Lotus de la bonne loi/Notes/Chapitre 25

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Lotus de la bonne loi
Version du soûtra du Lotus traduite directement à partir de l’original indien en sanscrit.
Traduction par Eugène Burnouf.
Librairie orientale et américaine (p. 430-431).
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Notes du chapitre XXV

CHAPITRE XXV.

f. 235 a. Trente-sept conditions qui constituent l’état de Bôdhi.] Le texte ne nous apprend pas quelles sont ces trente-sept conditions que l’on nomme bôdhipakchika, c’est-à-dire, « qui sont du côté de la Bôdhi ; » je ne pourrais dire non plus si ce sont les trente-sept perfections, sattatim̃sa pâramiyô, dont parle un texte du Rasavâhinî publié par Spiegel[1] ; les trente-sept conditions jouent cependant un certain rôle dans l’histoire de la vie ascétique du Buddha Çâkyamuni, puisqu’elles sont rappelées par une légende de la vie de Çâkya dont Klaproth a inséré des fragments étendus dans les notes du Foe koue ki ; malheureusement Klaproth a rendu ce passage d’une manière peu intelligible, et il ne l’a fait suivre d’aucun éclaircissement[2]. Le nom qu’il donne à ces conditions de l’état de Bôdhi est exprimé ainsi : « les trente-sept classes de doctrine ; » ce sont certainement les Bôdhipakchika dharma de notre Lotus. Ces trente-sept conditions ne paraissent pas former une série continue ; elles se composent au contraire de sept catégories dont plusieurs reparaissent ailleurs, et notamment dans le Lalita vistara et dans le Vocabulaire pentaglotte. Les voici d’après la traduction de Klaproth qui aurait certainement besoin d’être revue : 1o les quatre stases d’idées du mens ; 2o les quatre interruptions du mens ; 3o les quatre suffisances spirituelles ; 4o les cinq racines ; 5o les cinq forces ; 6o les sept mens intelligents ; 7° les huit actions droites. On n’a pas de peine à reconnaître les quatre confiances dans les quatre suffisances spirituelles ; les cinq indriyâni du Vocabulaire pentaglotte dans les cinq racines, savoir : çraddhêndriya, « l’organe de la foi ; » vîryêndriya, « l’organe de la vigueur ; » smrĭtîndriya, « l’organe de la mémoire ; » samâdhîndriya, « l’organe de la méditation ; » pradjñêndriya, « l’organe de la sagesse[3]. » Les cinq forces sont également celles du Vocabulaire pentaglotte, c’est-à-dire, çraddhâbala, « la force de la foi, » et ainsi de suite comme pour les organes[4]. Les sept mens intelligents, comme dit Klaproth, sont les sept bôdhyag̃gas sur lesquels je me suis expliqué ailleurs[5]. Enfin les huit actions droites sont les huit voies de rectitude du Vocabulaire pentaglotte qui commencent par samyagdrĭchi, et qui sont « la vue droite, la volonté droite, la parole droite, l’action droite, la vie droite, l’application droite, la mémoire droite et la méditation droite[6]. » Quant aux deux premières catégories qui ouvrent cette série des trente-sept conditions de l’état de Bôdhi, il se peut qu’elles répondent aux sections xxv et xxvi du Vocabulaire. La première de ces sections a pour titre, selon la version d’A. Rémusat, « les quatre réflexions sur les trente-sept secours de la loi. » Mais les quatre termes dont elle est formée sont caractérisés par le mot upasthâna, l’action de se tenir dans, » comme il suit : kâyasmrĭtyupasthâna, « l’action de se tenir dans le souvenir du corps ; » vêdanâsmrĭtyapasthâna. « l’action de se tenir dans le souvenir de la sensation ; » tchittasmrĭtyupasthâna, « l’action de se tenir dans le souvenir de la pensée ; » dharmasmrĭtyupasthâna, « l’action de se tenir dans le souvenir de la loi. » Le terme exposant d’upasthâna est assez bien représenté par la stase de Klaproth. Je ne puis être aussi affirmatif en ce qui touche la section xxvi à laquelle A. Rémusat donne ce titre : « Les quatre efforts ou les quatre sortes d’application. » L’éditeur chinois y a fait dix articles de ce qui n’en doit former que quatre, par suite de la division arbitraire de quelques phrases ; c’est un point sur lequel j’aurai probablement occasion de revenir. Quant à présent, je suis très-porté à admettre que les « quatre interruptions du mens » de Klaproth, sont comprises dans la section xxvi du Vocabulaire pentaglotte.

f. 236 a.À la hauteur de sept empans.] Lisez « de sept Tâlas, » ou de sept palmiers.

f. 237 a.St. 2. Que le fruit de l’Udumbara.] Voyez sur cette figure destinée à exprimer la rareté de l’apparition d’un Buddha, la note du chap. II, f. 24 a, p. 352 et 353.

L’introduction du col d’une tortue, etc.] J’avoue que je ne comprends pas encore ce que cette figure veut dire ; voici les paroles mêmes du texte : mahârṇava yuga tchtchhidra kûrma grîvâ pravêçavat. C’est une de ces impossibilités comme il paraît que les Buddhistes aiment à s’en représenter, quand ils veulent parler de quelque chose d’absolument inexécutable. Ainsi, dans le Lalita vistara, on trouve cette autre impossibilité, lômnâtcha sâgaradjalañtcha samuddharêd yaḥ, « celui qui à l’aide d’un poil épuiserait l’eau de l’Océan[7]. »

f. 237 b.Décoré de telles marques de perfection.] J’ai traduit ainsi le lakchana sampat du manuscrit de la Société asiatique ; mais les deux manuscrits de M. Hodgson ont kchaṇa sampat, de sorte qu’avec cette leçon il faudrait traduire : « une chose extrêmement difficile à rencontrer que le bonheur d’un moment si favorable. » C’est là probablement la vraie leçon, car cette idée s’est déjà présentée dans la même circonstance, à la fin de la stance 2.

f. 238 a.L’instruisit complètement, l’éclaira, etc.] Le texte se sert ici d’une formule spéciale que voici : dharmakathayâ sam̃darçayati samâdâpayati samuttêdjayati sampraharchayati[8] ; à cette formule répond en pâli cette phrase que le Mahâpadhâna sutta met dans la bouche de Çâkyamuni : dhammiyâtcha kathâya sandassêmi samâdapêmi samuttêdjêmi sampal am̃sêmi[9].

f. 238 b.À la hauteur de sept empans.] Lisez, « à la hauteur de sept Tâlas. »

  1. Anecdota pâlica, p. 25.
  2. Foe koue ki, p. 286.
  3. Vocab. pentagl. sect. XXVIII.
  4. Ibid. sect. XXIX.
  5. Vocab. pentagl. sect. XXX, et Appendice, no XII.
  6. Vocab. pentagl. sect. XXXI.
  7. Lalita vistara, f. 175 b, man. A.
  8. Conf. Sahasôdgata avadâna, dans Dîvya avad. f. 154 b ; Svâgata avad. ibid. f. 89 b.
  9. Kûṭadanta sutta, dans Dîgka nikâya, f. 37 b ; Mahâpadhâna sutta, ibid. f. 75 b ; Mahâparinibbâna sutta, ibid. f. 84 b, 86 b, 89 a et 92 b.