— Ah ! j’y suis : à procurer du travail au laboureur.
— Vous y êtes en effet. Voilà un autre principe.
— Diantre ! je ne croyais pas qu’il fût si facile de faire des principes. J’en dis un à chaque mot.
— N’est-il pas vrai que tous les produits imaginables ont les deux genres d’utilité que vous venez d’assigner au blé ?
— Que voulez-vous dire ?
— À quoi sert la houille ?
— À nous fournir de la chaleur, de la lumière, de la force.
— Ne sert-elle pas à autre chose ?
— Elle sert encore à procurer du travail aux mineurs, aux voituriers, aux marins.
— Et le drap n’a-t-il pas deux espèces d’utilité ?
— Si fait. Il garantit du froid et de la pluie. De plus, il donne du travail au berger, au fileur, au tisseur.
— Pour vous prouver que vous avez bien réellement émis deux principes, permettez-moi de les revêtir d’une forme générale. Le premier dit : Les produits sont faits pour être consommés ; le second : Les produits sont faits pour être produits.
— Voilà que je recommence à comprendre un peu moins.
— Je vais donc varier le thème :
Premier principe : L’homme travaille pour consommer.
Second principe : L’homme consomme pour travailler.
Premier principe : Le blé est fait pour les estomacs.
Second principe : Les estomacs sont faits pour le blé.
Premier principe : Les moyens sont faits pour le but.
Second principe : Le but est fait pour les moyens.
Premier principe : Le laboureur laboure afin qu’on mange.
Second principe : On mange afin que le laboureur laboure.
Premier principe : Les bœufs vont devant la charrette.
Second principe : La charrette va devant les bœufs.