Lettres à Sixtine/Envoi
(p. 68-69).
Lundi, 6 juin, soir, 9 h.
ENVOI
E rêvais à ces lignes, comme je me levais, ce
matin, et un peu plus tard — plus tard pour
les penser plus longtemps, — je les écrivis.
J’ai du plaisir à écrire de vous, compensation que je me donne quand m’assiège l’idée que je ne vous verrai de la journée.
Puis, quand c’est fait, je me demande : faut-il mettre cela à la poste ? À quoi bon ? Sait-elle pas ce que je pense ? Si je ne suis pas un livre ouvert, suis-je pas, au moins, un livre entr’ouvert ?
Mais je pense au plaisir que j’aurais à lire un peu de votre âme mise en des mots, avec de l’encre indélébile, sur du beau papier, et j’envoie. — Ainsi soit-il !