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DE PONTANGES.

— Rien, répondit Laurence. C’est un simple rout… Nous ne danserons que dans quinze jours.

— Ma cousine, dit M. de Loïsberg, — car il était là aussi, — vous n’oublierez pas mon Anglais, que vous m’avez promis d’inviter.

— Non sans doute ; mais je ne sais pourquoi, il me semble que vous connaissez beaucoup d’Anglais…

Laurence dit ces mots avec une douce malice, faisant allusion à lady Suzanne, au sujet de qui on plaisantait souvent son cousin.

Lionel remarqua cette taquinerie, il en fut jaloux. Cette fois, c’était le prince qui avait pris sa place, qui faisait les honneurs du salon. Laurence n’aimait pas encore son cousin, mais elle s’en laissait aimer de très-bonne grâce.

— Je vous quitte, dit madame d’Auray, je dîne aujourd’hui chez une grand-tante qui se met à table à cinq heures précises.

— Et moi, s’écria Ferdinand, moi qui oubliais que j’ai affaire !

— Affaire ! dit le prince ; vous m’avez dit que nous dînerions ensemble.

— Oui, je le croyais, mais il est survenu… aussi bien cela vous intéresse. Venez, nous en causerons.

Et M. Dulac emmena le prince, qui ne comprenait rien au mystérieux projet de son ami.

— C’est pour les laisser seuls que vous m’emmenez, dit le prince avec humeur.

— Oui ; il faut tôt ou tard qu’ils se parlent ; le plus tôt, c’est le mieux. Je cours chez la petite femme, moi ; il faut qu’elle soit vite jalouse, et que notre héros essuie une bonne scène en rentrant. Je connais madame de Pontanges ; laissez-moi faire…

— Vous êtes trop profond pour moi, dit le prince, et j’avoue que ce qui donne tant de mal ne me séduit plus.

Et M. de Loïsberg s’éloigna humilié et mécontent.