Lettres de Jules Laforgue/037
XXXVII
À M. CHARLES HENRY
Je viens vous déranger de votre quartier (mais votre quartier n’est-il pas plutôt celui de la rue Richelieu ?) pour vous demander un petit service.
Voudriez-vous aller 4, rue Gluck, aux bureaux de l’Art de la Mode (au 1er) prendre un numéro de septembre dernier. C’est un où il y a quelque chose de moi[1], mais je le veux surtout pour les planches de modes, prenez donc garde qu’on ne les enlève pas du numéro. Cela vous coûtera 10 francs, je crois, que je vous renverrai. Bien que cette machine ne m’ait pas rapporté le premier sou des 25 francs que le directeur m’en avait promis.
Merci d’avance.
Et n’avez-vous pas reçu ma lettre de Wiesbaden ? Pourquoi le poète de la rue d’Enfer ne m’envoie-t-il pas la photographie que je lui avais demandée et pourquoi ne m’écrit-il plus ?
Mai, juin, juillet, trois mois et j’irai vous voir, vous et votre salon. Ne publiez-vous rien ? Cela me semble bien extraordinaire.
Tenez-moi au courant.
Comment va le baron de Jaurú ? Je fais pour la Gazette des Beaux-Arts quelques pages sur l’Albert Dürer de Charles Ephrussi.
Spleen, spleen. Comme la vie est vide, surtout ici. Je vous assure que je regrette ma vie de Paris. Bien qu’il soit plus avantageux pour moi d’être bien nourri, d’avoir de l’argent, des loisirs, de voyager, de respirer du bon air.
Heureusement j’irai passer un mois à Paris.
Écrivez-moi, je vous en supplie.
Adieu.
Donnez-moi l’adresse exacte et fixe de l’illustre Gustave[2]. Je voudrais bien lui écrire.