Lettres à Sixtine/Envoi

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Lundi, 6 juin, soir, 9 h.



ENVOI




JE rêvais à ces lignes, comme je me levais, ce matin, et un peu plus tard — plus tard pour les penser plus longtemps, — je les écrivis.

J’ai du plaisir à écrire de vous, compensation que je me donne quand m’assiège l’idée que je ne vous verrai de la journée.

Puis, quand c’est fait, je me demande : faut-il mettre cela à la poste ? À quoi bon ? Sait-elle pas ce que je pense ? Si je ne suis pas un livre ouvert, suis-je pas, au moins, un livre entr’ouvert ?

Mais je pense au plaisir que j’aurais à lire un peu de votre âme mise en des mots, avec de l’encre indélébile, sur du beau papier, et j’envoie. — Ainsi soit-il !