Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/166

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tum et protocole, se stipulera, par l’entrelacement des intérêts, le traité de paix universelle.

Comment se fait-il donc que les socialistes, dans leur amour de l’humanité, ne travaillent pas avec nous à l’œuvre de la liberté, qui n’est au fond que l’affranchissement et la réhabilitation du travailleur ? — Le dirai-je ? C’est que, lancés à la poursuite d’organisations imaginaires, ils ont trop dédaigné d’étudier l’organisation naturelle, telle qu’elle résulte de la liberté des transactions. Que M. Vidal me permette de le lui dire : je crois sincèrement qu’il condamne l’économie politique sans l’avoir suffisamment approfondie. J’en trouve quelques preuves dans ses lettres à la Presse.

Adoptant la distinction favorite de ce journal, M. Vidal ferait bon marché de la protection agricole et métallurgique, et voici pourquoi :

« Une simple modification dans les tarifs peut jeter la perturbation dans l’industrie manufacturière. À la différence des produits agricoles et des produits des mines, les produits manufacturés peuvent être multipliés indéfiniment… Ici donc il faut opérer avec une prudence extrême. »

Toujours des subtilités pour échapper à la grande loi de justice.

Et ces subtilités, quelle valeur ont-elles en elles-mêmes ?

Faites-nous donc la grâce de nous dire comment on peut multiplier indéfiniment le drap, produit manufacturé, sans multiplier indéfiniment la laine, produit agricole ? Comment expliquez-vous que la production du fil et de la toile puisse être illimitée, si celle du lin est forcément bornée ? Le contraire serait plus vrai. La laine étant la matière dont le drap est fait, on peut concevoir qu’il se produise plus de laine que de drap, mais non assurément plus de drap que de laine. Et voilà par quels raisonnements on justifie l’inégalité devant la loi !