Odes (Horace, Mondot)/2

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Traduction par Jacques Mondot.
Poncelet (p. 5-7).
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Nous auons veu hors du riuage
Des Étruſques, flotter les eaux,
Qui du Roy, l’image à morceaux
Et l’Autel de Veſta, rauage.

Car c’eſt le Tibre qui ſe vante
De vouloir prendre la raiſon,
De l’Illienne trahiſon,
Quoy que Iupin ſ’en meſcontente.

Ce pendant la forte ieuneſſe
Entendra les mutins aſſauts,
Les combats, les faits martiaux,
Des Perſes, pour vaincre la preſſe.

À ce malheur qui ia deffie
L’Empire Romain, de ſi prez :
Lequel des dieux (comme plus prez)
Faudra-il (helas ! ) que lon crie ?

Quelle priere ou ſacrifice
Des Vierges, les filles des Cieux,
Quel accord doux & gracieux
Nous fera voir Veſta propice ?

À qui des Dieux le plus à craindre
Donra-il la legation

Pour trouuer l’expiation
Du malheur qui tãt no’ foit pleindre.

Nous te prions ô ſaint Augure !
Apolon, nous tendre la main,
Pour briſer le dard inhumain
Sa fureur, ſa fiere pointure.

Ou bien toy riante Éricyne,
Ceinte d Amour, d atraits de ieux,
Ou toy Mars, qui voys tes nepueux,
Autheur de la race Quirine.

Qu’vn trait de vos yeux ſe deſbande
Sur nous, las ! comme vn clair rayon,
Puis qu’il faut prendre vn morion,
Pour chaſſer des Mores la bande.

Si la guerre longtemps ſeiourne,
Animés d’vn cry noſtre voix,
Noſtre dos chargé d’vn harnois,
Faites puis, que la paix retourne.

Toy, Auguſte que mon vers nomme
En terre, deſcendu des Cieux,
Qui veux que chacun en ces lieux
De Ceſar, vengeur te renomme.

Laiſſe du Ciel la voute encore.
Et comme elle fera ſes tours,
Faits alors renaiſtre tes iours,
Viuant ça bas, où l’on t’adore.


Prends icy, les fruits de ta Gloire :
Les triomphes qu’à tes Autels
On ſacre, rendant immortels
Ton nom, ton los, & ta memoire.

Ta voye ayant au Ciel repriſe,
Faits qu’on te nomme Prince humain,
Accort, puiſſant, de qui la main,
De ces Indois, l’audace briſe.