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MONSIEUR LE MARQUIS


XXXII.

CONCLUSION.


On suivit pour M. de Marny le conseil qu’il avait donné pour M. de Pontanges : on l’enferma dans une maison de santé. Comme sa démence était accompagnée de fureur, on lui mit la camisole de force… On eut tous ces petits soins-là pour lui…

Peu de personnes connurent la véritable cause de sa folie.

— Il adorait sa femme ! disait-on dans le monde ; il a été si malheureux de sa mort, qu’il en est devenu fou.

Madame la princesse de Loïsberg fut longtemps avant de se rétablir. — Elle était, disait-on, très-liée avec madame de Marny : sa mort lui a fait tant de chagrin qu’elle est tombée malade en l’apprenant.

Madame d’Auray seule savait à quoi s’en tenir.

Après deux mois de souffrances, Laurence se décida à sortir.

Lorsqu’elle rentra, elle était plus pâle et plus souffrante que la veille.

— Vous êtes sortie ce matin… lui dit son mari ; où êtes-vous allée ?

— Je suis allée chez Esquirol.

— Vous avez vu M. de Marny ?… comment va-t-il à présent ?

— Il ne m’a pas reconnue ! répondit-elle.

Et deux grosses larmes coulèrent de ses yeux.

Quand on parle de madame de Loïsberg, on dit : — Elle est spirituelle, mais elle a l’air de s’ennuyer partout.

— Elle est insupportable ! ajoute une autre personne ; je n’irai jamais nulle part avec elle. Croiriez-vous que l’autre soir elle nous a laissés au Gymnase, où nous étions venus avec elle… On donnait un spectacle charmant, Salvoisy, où ce nouvel acteur joue à merveille le rôle du fou. Eh bien, au