Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’il est tel d’entre vous qui ne les céderait pas pour dix fois le capital primitif.

Le fait est que le salaire de vos ouvriers n’a pas haussé d’une obole ; d’où il est permis d’inférer, si vous voulez bien nous permettre cette licence, que, sous prétexte de défendre le salaire des ouvriers, vous défendez vos profits.

Or, ces faits, d’ailleurs incontestables, sont-ils conformes à la justice ? Vous aurez bien de la peine à le prouver sans raisonner… et même en déraisonnant.


5. — D’UN PLAN DE CAMPAGNE PROPOSÉ À L’ASSOCIATION DU LIBRE-ÉCHANGE.
14 Novembre 1847.


Quelques-uns de nos amis, dans un but louable, nous avertissent que, selon eux, nous manquons de tactique et de savoir-faire.

« Nous pensons comme vous, disent-ils, que les produits s’échangent contre des produits ; qu’on ne doit d’impôt qu’à l’État, etc., etc. » Mais, en poursuivant ces idées générales, pourquoi provoquer à la fois toutes les résistances et la coalition de tous les abus ? Que ne profitez-vous du grand exemple de la Ligue anglaise ? Elle s’est bien gardée de sonner l’alarme et d’ameuter contre elle tous les intérêts, en menaçant le principe même de la protection ; elle a sagement fait un choix et appelé au combat un seul champion, clef de voûte du système, et, cette pièce une fois tombée, l’édifice a été ébranlé.

Voilà bien, ce nous semble, ce que répétait dernièrement encore, dans une occasion solennelle, l’honorable président de la chambre de commerce du Havre. Peut-être aussi est-ce la pensée de quelques hommes d’État, gémissant en secret dans leur servitude, dont ils ne seraient pas