Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/96

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M. Ducos est venu ensuite. Il a déployé du talent. Mais ce n’est pas ce dont il faut le plus le louer. Sachons apprécier surtout son courage et son désintéressement. Il faut du courage pour faire retentir le mot liberté au sein d’une Chambre et en face d’un pays presque exclusivement hostiles. Il faut du désintéressement pour rompre en visière avec le parti qui seul peut vous ouvrir l’accès du pouvoir, et dans une cause qui seule peut vous le fermer.

Que dirons-nous de M. Corne ? Il a défendu le régime protecteur avec un accent de conviction qui atteste sa sincérité. Mais plus M. Corne est sincère, plus il est à plaindre, puisque sa logique l’a conduit à ces affligeantes conclusions : La liberté est antipathique à l’égalité, et la justice au bien-être.

M. Wustemberg a paru vouloir se poser, dès le début, en homme pratique, c’est-à-dire dégagé de tout principe absolu, partisan tour à tour, selon l’occurrence, de la liberté et de la protection. — Nous avons d’abord été surpris de cette profession d’absence de foi. Ce n’est pas que nous ignorions le vernis de sagesse et de modération qu’elle donne. Comment révoquer en doute la supériorité de l’homme qui juge tous les partis, se préserve de toute exagération, discerne le fort et le faible de toute théorie ? — Mais ces praticiens ont beau dire, si la restriction est mauvaise en soi, tout ce qu’on peut concéder à la restriction modérée, c’est d’être modérément mauvaise. Aussi nous avons été heureux d’apprendre, quand M. Wustemberg a développé sa pensée, qu’il condamne le principe de la protection, qu’il avoue le principe de la liberté et que sa modération doit s’entendre du passage d’un système à l’autre. (V. ci-après le n° 50.)

Il y aurait peu d’utilité à passer en revue tous les discours qui ont occupé trois séances. Je me hâte d’arriver à celui qui a fait, sur l’assemblée et le public, l’impression la plus