Lettres de Jules Laforgue/054
LIV
À SA SŒUR
Encore dimanche. Je crois que je pars demain soir. Donc envoie-moi lettres chez Henry ou à Bade, ou plutôt attends — je t’écrirai le premier, aussitôt arrivé là-bas.
Je viens de chez Bourget où il y avait des tas de gens. L’Irréparable paraît au mois de février.
T’ennuies-tu toujours outre mesure ? j’espère que non. Tu arriveras à te faire une raison avec le sentiment même que la providence (!) nous a fait encore la part bonne.
Depuis trois jours, averses torrentielles et inépuisables, je rentre trempé. Je passe mes journées ou à peu près à la Bibliothèque et le soir chez Henry. Voilà qu’on vient m’interrompre ! je te récrirai demain matin à la hâte ; dis à Émile de me renvoyer les deux numéros de la Nouvelle Revue[1] laissés par Père. Quant à la pipe, je l’enverrai demain. Je l’ai retardée parce que je voulais aller la prendre en dehors de Paris, à Levallois-Perret.
Je t’embrasse tendrement. J’espère que tu m’adores toujours. J’espère que la présente te trouvera de même !
Adieu, je te récrirai demain. Travaille, soigne-toi. Espère, ne te fais pas de mauvais sang.
- ↑ Vraisemblablement les deux numéros de novembre 1881. Celui du 15 novembre 1881 contenait le premier des Essais de Psychologie contemporaine de M. Paul Bourget, l’essai consacré à Baudelaire.