Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/491

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multiplication des fonctions de développer cette ardeur effrénée pour les places qui, en elle-même et par ses conséquences, est la plus grande plaie des temps modernes. Mais l’espace me manque, et je confie ces considérations à la sagacité du lecteur.

Je ne puis m’empêcher, cependant, de considérer la question au point de vue de la situation particulière où la révolution de Février a placé la France.

Je n’hésite pas à le dire : si le bon sens du peuple, si le bon sens des ouvriers ne fait pas bonne et prompte justice des folles et chimériques espérances que, dans une soif désordonnée de popularité, on a jetées au milieu d’eux, ces espérances déçues seront la fatalité de la République.

Or elles seront déçues, parce qu’elles sont chimériques. Je l’ai prouvé. On a promis ce qu’il est matériellement impossible de tenir.

Quelle est notre situation ? En mourant, la monarchie constitutionnelle nous laisse pour héritage une dette dont l’intérêt seul grève nos finances d’un fardeau annuel de trois cents millions, sans compter une somme égale de dette flottante.

Elle nous laisse l’Algérie, qui nous coûtera pendant longtemps cent millions par an.

Sans nous attaquer, sans même nous menacer, les rois absolus de l’Europe n’ont qu’à maintenir leurs forces militaires actuelles pour nous forcer à conserver les nôtres. De ce chef, c’est cinq à six cents millions à inscrire au budget de la guerre et de la marine.

Enfin, il reste tous les services publics, tous les frais de perception, tous les travaux d’utilité nationale.

Faites le compte, arrangez les chiffres comme vous voudrez, et vous verrez que le budget des dépenses est inévitablement énorme.

Il est à présumer que les sources ordinaires des recettes