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MONSIEUR LE MARQUIS

et onze larges portes-fenêtres s’ouvraient sur les riches appartements.

M. de Marny fut ébloui de la beauté de cette demeure ; il se rappela sa jolie bonbonnière de la rue de la Bruyère et il se trouva très-mal logé.

Quels salons splendides ! quelle belle galerie ! quel luxe admirable et de bon goût ! Cela était si vaste, si somptueux, que l’on se croyait dans une église et que l’on parlait tout bas par respect.

Dans l’antichambre, Lionel avait trouvé six grands laquais, poudrés et dorés sur tranche ; maintenant, un solennel valet de chambre, qui ressemblait à un huissier de ministre, lui demanda son nom pour l’annoncer. Lionel suivit ce grave personnage ; il traversa un salon, puis deux, puis trois ; il ne voyait encore personne, enfin la porte d’un quatrième salon s’ouvrit. On souleva un épais rideau, et M. de Marny entra dans un charmant cabinet d’étude ou parloir, le salon du matin de madame de Pontanges.

On causait, on riait, et le nom de M. de Marny se perdit dans les voix bruyantes. Lionel s’avança avec embarras, il était ému. Madame de Pontanges, qui ne l’avait pas entendu annoncer, pâlit d’abord en le voyant, puis elle se rassura.

— Je ne voulais pas croire que ce fût vous, dit-elle, parce que je trouve que vous n’avez pas mis assez d’empressement à venir.

— Je n’ai pas osé, dit M. de Marny.

— Vous étiez moins humble autrefois, dit Laurence hardiment ; mais elle rougit en disant cela.

M. Dulac, devinant qu’elle allait se troubler, vint à son secours : il s’approcha de Lionel et s’empara de lui, pendant que madame de Pontanges reconduisait une des femmes qui étaient chez elle.

— À samedi, n’est-ce pas, Sidonie ? dit Laurence à cette jeune femme.

Puis elle rentra dans le salon.

— Que fait-on chez vous samedi, ma chère ? demanda madame d’Auray, que Lionel n’avait pas reconnue, tant il était troublé.