Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/400

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Dans cette première partie de l’œuvre, hélas ! trop hâtive, que je soumets au public, je me suis efforcé de tenir son attention fixe sur la ligne de démarcation, toujours mobile, mais toujours distincte, qui sépare les deux régions du monde économique : — La collaboration naturelle et le travail humain, — la libéralité de Dieu et l’œuvre de l’homme, — la gratuité et l’onérosité, — ce qui dans l’échange se rémunère et ce qui se cède sans rémunération, — l’utilité totale et l’utilité fractionnelle et complémentaire qui constitue la Valeur, — la richesse absolue et la richesse relative, — le concours des forces chimiques ou mécaniques, contraintes d’aider la production par les instruments qui les asservissent, et la juste rétribution due au travail qui a créé ces instruments eux-mêmes — la Communauté et la Propriété.

Il ne suffisait pas de signaler ces deux ordres de phénomènes, si essentiellement différents par nature, il fallait encore décrire leurs relations, et, si je puis m’exprimer ainsi, leurs évolutions harmoniques. J’ai essayé d’expliquer comment l’œuvre de la Propriété consistait à conquérir pour le genre humain de l’utilité, à la jeter dans le domaine commun, pour voler à de nouvelles conquêtes, — de telle sorte que chaque effort donné, et, par conséquent, l’ensemble de tous les efforts — livre sans cesse à l’humanité des satisfactions toujours croissantes. C’est en cela que consiste le progrès, que les services humains échangés, tout en conservant leur valeur relative, servent de véhicule à une proportion toujours plus grande d’utilité gratuite et, partant, commune. Bien loin donc que les possesseurs de la valeur, quelque