Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 2.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
265
DE PONTANGES.

Laurence obéit. Elle rentra dans le salon après avoir reconduit madame d’Auray jusqu’à la porte du jardin ; elle revint en riant s’asseoir à la place qu’elle avait quittée ; mais tout à coup elle jeta les yeux sur la table… et rougit extrêmement.

— Pourquoi ?

C’est ce qu’on verra dans le chapitre suivant.


V.

UN PRÉTEXTE.


Madame d’Auray connaissait parfaitement le château de Pontanges ; elle en récita les souvenirs avec une exactitude qui ne laissait rien à regretter. Cependant Lionel ne cherchait que l’occasion de rentrer dans le salon pour revoir encore madame de Pontanges, et, comme il craignait qu’elle ne l’eût déjà quitté : — Que je suis sot, s’écria-t-il tout à coup, j’ai oublié ma canne !

— Vous l’avez laissée dans la chapelle, dit madame d’Auray ; vous avez essayé l’orgue, et probablement…

— Non, je ne l’avais pas ; je crois plutôt l’avoir posée sur la table du salon, en y regardant un album. Aussi pourquoi nous avez-vous tant pressés de partir ?

— Cela est impossible, vous n’avez pu l’oublier, vous ne la quittez jamais.

— Il faut croire qu’elle me quitte, puisque je ne l’ai plus ; mais je suis à vous dans l’instant, je cours la chercher.

— Mon cher, dit M. Bonnasseau en rejoignant Lionel, ne contrariez pas madame ; il est tard, elle désire retourner chez elle. Venez, nous enverrons chercher votre canne demain ; ou bien, ajouta-t-il tout bas, tu viendras la chercher toi-même, scélérat !

Lionel n’avait pas eu cette idée ; il la trouva excellente, cent fois meilleure que la sienne, et il la saisit avec empressement. Il feignit de céder à la crainte de déplaire à madame d’Auray, qui, touchée au dernier point de ce généreux sacrifice, lui serra tendrement la main en signe de reconnaissance lorsqu’il la reconduisit à sa voiture.

— Tenez, mon cher, dit M. Bonnasseau, voilà de quoi rem-