quelles il assistait ; pourquoi ne m’as-tu pas envoyé chercher ?…
— Je voudrais revoir mon père… dit-elle. Ah ! mon Dieu, que je souffre !
— Germain, cours vite chez M. Bélin ; qu’il vienne… il ne doit pas encore être couché.
— Mon père !… allez chercher mon père !
— Il va venir, cher ange, on est allé chez lui… Mais moi je reste, je ne veux pas te quitter.
— Vous…
Elle eut en cet instant un spasme effrayant ; on aurait dit qu’elle allait mourir…
Lionel était au désespoir, l’aspect de douleurs si violentes lui faisait mal. Les hommes les plus durs, qui sans pâlir entendent à l’armée gémir les blessés, sont sans force contre les souffrances d’une femme.
Beaucoup de maris tueraient leurs femmes peut-être, s’ils n’avaient peur de les entendre crier.
— Comme elle souffre ! disait Lionel ; pauvre enfant !
Il avait des larmes dans les yeux, et il réchauffait les mains de Clémentine avec tendresse ; il lui soutenait la tête, il écartait ses cheveux, il les baisait avec une pitié passionnée qui était touchante : Lionel était bon en cet instant.
Clémentine eut un moment de calme.
— Tu es mieux ? lui demanda-t-il.
Elle répondit :
— Je me meurs !…
— Clémentine…
— Comme tu pleures !… Pourquoi ?… tu ne peux pas me regretter cependant !…
— Je t’aime.
— Oui, parce que je vais mourir… Oui, tu m’aimeras quand je serai morte… je ne te gênerai plus !
— C’est horrible ce que tu dis là ! Mais tu vivras, Clémentine ; calme-toi, mon amour, je t’en prie.
— Oh ! je ne t’en veux pas, reprit-elle. Si je t’ai rendu malheureux, ce n’était pas ma faute, pardonne-moi…
— Eh ! mon Dieu, je n’ai rien à te pardonner, à toi, si douce,