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LE CHIEN VOLANT.

sortaient un à un de leur chenil, chacun tenu en laisse par un précepteur.

Léon ne les eut pas plutôt aperçus, qu’il courut à eux et se mit à les caresser en jouant.

— Ah ! tu préfères les chiens ? dit la princesse ; alors je t’en donnerai un.

— J’aime bien aussi les oiseaux, reprit Léon.

— Eh bien, ce sera comme tu voudras, choisis. Que veux-tu que je te donne, un chien ou un oiseau ?

— Je voudrais avoir les deux, répondit l’enfant en souriant.

— Un chien et un oiseau ! s’écria madame de Cherville, qui n’aimait ni l’un ni l’autre ; c’est trop, mon fils ; tu ne pourras avoir soin des deux à la fois, et d’ailleurs ils ne sauraient bien vivre ensemble : choisis, c’est tout ce que je puis te permettre.

Léon fit une petite moue qui n’était pas très-aimable.

Il retourna vers la volière, et regarda tous les oiseaux ; puis il revint près du chenil, et regarda tous les chiens, sans pouvoir jamais se décider.

La princesse riait de son incertitude et des tourments qu’il éprouvait. En effet, c’est un grand supplice que de choisir entre deux choses qu’on aime également.

— Léon, dit la fée, je te laisse jusqu’à demain pour te décider : tu viendras déjeuner avec moi sans ta mère, qui ne se lève pas de si bonne heure que nous ; et je suis sûre que nous nous entendrons à merveille.

La princesse prit un air fin en disant ces derniers mots, que Léon interpréta favorablement. Le mystère pour les enfants gâtés est toujours brillant d’espérance.


CHAPITRE DEUXIÈME.

TOUJOURS INDÉCIS.


Le lendemain, dès quatre heures du matin, Léon était levé, tant il avait d’impatience de revoir la fée. Tout le monde dormait encore lorsqu’il arriva au château, situé à peu de distance de la terre que madame de Cherville habitait pendant l’été.