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LETTRES PARISIENNES (1837).

trop chez moi et je sors. — Et vous, monsieur, qui souriez, êtes-vous complètement guéri ? — Oui ; mais vous allez vous moquer de moi, je ne vous confierai pas mon secret. — Ce n’est pas charitable ; il faut le dire. — Vous n’y croirez pas ! — Qui sait ? dites toujours. — Eh bien, j’ai consulté un célèbre homéopathe qui m’a donné une petite poudre blanche, et au bout de deux jours je ne souffrais plus. — Quelle folie ! je connais aussi un fameux homéopathe qui a donné à un de mes cousins une petite poudre blanche, et au bout de deux jours il ne souffrait plus, ce qui, en style classique de vieux roman, signifie : il était mort. — Ah ! que voulez-vous, tout homme est sujet à l’erreur, toute médecine est dangereuse. Mais erreur pour erreur, danger pour danger, je préfère encore le médecin qui nous laisse mourir au médecin qui nous tue. »

Cependant, les succès des névralgies sont passagers ; dans un mois, nous l’espérons, on n’en parlera plus. Les dentelles d’or ont beaucoup plus d’avenir : d’abord elles sont fort chères, ce qui les préservera d’être trop tôt vulgaires ; sur une robe de satin blanc, une berthe en or sera d’un effet charmant. Mais ces dentelles merveilleuses ont besoin d’être portées avec discernement ; nous ne conseillons pas cette parure aux femmes qui sortent à pied avec des socques, par exemple, ou bien qui vont faire des visites en cabriolet de louage (car nous avons vu un jour, c’était le premier jour de l’an, une femme vêtue d’une robe de satin rose et coiffée d’un magnifique chapeau à plumes, faisant beaucoup de mines, et se pavanant dans un superbe cabriolet de place à panneaux rouges, numéro 245). Non, la dentelle d’or ne convient nullement pour de semblables promenades ; le cabriolet de place demande le mantelet noir doublé d’hermine, hermine bourgeoise dite renard de gouttière. De grâce ! dans les cabriolets de place, pas de dentelles d’or.

C’est ce soir l’ouverture de l’Odéon, aujourd’hui vendredi ! Plus de croyance ! Mais la mystification est bonne, n’est-ce pas ? Cette pièce nouvelle, annoncée avec tant de pompe depuis six mois, qui devait être d’abord un drame de Scribe : le Duc d’Albe ; ensuite le drame de George Sand : les Joies du cœur perdues ; enfin le drame de M. Adolphe Dumas : le Camp des