ignace, 25 juillet 1846.
  5. Lettre à un Père de la Compagnie de Jésus, citée par le P. De Smet : Missions de l’Orégon, p. 240 et suiv.
  6. On trouvera une notice sur le P. Joset dans les Woodstock Letters, novembre 1901, p. 207.
  7. « Assurément, ajoutait le P. Point, il faut une vertu plus qu’ordinaire à ces vieillards, pour se faire les écoliers de leurs petits enfants, et à ces petits enfants, pour se faire les graves et patients précepteurs de leurs vieux pères ; à ces mères de famille qui, non contentes de donner à leurs enfants la nourriture qu’elles se refusent à elles-mêmes, passent de longues soirées à rompre le pain de la divine parole à leurs parentes, à leurs amies, même à des étrangères, avides de les entendre ; à ces jeunes gens, qui s’astreignent à répéter cent fois, à d’autres moins intelligents, ce qu’ils ont saisi les premiers ; qui passent des nuits entières à enseigner à des sourds, à des aveugles, ce que la robe-noire désespérait presque de leur apprendre ; à ces chefs enfin, vrais pères et pasteurs de leur peuplade, pour se lever avant le jour, parfois au milieu de la nuit, par des temps froids et pluvieux, afin de réveiller de leur assoupissement les âmes qui ont besoin d’être excitées ».
    Est-il étonnant que la foi et la piété de ces humbles ait, plus d’une fois, obtenu des faveurs extraordinaires ? « Un matin, dit encore le P. Point, je sortais de l’église. On me dit : « Une telle n’est pas bien ».
    » Elle n’était encore que catéchumène. Je réponds : « J’irai la voir ».
    » Une heure s’écoule ; la même personne, qui était sa sœur, vient me dire : « Elle est morte » !
    » Je cours à la loge, dans l’espoir qu’on se sera trompé. Je trouve, autour du corps immobile, une foule de parentes ou d’amies, qui me répètent :
    « Elle est morte. Il y a longtemps qu’elle ne respire plus ».
    » Pour m’assurer du fait, je me penche vers le corps. Nul signe de vie.
    » Je gronde ces braves gens de ne m’avoir pas dit plus tôt ce qui en était. J’ajoute : « Dieu veuille me le pardonner » ! Puis, avec une sorte d’impatience : « Mais priez donc » !
    » Et tous se mettent à prier fort, bien fort.
    » Je me penche une seconde fois vers la prétendue morte, et je lui dis : « La robe-noire est là ; veux-tu qu’elle te donne le baptême » ?
    » Oh ! quelle joie ! À ce mot de baptême, je vois sa lèvre inférieure faire un léger mouvement. Bientôt l’autre y joint le sien, et me donne la certitude que j’ai été compris. Elle était instruite ; je la baptise. Elle s’assied sur sa couche funèbre, fait le signe de la croix… et aujourd’hui, elle est à la chasse, bien persuadée qu’elle a été morte ». (Lettre citée).
  8. Journal de l’automne de 1844.
  9. Lettre à Mme Parmentier. — Saint-Ignace, 25  juillet  1846.
  10. La tribu des Pends-d’Oreilles ou Kalispels comprenait, nous l’avons vu, deux groupes principaux : les « Kalispels des Montagnes », appartenant à la mission S. François de Borgia, au nord de Ste. Marie, et les « Kalispels de la Baie », de la mission S. Ignace, près de l’embouchure de la Clarke. Les deux missions devaient se réunir, en 1854, près du lac des Têtes-Plates, et garder le nom de Saint-Ignace.
    Pour éviter toute confusion, nous continuons à appeler Pends-d’Oreilles les Indiens des Montagnes, réservant à ceux de la Baie le nom de Kalispels.
  11. Lettre à Mgr Hughes. — S, François Xavier, 20 juin 1845.
  12. La Nouvelle-Calédonie, dont il est ici question, correspond à ce qu’on appelle aujourd’hui la Colombie Britannique.
  13. Lettre au P. Joset. — 9 sept. 1845.
  14. « Les Arcs-à-Plats ne connaissent ni industrie, ni arts, ni sciences. Ils jouissent en commun des biens que leur fournit spontanément la nature. Comme tous les sauvages, ils sont imprévoyants, et passent souvent d’une grande abondance à une extrême disette. Un jour, ils se rempliront le corps à outrance ; le lendemain, et souvent plusieurs jours de suite, se passent dans une abstinence totale. Cependant, les deux extrêmes leur sont également pernicieux, témoin les figures cadavéreuses et sans vie que je rencontrai parmi eux ». (Lettre à Mgr Hughes. — Station de l’Assomption, 17 août 1845).
  15. Lettre citée.
  16. Lettre à Mgr Hughes. — Rivière des Arcs-à-Plats, 3 sept. 1845.
  17. Les Arcs-à-Plats et les Kootenais étaient deux peuplades appartenant à la même famille, celle des Skalzi.
  18. Lettre citée.
  19. En juillet 1846, Mgr Norb. Blanchet était nommé archevêque d’Orégon City. Ses suffragants étaient Mgr Deniers, évêque de l’île Vancouver, et Mgr A.-M. Blanchet, frère du métropolitain, évêque de Wallawalla. Ce dernier siège devait, en 1850, être transféré à Nesqually.
  20. Lettre à Mme Parmentier. — S. Ignace, 25 juillet 1846.
  21. « L’Indien de l’Amérique du Nord est le plus beau type païen qui soit sur la terre. Il reconnaît un Grand-Esprit ; il croit à l’immortalité ; il a l’intelligence vive et l’esprit clair ; il est brave et intrépide ; aussi longtemps qu’il n’a pas été trahi, il est fidèle à la parole donnée ; il aime passionnément ses enfants, et se fait une joie de mourir pour sa tribu ». (Rev. Whipple, évêque protestant du Minnesota, cité par Helen Jackson, A Century of Dishonor, p. VII).
  22. Cf. Marshall, Les Missions chrétiennes, t.II, p. 330 et suiv.
  23. Le fait est raconté dans les Précis historiques de Bruxelles, 1873, p. 446, par un Père qui le tenait de la bouche même du P. De Smet.