Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/252

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les parents. (Rires.) Cependant, soyez tranquille. Nous ne voulons pas vous faire perdre la vue, mais vous la rendre. Nous n’avons pas parlé de transition, parce que cela ne nous regarde pas, c’est l’affaire de l’oculiste. Il fallait bien vous décider à l’appeler. Nous n’étions préoccupés que de combattre votre égarement. Une fois cela obtenu, nous laisserons faire l’opérateur, pourvu toutefois qu’il ne s’entende pas avec votre perfide conseiller, et ne vous laisse pas un bandeau sur les yeux toute votre vie, sous prétexte de ménager la transition. (Éclats de rires.)

L’aveugle fut convaincu, se laissa opérer, et la transition ne fit aucune difficulté ; car malgré tous les raisonnements du concurrent, qui ne cessait de crier : « N’ôtez pas le bandeau ou tout est perdu, » le malade était le premier à demander la lumière. (Très-bien ! très-bien !)

Ce petit conte, messieurs, me semble assigner assez fidèlement le rôle de chacun dans le grand débat qui nous occupe. Le pauvre aveugle, c’est le peuple, qui a perdu une faculté précieuse, ce qui l’oblige à plus de travail. Le faux ami, ce sont les théoriciens de la protection, qui, après avoir cherché à persuader au peuple qu’il était trop heureux d’être privé d’une faculté, et ne pouvant plus tenir ce terrain, lui font peur maintenant de la transition. Les vrais amis du peuple, c’est l’Association, qui croit n’avoir autre chose à faire qu’à le tirer de son erreur, bien convaincue qu’il exigera ensuite de lui-même la liberté des échanges. L’opérateur, c’est le gouvernement, et l’Association n’a rien à démêler avec lui, si ce n’est de veiller à ce qu’il ne se coalise pas avec le conseiller perfide, auquel cas elle dirait au malade : Adressons-nous à un autre ; il n’en manque pas. (Rires et bravos.)

L’hilarité générale interrompt un moment la séance.

La seconde parabole de M. Bastiat avait pour but une démonstration économique assez difficile, l’orateur a triomphé de son sujet avec un