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DE PONTANGES.

— L’adresse est sur le billet, étourdi !

M. Bélin prit alors la lettre d’invitation et lut : « 39, rue de la Bruyère. » Puis il ajouta :

— Mais vous n’avez pas besoin de vous tourmenter ; je viendrai vous chercher moi-même. Je me charge de vous présenter à la maîtresse de la maison, madame Clémentine de Marny. Vous n’avez donc pas lu le billet ?

— Si, mais j’ai pris tout cela pour une mauvaise plaisanterie.

— C’est une plaisanterie, en effet, mon gendre, mais quand vous verrez votre maisonnette, vous la trouverez bonne, la plaisanterie. Je ne suis pas un mauvais plaisant, moi… Mais parlons sérieusement : cette affaire qui vous tourmente s’arrange-t-elle ? Puis-je vous être utile ?

— Elle est complètement terminée, dit Lionel ; tout s’est arrangé.

— Ah ! bon ; votre père ne perdra donc rien dans cette faillite ?

Lionel ne comprenait pas ; mais il se rappela les contes que Ferdinand avait faits pour expliquer sa fuite, et il eut la présence d’esprit de continuer le mensonge.

— Rien. Ce n’était qu’une alerte, dit-il.

M. Bélin s’éloigna satisfait.

— À six heures ! cria-t-il sur l’escalier.

— À six heures, pensa Lionel, j’ai quelque temps encore à moi…

Il aurait dû dire « à elle », car le souvenir de madame de Pontanges fut ce jour-là le seul aliment de sa pensée.


XIII.

LA VIE ÉLÉGANTE.


Figurez-vous une bonbonnière, une maison toute de mousseline et de soie, brodée, plissée, coquette comme une petite-maîtresse. Tout en elle est soigné… les tentures sont fraîches et parsemées de fleurs ; les tapis sont blancs avec des dessins légers ; les meubles sont frêles et charmants, ils sont ornés de bouffettes de ruban ; les fenêtres ont des stores de soie ; les