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au son, pensant que c’était quelque gros animal. Il attendit quelque temps, puis, la voyant sortir de l’étang, il s’approcha et l’écrasa, en disant : « Eh quoi ! c’est avec une telle taille que tu pousses de tels cris ! »

Cette fable s’applique au bavard, incapable d’autre chose que de parler.


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LE LION ET LE DAUPHIN

Un lion errant sur une plage vit un dauphin qui sortait la tête hors de l’eau. Il lui proposa une alliance. « Il nous sied tout à fait, dit-il, d’être amis et alliés, puisque toi, tu es le roi des animaux marins, et moi, des animaux terrestres. » Le dauphin acquiesça volontiers. Or le lion, qui était depuis longtemps en guerre avec un taureau sauvage, appela le dauphin à son secours. Celui-ci essaya de sortir de l’eau, mais ne put y réussir. Alors le lion l’accusa de trahison. « Ce n’est pas à moi, répliqua le dauphin, mais à la nature qu’il faut t’en prendre : elle m’a fait aquatique et ne me permet pas de marcher sur terre ».

Ceci prouve que nous aussi, quand nous contractons amitié, nous devons choisir des alliés qui puissent être à nos côtés au jour du danger.


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LE LION ET LE SANGLIER

Dans la saison d’été, quand la chaleur fait naître la soif, un lion et un sanglier vinrent boire à une petite source. Ils se querellèrent à qui boirait le premier, et de la querelle ils en vinrent à une lutte à mort. Mais soudain s’étant retournés pour reprendre haleine, ils virent des vautours qui attendaient pour dévorer celui qui tomberait le premier. Aussi, mettant