ce que nous avons compris : la découverte, c’est le moyen de fixer l’image ; ainsi vous obtenez par le reflet un portrait fidèle du pont des Arts, par exemple ; vous tenez votre pont des Arts, bien ; vous êtes content, point du tout ; un mari et sa femme passent sur le pont, et sans le savoir ils effacent votre dessin. Prenez donc garde, monsieur ; vous gênez l’artiste qui est là-haut à sa fenêtre.
Vraiment cette découverte est admirable, mais nous n’y comprenons rien du tout : on nous l’a trop expliquée.
LETTRE TROISIÈME.
Encore une semaine toute politique. Jusqu’à présent la politique seule a fait les frais du carnaval, et c’est justice ; elle nous doit bien au moins quelques distractions en dédommagement des fêtes dont elle nous prive. La situation actuelle jette un si grand trouble dans les esprits, qu’elle retarde l’essor des plaisirs. On s’agite dans le vague, on ne sait si l’on aura demain à s’affliger ou à se réjouir, si l’on sera vainqueur ou vaincu ; on se regarde, on s’écoute… Les ministres disent : « Attendons ; dans quelques jours nous ne serons peut-être plus ici… » Les prétendants se disent : « Attendons ; dans quelques heures nous serons ministres, et alors… » Alors toute leur existence sera changée ; et, d’un commun accord, sans cependant s’être entendus pour cela, prétendants et ministres ajournent leurs invitations à dîner. En effet, quelle différence : être ministre ou n’être plus ministre, to be or not to be ! cela change tout ; cela change le dîner quelquefois, et toujours les convives. Que de grands personnages M. Thiers, par exemple, va oser reprier à dîner, s’il revient au ministère ! que de bavards malappris M. Molé, au contraire, ne réinvitera pas, s’il n’y est plus ! L’un prendra tout naturellement la société de l’autre.
On ne sait pas assez la différence qu’il y a de nos jours