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passé, il revint dans l’île. Son camarade le voyant gras et en bon corps, lui rappela sa promesse et lui reprocha de ne lui avoir rien rapporté. « Ne t’en prends pas à moi, répondit-il, mais à la nature du lieu : il est possible d’y trouver à vivre, mais impossible d’en emporter quoi que ce soit. »

On pourrait appliquer cette fable à ceux qui poussent l’amitié jusqu’à régaler leurs amis, mais pas plus loin, et qui refusent de leur rendre aucun service.

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LE CRABE ET LE RENARD


Un crabe, étant monté de la mer sur le rivage, cherchait sa vie solitairement. Un renard affamé l’aperçut ; comme il n’avait rien à se mettre sous la dent, il courut sur lui et le prit. Alors le crabe, sur le point d’être dévoré, s’écria : « J’ai mérité ce qui m’arrive, moi qui, habitant de la mer, ai voulu devenir terrien. »

Il en est ainsi des hommes : ceux qui abandonnent leurs propres occupations pour se mêler d’affaires qui ne les regardent pas, tombent naturellement dans le malheur.

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L’ÉCREVISSE ET SA MÈRE


« Ne marche pas de travers, disait une écrevisse à sa fille, et ne frotte pas tes flancs contre le roc humide. — Mère, répliqua-t-elle, toi qui veux m’instruire, marche droit ; je te regarderai et t’imiterai. »

Quand on reprend les autres, il convient qu’on vive et marche droit, avant d’en faire leçon.

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LE NOYER


Un noyer qui se trouvait au bord d’une route et que les