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LETTRES PARISIENNES (1837).

de peine à conduire sa barque, et qui d’ailleurs ne savait pas les vers du Tasse, a ramené le pauvre Anglais jusqu’à Paris, où notre ami lui a expliqué qu’en France, pays bourgeois et privé de toute poésie, les gondoles étaient menées par des conducteurs de diligence.

On parle tout bas d’un nouvel ouvrage de M. l’abbé de Lamennais, qui a pour titre : le Livre du peuple ; il doit paraître dans quinze jours. Mais ceci ne nous regarde pas, c’est un événement politique.


LETTRE TRENTE-CINQUIÈME.

L’homéopathie. — Les malades. — Les enfants du général Foy.
9 décembre 1837.

Comment donc, l’autre jour, avions-nous construit notre phrase, que l’on a pu croire que nous voulions médire de l’homéopathie ? Comment se fait-il que nous ayons exprimé absolument le contraire de notre pensée ? Quand on le fait exprès, c’est de la finesse ; mais quand on arrive à ce résultat involontairement, la finesse change de nom, et nous ne voulons pas nous avouer à nous-même celui qu’on lui donne. Peut-être le correcteur, distrait, aura-t-il passé une ligne ; nous-même, peut-être, aurons-nous oublié quelques mots ; mais ce qu’il y a de certain, c’est que d’aucune manière nous n’avons voulu mal parler de l’homéopathie : nos amis n’ont pu s’y méprendre, ils savent trop ce que nous devons à la médecine nouvelle pour croire que nous ayons jamais eu l’idée de rire à ses dépens. D’ailleurs, ce ne sont pas les homéopathes que l’on accuse de tuer leurs malades : leur poudre blanche, dit-on, n’est autre chose que du sucre râpé ; or le sucre râpé et même le sucre en morceaux n’a jamais passé pour être un poison dans aucun pays. Quand vous répondez aux incrédules : « Mais ce sucre râpé m’a guéri, » vous les voyez sourire de pitié : « Ce n’est pas la poudre, répondent-ils, qui vous a guéri ; c’est le régime qu’on vous a fait suivre : on vous défend tout ce qui pourrait vous irriter, on vous prescrit la nourriture la plus saine, on vous ordonne de faire beaucoup d’exercice, d’éviter