Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/26

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à quelque autre. Dans ce cercle étroit, le problème serait insoluble et le statu quo éternel. C’est ce qu’ils veulent. Laissez-nous donc suivre les conséquences de la protection jusqu’à l’effet définitif, qui est un mal général.

Et puis, ne faites-vous pas trop bon marché de l’intelligence du pays ? À vous entendre, on croirait nos concitoyens incapables de lier deux idées. Nous avons d’eux une autre opinion, et c’est pourquoi nous continuerons à nous adresser à leur raison.

Les prohibitionnistes aussi en veulent beaucoup aux généralités. Que trouve-t-on dans leurs journaux, au rang desquels le Constitutionnel vient de s’enrôler ? d’interminables déclamations contre le raisonnement. Il faut que ces messieurs en aient bien peur.

Vous voulez des faits, messieurs les prohibitionnistes, rien que des faits ; eh bien ! en voici :

Le fait est que nous sommes trente-cinq millions de Français à qui vous défendez d’acheter du drap en Belgique, parce que vous êtes fabricants de drap.

Le fait est que nous sommes trente-cinq millions de Français à qui vous défendez de faire les choses contre lesquelles nous pourrions acheter du drap en Belgique. — Il est vrai que ceci sent un peu la généralité, car il faut raisonner pour comprendre que cette seconde prohibition est impliquée dans la première. — Revenons donc aux faits.

Le fait est que vous avez introduit dans la loi dix-huit prohibitions de ce genre.

Le fait est que ces prohibitions sont bien votre œuvre, car vous les défendez avec acharnement.

Le fait est que vous avez fait charger le fer et la houille d’un droit énorme, afin d’en élever le prix, parce que vous êtes marchands de fer et de houille.

Le fait est que, par suite de cette manœuvre, les actions de vos mines ont acquis une valeur fabuleuse, à tel point