Lettres de Jules Laforgue/054

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Lettres. — I (1881-1882)
Texte établi par G. Jean-Aubry, Mercure de France (Œuvres complètes de Jules Laforgue. Tome IVp. 201-202).
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LIV

À SA SŒUR

1882, dimanche [Paris, 29 octobre].
Ma chère Marie,

Encore dimanche. Je crois que je pars demain soir. Donc envoie-moi lettres chez Henry ou à Bade, ou plutôt attends — je t’écrirai le premier, aussitôt arrivé là-bas.

Je viens de chez Bourget où il y avait des tas de gens. L’Irréparable paraît au mois de février.

T’ennuies-tu toujours outre mesure ? j’espère que non. Tu arriveras à te faire une raison avec le sentiment même que la providence (!) nous a fait encore la part bonne.

Depuis trois jours, averses torrentielles et inépuisables, je rentre trempé. Je passe mes journées ou à peu près à la Bibliothèque et le soir chez Henry. Voilà qu’on vient m’interrompre ! je te récrirai demain matin à la hâte ; dis à Émile de me renvoyer les deux numéros de la Nouvelle Revue[1] laissés par Père. Quant à la pipe, je l’enverrai demain. Je l’ai retardée parce que je voulais aller la prendre en dehors de Paris, à Levallois-Perret.

Je t’embrasse tendrement. J’espère que tu m’adores toujours. J’espère que la présente te trouvera de même !

Adieu, je te récrirai demain. Travaille, soigne-toi. Espère, ne te fais pas de mauvais sang.

Ton éternel Jules.

  1. Vraisemblablement les deux numéros de novembre 1881. Celui du 15 novembre 1881 contenait le premier des Essais de Psychologie contemporaine de M. Paul Bourget, l’essai consacré à Baudelaire.