Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/315

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La conséquence ne s’est pas fait longtemps attendre :


« Sous le premier rapport, la rente est un monopole. C’est une restriction à l’usufruit des dons que le Créateur a faits aux hommes pour la satisfaction de leurs besoins. Cette restriction n’est juste qu’autant qu’elle est nécessaire pour le bien commun. »


Quelle ne doit pas être la perplexité des bonnes âmes qui se refusent à admettre que rien soit nécessaire qui ne soit juste ?

Enfin Scrope termine par ces mots :


« Quand elle dépasse ce point, il la faut modifier en vertu du principe qui la fit établir. »


Il est impossible que le lecteur n’aperçoive pas que ces auteurs nous ont menés à la négation de la Propriété, et nous y ont menés très-logiquement en partant de ce point : le propriétaire se fait payer les dons de Dieu. Voici que le fermage est une injustice que la Loi a établie sous l’empire de la nécessité, qu’elle peut modifier ou détruire sous l’empire d’une autre nécessité. Les Communistes n’ont jamais dit autre chose.


Senior. « Les instruments de la production sont le travail et les agents naturels. Les agents naturels ayant été appropriés, les propriétaires s’en font payer l’usage, sous forme de Rente, qui n’est la récompense d’aucun sacrifice quelconque, et est reçue par ceux qui n’ont ni travaillé ni fait des avances, mais qui se bornent à tendre la main pour recevoir les offrandes de la communauté. »


Après avoir porté ce rude coup à la propriété, Senior explique qu’une partie de la Rente répond à l’intérêt du capital, puis il ajoute :


« Le surplus est prélevé par le propriétaire des agents naturels, et forme sa récompense, non pour avoir travaillé ou épargné, mais simplement pour n’avoir pas gardé quand il pouvait garder, pour avoir permis que les dons de la nature fussent acceptés. »