Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

compromis, je le retrouverai en frappant sur le peuple d’autres impôts ? »

Messieurs, ne voyez-vous pas qu’entre cette taxe prohibitive et la taxe actuelle il y a toute l’épaisseur d’un principe, puisque, dans le premier cas, on déplore que la taxe restreigne les relations épistolaires, et que, dans le second, on a, au contraire, pour but systématique de détruire ces relations ?

Et c’est là le caractère que nous combattons dans la douane. Elle restreint, elle prohibe, non point pour un objet particulier, comme de créer des ressources au trésor, mais, au contraire, elle sacrifie le trésor par l’exagération des taxes, et même par la prohibition, dans le but avoué, intentionnel, systématique, d’empêcher des échanges. En tant qu’elle agit ainsi, elle se fonde donc très-expressément sur le principe antisocial de la restriction. Elle cherche la restriction pour la restriction même, la considérant comme bonne en soi, et même comme si bonne, qu’elle vaut la peine d’un sacrifice de revenu. C’est à ce principe que nous opposons le principe de la liberté.

On cherche encore à prévenir, à épouvanter le public de ce que nous voulons, à ce qu’on assure, passer sans transition d’un système à l’autre. Quelle niaiserie ! Et jusqu’à quand la France sera-t-elle dupe de ces manœuvres stratégiques des gens qui exploitent la restriction ?

Tout ce que nous voulons, c’est faire comprendre à l’opinion que le principe de la liberté est juste, vrai et avantageux, — et que celui de la restriction est inique, faux et nuisible.

Nous n’avons jamais dit, nous ne dirons jamais que lorsqu’on est engagé dans une fausse voie, il faut franchir d’un bond la distance qui nous sépare de la bonne. Nous disons qu’il faut faire volte-face, revenir sur ses pas, et marcher vers l’orient au lieu de continuer à marcher vers le couchant.