Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 2.djvu/110

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En disant cela, M. Tomasseau, notaire, posa plusieurs papiers sur la table, tandis que Valentine cherchait à s’expliquer le but de cette visite.

— J’ai passé chez le notaire de madame, continua M. Tomasseau en feuilletant ses papiers ; il m’a dit que l’acte de naissance dont nous avons besoin était chez elle ; et je viens la prier de vouloir bien me le confier avant de…

— Pardon, monsieur, interrompit madame de Champléry, mais je ne comprends pas…

— Madame peut être parfaitement tranquille ; nous avons tout préparé pour lui épargner l’ennui de ces formalités. Les femmes ont raison de laisser cette peine-là aux hommes. Aussi je n’en dirai que ce qui est indispensable. Le contrat a été dressé selon que nous en sommes convenus. D’après les ordres que lui a donnés madame la marquise, son notaire nous a fourni toutes les pièces nécessaires, extraits mortuaires, état de succession, rien ne nous a manqué ; nous avons aussi depuis hier le consentement de M. le duc… mais madame doit savoir cela.

— Comment ! dit Valentine, quel consentement ? quel duc ?

Le notaire la regarda avec étonnement et répondit :

— Eh ! mais, celui de M. le duc de Lorville.

À ce nom, Valentine tressaillit, et répéta d’une voix troublée :

— Le consentement de M. le duc de Lorville ?

M. Tomasseau, confondu de l’air surpris de Valentine, crut s’être trompé.

— N’est-ce pas à madame la marquise de Champléry que j’ai l’honneur de parler ?

— Oui, monsieur.

— Alors, c’est bien cela, continua-t-il. Madame ne savait donc pas que nous avions le consentement du père ? Oh ! il ne se l’est pas fait demander deux fois, je puis l’assurer ; car le jeune homme disait ce matin devant moi à un de ses amis combien son père était heureux de ce mariage, qui depuis longtemps était l’objet de ses vœux.

Valentine croyait rêver… Sans écouter le bavardage du notaire, elle parcourait les divers papiers qui étaient sur la