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LE CHIEN VOLANT.

Ils s’attachaient par centaines aux riches barreaux de leur cage dorée, et lorsqu’ils se tenaient là immobiles, cette cage avait l’aspect d’un immense canevas d’or bordé d’oiseaux de mille couleurs.

On admirait aussi les beaux équipages de chasse de la princesse, et une meute nombreuse composée de chiens de toute espèce, lévriers, bassets, chiens d’arrêt, chiens de Terre-Neuve, chiens couchants, chiens anglais, chiens turcs, enfin chiens de tous les pays. On avait le plus grand soin de ces messieurs, qui étaient logés dans un chenil superbe.

La princesse, qui était fort généreuse, donnait souvent les petits de ses chiens à ses amis, et c’était plaisir de voir comme ils la courtisaient pour en obtenir. Ces chiens étaient élevés comme des fils de roi : ils avaient des gouverneurs attachés à leurs personnes, qui leur enseignaient toutes les sciences, c’est-à-dire toutes celles qu’il importe à un chien d’étudier, telles que la chasse, la danse, l’art de rapporter, de fermer une porte avec les pattes, de faire l’exercice avec un bâton, comme les conscrits, et bien d’autres talents encore.

Les enfants des amis de la princesse ne se faisaient jamais longtemps prier pour aller lui faire une visite ; ils s’amusaient beaucoup dans son jardin à regarder les oiseaux et à faire danser les chiens. Tous les dimanches, en quittant le collège, Léon de Cherville se rendait au château de la fée-princesse avec sa mère, et il ne s’en retournait jamais le soir à Paris sans avoir un peu les larmes aux yeux… c’est qu’on ne pouvait quitter ce beau séjour sans regret.

Un dimanche, c’était après la distribution des prix, Léon venait d’arriver au château, comme à son ordinaire : — Je suis très-contente de toi, Léon, lui dit la princesse avec bonté ; tu as obtenu deux prix cette année : c’est un beau succès ; je veux aussi te récompenser.

La fée, à ces mots, l’emmena dans le jardin, et, s’étant arrêtée devant la grande volière : — Regarde bien ces oiseaux, dit-elle ; je te donnerai celui que tu aimeras le mieux.

Léon alors sauta de joie en battant des mains, et se mit à dévorer des yeux tous les oiseaux.

C’était précisément l’heure de la promenade des chiens, ils