Page:Ésope - Fables - Émile Chambry.djvu/328

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Les gens que la nature a faits redoutables, une fois dressés à la rapine et au vol, ont souvent fait plus de mal à leurs maîtres qu’aux étrangers.

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LE BERGER ET SES MOUTONS


Un berger, ayant conduit ses moutons dans un bois de chênes, aperçut un gros chêne chargé de glands ; il étendit son manteau par dessous, puis monta dessus et secoua les fruits. Les moutons, mangeant les glands, mangèrent aussi par mégarde le manteau. Le berger, étant descendu, et voyant le méfait, s’écria : « Méchantes bêtes, vous donnez aux autres de la laine pour se vêtir, et à moi qui vous nourris, vous m’avez enlevé même mon manteau. »

Ainsi beaucoup de gens obligent sottement ceux qui ne leur sont rien, et se conduisent vilainement envers leurs proches.

317


LE BERGER QUI INTRODUIT LE LOUP DANS LA BERGERIE ET LE CHIEN


Un berger, qui faisait rentrer ses moutons à l’intérieur de l’étable, allait enfermer avec eux un loup, si son chien, qui s’en était aperçu, ne lui eût dit : « Comment toi, qui tiens à la vie de tes moutons, fais-tu entrer ce loup avec eux ? »

La société des méchants est propre a causer les plus grands dommages et même la mort.

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LE BERGER MAUVAIS PLAISANT


Un berger, qui menait son troupeau assez loin du village, se livrait constamment à la plaisanterie que voici. Il appelait