Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/486

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peser ceux qui restent sur la classe qui peut le mieux les supporter, on ne ferait qu’exprimer nos vœux. Mais cela est trop simple pour des organisateurs ; c’est bon pour des économistes.

Ce qu’on veut, c’est que tout Français soit bien pourvu de toutes choses. On a annoncé d’avance que l’État garantissait le bien-être à tout le monde ; et la question est de savoir s’il y a moyen de presser assez la classe riche, en faveur de la classe pauvre, pour atteindre ce résultat.

Poser la question, c’est la résoudre ; car, pour que tout le monde ait plus de pain, de vin, de viande, de drap, etc., il faut que le pays en produise davantage ; et comment pourrait-on en prendre à une seule classe, même à la classe riche, plus que toutes les classes ensemble n’en produisent ?

D’ailleurs, remarquez-le bien : il s’agit ici de l’impôt. Il s’élève déjà à un milliard et demi. Les tendances que je combats, loin de permettre aucun retranchement, conduisent à des aggravations inévitables.

Permettez-moi un calcul approximatif.

Il est fort difficile de poser le chiffre exact des deux classes ; cependant on peut en approcher.

Sous le régime qui vient de tomber, il y avait 250 mille électeurs. À quatre individus par famille, cela répond à un million d’habitants, et chacun sait que l’électeur à 200 francs était bien près d’appartenir à la classe des propriétaires malaisés. Cependant, pour éviter toute contestation, attribuons à la classe riche, non-seulement ce million d’habitants, mais seize fois ce nombre. La concession est déjà raisonnable. Nous avons donc seize millions de riches et vingt millions sinon de pauvres, du moins de frères qui ont besoin d’être secourus. Si l’on suppose qu’un supplément bien modique de 25 cent. par jour est indispensable pour réaliser des vues philanthropiques plus bienveillantes qu’éclairées, c’est un impôt de cinq millions par jour ou