Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/80

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à la fin de sa journée, son chétif salaire contre du pain étranger, que vous n’avez celui de l’en empêcher pour votre avantage. Si vous le faites, c’est de l’oppression dans toute la force du mot ; c’est de la spoliation légale, la pire de toutes. — On parle de la responsabilité du pouvoir. Ce n’est pas à nous de l’en exonérer. Mais nous disons que la plus grande part de responsabilité pèse sur les législateurs-propriétaires. Que la famine se prolonge ; et, si parmi tous les ouvriers de France, il en est un seul qui succombe pour n’avoir pu acheter, avec son salaire, autant de pain qu’il l’eût fait sous un régime libre, qui donc, nous le demandons, devra compte de cette vie ?

Non, cette terreur pusillanime ne peut durer. Il est par trop absurde et insultant de dire aux Français : « Nous voyons le mal qui vous menace, c’est la cherté du pain. Il n’y a qu’un remède possible, c’est la libre entrée du blé étranger. Mais, pour réclamer cette liberté, il faut parler du danger, et vous n’avez pas assez de courage pour qu’on parle, devant vous, même de dangers éventuels. Donc nous n’en parlerons pas ; nous ne souffrirons pas qu’on en parle. Que les autres peuples aillent faire leurs approvisionnements, le commerce français doit rester dans l’oisiveté ; parce que le seul fait d’aller chercher du blé, pour apaiser votre faim, troublerait votre quiétude. »


13. — DE LA LIBRE INTRODUCTION DU BÉTAIL ÉTRANGER.


14 Mars 1847.


La Belgique vient de suspendre le droit d’entrée sur le bétail.

Ainsi, à l’heure qu’il est les Belges, les Anglais, les Suisses, ont le droit de se livrer à tout travail national qui trouve à s’échanger contre de la viande étrangère.